Lettre ouverte au Peuple congolais
“L’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts” Barack Obama, Président des États-Unis d’Amérique (2008 - 2016)
Par Joël Asher Lévy-Cohen
Peuple congolais,
Le 24 novembre 1965, le lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu, stratégiquement appuyé par des forces colonialistes et impérialistes, arracha le pouvoir politique, à la faveur d'un putsch militaire orchestré par l'ancienne puissance coloniale, la Belgique, et ses alliés de l'OTAN, au premier rang desquels les États-Unis d'Amérique sous le président démocrate Lyndon Baines Johnson. Ayant brutalement mis en quarantaine l'expérience politique et démocratique pour une durée indéterminée, ce coup d'État était, à vrai dire, destiné à démanteler le régime politique et institutionnel issu de la fameuse constitution de Luluabourg du 1er août 1964. Celle-ci instituait, en réalité, un régime confédéral directement orienté vers le développement collectif et le progrès individuel.
Cette subversion des institutions politiques et démocratiques qui fut, par essence, un véritable acte de rébellion soutenu par de puissants intérêts ‘‘anticongolais’’, était, en fait, destinée à poursuivre l'entreprise de pillage économique de la République démocratique du Congo. Aussi était-elle destinée à exterminer systématiquement et automatiquement la population nationale par une gestion déficitaire et chaotique. Et, in fine, la mission primordiale poursuivie par ce putsch armé consistait à combattre l'idéologie communiste dans l'optique de la guerre froide issue de l’ordre bipolaire de Yalta.
Afin de trucider la démocratie héritée de la Ière république incarnée politiquement par le président Joseph Kasa-Vubu, – c'est-à-dire dans le but d’asseoir la dictature qui eut pour effet de reculer le pays à des années-lumière du développement économique et du progrès social –, le lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu institua, en réalité, un système opaque dans lequel il était un organe à part entière. Donc, placé au cœur du régime, il y était, politiquement, une véritable institution d'État. Pour verrouiller le pouvoir politique, il décréta le Mouvement populaire de la révolution (MPR) parti unique lors du fameux congrès d'octobre 1971. C’est cette fameuse réunion qui décida du changement de nom du pays, des collectivités locales et des personnes physiques – au détriment de la Toute-puissante Église catholique -.
Ce dirigeant politico-militaire, très rapidement mué en despote autoritaire, éleva au rang de doctrine nationale le fameux discours de l'Authenticité. Celui-ci était, en fait, une véritable stratégie de confiscation du pouvoir. Cela est d’autant plus vrai qu’il excluait la participation de toute force et de toute personnalité indépendante au jeu politique préalablement ‘‘défini’’ et ‘‘encadré’’ par le régime en vigueur, et qui plus est expurgé de toute notion de compétition politique et de concurrence idéologique.
Peuple Congolais,
En 1974, le général-président Mobutu Sese Seko du Zaïre institutionnalisa le MPR Parti-État. Cette transformation politique et institutionnelle constitua, en vérité, le point d'achèvement de son accaparement définitif du pouvoir d'État. Ainsi, le Zaïre devint une entreprise privée relevant exclusivement du domaine privé du Maréchal léopoldien Mobutu Sese Seko.
En tant que propriété privée ‘‘mobutiste’’, le pays était manifestement géré par une cohorte d'administrateurs au profil somme toute esclavagiste. L’État était administré par des individus au comportement servile. Leurs réflexes gestionnaires étaient, tout à fait, proches de l’attitude d'un domestique vis-à-vis de son maître tout-puissant. Par conséquent, toutes les richesses de la Nation échappaient au regard du Trésor public. Celles-ci servaient à renflouer la cassette personnelle du chef de l'État. Cependant, les miettes précipitamment ramassées dans la mangeoire publique constituaient, à titre de prime de dévotion au Maréchal Gargantua du Zaïre, le maigre ‘‘butin’’ dévolu à des collaborateurs gloutons, évidemment prêts à asservir – [et donc saigner] – la collectivité publique.
Peuple congolais,
Le 24 avril 1990, le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre, d’ailleurs fort connu pour sa brutalité et sa cruauté, ses monstruosités et ses atrocités, décida, et ce après vingt-cinq ans de pouvoir arbitraire, de règne sans partage, d'engager finalement le pays sur la voie salutaire de l'ouverture politique et multipartite. Grâce à la double pression populaire et internationale, le tyran décréta la fin du monopole dirigeant du MPR en tant que parti unique et Parti-État. Cette amende honorable constituait, à juste titre, le plus grand crédit politique de Mobutu sur la scène nationale. En effet, ce dernier avait reconnu très ouvertement, et de son vivant, l’échec de sa famille politique qui, pour des raisons inavouées, n’a jamais pu mettre en œuvre son projet de société, d’ailleurs connu sous le nom de Manifeste de la N’Sele.
Par ce geste qui ne pouvait nullement passer inaperçu et, par cette volonté politique non moins teintée d'amertume, ce ‘‘père Ubu de la jungle’’ ouvrit, malheureusement, étroitement, la voie à un régime politique et institutionnel dont les lignes de force auraient normalement dû être la liberté et la démocratie, la justice et l'équité, la paix et la sécurité, le respect scrupuleux des droits de la personne humaine. Malgré cette timide ouverture de la part du despote agissant comme un vieux félin en quête de proie, un immense espoir naquit tout de même au sein de la population nationale. D’ailleurs, celle-ci rêvait journellement d'un système politique mettant abruptement fin à la dilapidation de l'État par ses propres dirigeants, à l'écrasement de la Nation par ses propres représentants, à l'appauvrissement de la collectivité publique par le gouvernement, à l’étouffement du citoyen par ses propres autorités.
Ayant perdu toute légitimité politique et populaire, ainsi que toute reconnaissance internationale, le Maréchal-président Mobutu Sese Seko du Zaïre, d'ailleurs aux abois[i], se résolut à prolonger de manière artificielle la survie déjà entamée de son régime vermoulu et agonisant. Pour ce faire, il manigança, les 21 et 22 septembre 1991, - et ce de la manière dont il a seul le secret -, des pillages visiblement meurtriers. Cette stratégie de désespoir servait en principe à tuer dans l'œuf la ''Conférence nationale souveraine'' que l'ensemble de la population appelait, pourtant, de tous ses vœux.
Force est de constater que Mobutu voulait surtout imprimer à ce vaste forum national tant attendu une dimension constitutionnelle en vue de faire l'économie du déballage de ses forfaits. Donc, son obsession consistait à réaliser l’économie du procès de son régime corrompu et assassin. Toutefois, l'Opposition politique et démocratique voulait cette Conférence nationale à tout prix ''souveraine'' dans le but de liquider le système mobutien à l'image d'un tribunal de commerce qui décrète dans son jugement la mort d'une entreprise tombée en faillite.
Ainsi, pour sauvegarder son régime complètement évanescent et déplumé, Mobutu téléguida, par l'entremise de ses sous-fifres, et ce depuis le fameux yacht présidentiel ''Kamanyola''[ii], des émeutes tant alimentaires qu'insurrectionnelles. Dans la panique de perdre le pouvoir qu’il chérissait tant, ce dirigeant prit cette initiative désespérée dans le seul et unique but d'attribuer à ce forum national ''salutaire'' la responsabilité du chaos et de l'anarchie au sein de la collectivité. Ce qui lui aurait, par conséquent, permis de revigorer le mythe pacificateur et sécuritaire de son pouvoir, pourtant, de nature répressive et autocratique.
Il importe de souligner que ces évènements provoqués par des soldats subversifs[iii], nécessitèrent l'intervention armée de la France afin de retarder la chute - pourtant imminente voire ardemment souhaitée par le peuple - du Maréchal honni. Ceux-ci occasionnèrent ensuite des négociations politiques entre la dictature et l'Opposition, lesquelles se soldèrent par les accords du Palais de Marbre. Ces pourparlers mirent en place le gouvernement de salut public dirigé par nul autre que le juriste Étienne Tshisekedi wa Mulumba (de l'UDPS), dont l'action politique et administrative fut rapidement neutralisée par les tenants du statu quo ante (Bernardin Mungul Diaka).
[i] Mobutu Sese Seko était continuellement sur la défensive. Il était, constamment, acculé par la trop forte pression du camp démocratique et du mouvement politique et citoyen gravitant autour de l'incontournable UDPS.
[ii] Ce bateau présidentiel était devenu contre toute attente, à cette époque trouble, sa résidence flottante sur le fleuve Zaïre et même son bureau de travail.
[iii] Ces soldats miséreux s’étaient plutôt rebellés contre une hiérarchie militaire marchande. Celle-ci était évidemment déconnectée des réalités autant nationales qu’internationales.
Peuple congolais,
Point n'est besoin de passer sous silence les sanglantes répressions des 16 février et 1er mars 1992. Ces deux journées dont la mémoire encore vive a, très certainement, laissé des plaies béantes et incurables, des cicatrices irréparables, la République du Zaïre, en tant qu'entreprise tyrannique substantiellement fondée sur l'extermination systématique et automatique de la population et la destruction de la collectivité publique, connut d’abominables massacres politiques. Ceux-ci furent, par leur ampleur et leur gravité, qualifiés par des experts de crimes contre l'humanité. S'abattant comme un rouleau compresseur sur des foules de manifestants, pourtant, pacifiques voire sans défense, ces violentes exactions commises par la soldatesque mobutiste, lesquelles étaient, en réalité, dignes de vandales et barbares d'un autre âge, ont été initiées par le délire paranoïaque du Maréchal–dictateur zaïrois. Aussi étaient-elles été initiées par le goût sanguinaire de quelques collaborateurs véreux qui n'étaient manifestement plus dans l'air du temps.
Si Mobutu Sese Seko en était sans l’ombre de doute le maître de l'ouvrage, il y a lieu de souligner que le gouvernement, d’ailleurs, dirigé par le diplomate de carrière Jean de Dieu Nguz-a-Karl I Bond en était manifestement sur le terrain le maître d'œuvre. Sans oublier Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba, dit ‘‘Terminator’’, dans le rôle peu enviable et peu reluisant de superviseur du chantier macabre. Toutes ces répressions déchaînèrent un concert de protestations politiques et diplomatiques à travers le monde. Elles occasionnèrent, aussi, la reprise des travaux de la Conférence nationale souveraine (CNS) que Mobutu et ses sbires du MPR cherchaient par tous les moyens à enterrer définitivement.
Malgré la reprise des travaux de la CNS, sous une deuxième version présidée par le prélat, Mgr Laurent Mosengwo wa Pasinya de l’archevêché de Kisangani[i], Mobutu Sese Seko n’abandonna point ses vieux réflexes autoritaires et tyranniques. Toute honte bue, foulant aux pieds l’acte portant dispositions constitutionnelles de la période de Transition du 4 août 1992, ce tyran-né neutralisa sans états d’âme le gouvernement d’union nationale. Celui-ci fut dirigé par la figure de proue de la lutte démocratique et emblématique de l’Opposition politique Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Par cette neutralisation politique d’ailleurs qualifiée de coup d’État, il nomma illégalement le gouvernement décrié de Faustin Birindwa. Cet opposant politique de complaisance et de compromission dut très rapidement céder le tablier à un autre fossoyeur de l’État, l’ultralibéral Léon Lubitch, dit Kengo wa Dondo.
Il convient de mentionner que cette boulimie du Maréchal-despote zaïrois Mobutu Sese Seko de paralyser toutes les institutions politiques et démocratiques issues de la CNS a été indéniablement favorisée par la complicité évidente du prélat-président du Haut conseil de la République (HCR). La crise politique qui s’ensuivit, fit finalement le lit de la rébellion politique et militaire de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL). Cette armée de mercenaires fut financée autant par des cartels de la drogue que de différents réseaux maffieux (tchétchène, ukrainien, pakistanais, colombien, libanais).
Peuple congolais,
Le 17 mai 1997, le guérillero malawite Laurent-Désiré Kabila, adoubé par de puissants intérêts maffieux, renvoya au musée de l'histoire nationale, et ce de manière fort peu élégante, la présidence autocratique du Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre. Il réussit ce coup de force avec le soutien logistique de nombre de pays de la coalition de conscience africaine dont l'armature militaire fut essentiellement composée par la triade rwandaise, ougandaise et burundaise. Il sied de noter que celle-ci fut appuyée sur le terrain par des États nilotiques et des pays anglophones de l’Afrique orientale.
Force est de constater que cette fausse aventure révolutionnaire reçut effectivement, comme à l'accoutumée, la très sainte bénédiction de l'ancienne puissance coloniale, la Belgique. Aussi reçut-elle de manière sans équivoque l'appui technique et logistique, y compris l'onction diplomatique de la superpuissance américaine dans le sombre dessein de démembrer le territoire national. Tous ces appuis internationaux se justifiaient par le fait de perpétuer tous azimuts le pillage des ressources étatiques au détriment de la collectivité publique.
Comme par enchantement, cette soi-disant ''libération populaire'' se mua rapidement en croquemort du peuple, en geôlier de la Nation et en bourreau de la population. Étant donné que ses méthodes administratives et gouvernementales ne différaient guère des actions et atrocités du régime fantoche et réactionnaire précédent, cette révolution se transforma finalement en cauchemar pour l'ensemble de la collectivité. Confrontée aux pires exactions et violations des droits humains, celle-ci s'estima, en vérité, totalement ignorée et trahie par les apprentis sorciers au pouvoir.
En effet, la fameuse révolution pilotée par le mercenaire Laurent-Désiré Kabila fut en soi une véritable escroquerie politique de l’histoire nationale. Elle ne fut point destinée à libérer les Congolaises et les Congolais. Elle ne fut pas du tout destinée à libérer l'ensemble de la population d’une tyrannie somme toute brutale et visiblement anachronique. Celle-ci fut, à vrai dire, destinée à enfermer à nouveau tous les citoyens dans une immense prison à ciel ouvert.
À cet égard, il convient de mentionner que cette libération-prison a été, dès sa mise en orbite, parrainée par les mêmes puissants intérêts internationaux qui ont naturellement la réputation de sous-traiter le bâillonnement de la souveraineté populaire, le démantèlement de tout processus politique et démocratique menant directement à la sauvegarde ou la reviviscence de l’indépendance nationale. En fait, cette révolution factice permit plutôt à Laurent-Désiré Kabila de confisquer le pouvoir, de neutraliser la classe politique favorable à la démocratie susceptible de lui faire ombrage politiquement. Aussi lui permit-elle de museler, à la limite d'enterrer la démocratie, de brimer toutes les libertés publiques et, par voie de conséquence, de tuer tout rêve de justice et de liberté.
Contre toute attente, le vendredi 26 janvier 2001, le mercenaire Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M'Twale Christopher, [curieusement] devenu par mutation ethnique et tribale ''Joseph Kabila Kabange'', fut, de manière peu orthodoxe, imposé à la tête de l'État congolais par de puissants intérêts cryptocolonialistes et néolibéraux belges. D’ailleurs, cette imposture politique fut rendue possible grâce à la complicité manifeste des réseaux à la fois criminels et maffieux, terroristes et esclavagistes, racistes et négrophobes. Elle fut rendue évidente après avoir contribué à assassiner très lâchement le fameux condottiere postnationaliste et postlumumbiste, postléniniste et poststalinien, Mzee Laurent-Désiré Kabila[ii]. En effet, ce guérillero révolutionnaire s'était réellement retourné, tel un chien enragé, contre ses anciens parrains régionaux et tuteurs internationaux.
Comme si l'histoire se répétait au grand dam de la République démocratique du Congo, le jeune imposteur Kabila Junior reçut, sans tarder, la caution favorable de la Belgique et de l'Union européenne (UE), ainsi que l'appui incontestable des États-Unis d'Amérique (USA), et ce après avoir accepté de brader les richesses de la Nation. Les mêmes causes produisant très naturellement les mêmes effets nocifs, dévastateurs, cet État au cœur de l’Afrique n'a vraiment plus, depuis cet avènement frauduleux, cessé de végéter dans la misère et la pauvreté, de croupir dans l'insécurité et la violence. Bref, ce pays n'a cessé de vivre les violations criardes des droits fondamentaux de la personne humaine.
En effet, présentant le même visage hideux du kabilisme paternel et poursuivant la logique autoritariste de son beau-père révolutionnaire, Joseph Kabila Kabange n’a pas moins continué à museler l’espace politique et démocratique. Il a, à vrai dire, perpétué l’oppression des droits fondamentaux de la personne humaine et l’étouffement de la liberté de presse. Aussi a-t-il poursuivi, sans trop broncher, sans trop rechigner, l’étranglement de la souveraineté populaire, l’asphyxie de l’indépendance nationale ainsi que la stratégie de démembrement territorial de la République démocratique du Congo au profit exclusif des États agresseurs de la Nation, a fortiori pays limitrophes.
Peuple congolais,
Si, dans sa carrière monarchique, le Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre s'était avéré un professionnel de la menterie politique et un escobar patenté, tandis que Laurent-Désiré Kabila un démagogue invétéré et un marchand d'illusion hors pair, il n'en demeure pas moins que le général-major Joseph Kabila Kabange se serait, toutefois, révélé au fil des ans un vrai lascar, un véritable larron. Ce dirigeant tyrannique est, en effet, réputé ne pas tenir tous ses engagements ni toutes ses promesses. Ceci porte à penser qu'il est réellement sans foi ni loi. Il est foncièrement sans morale. Il agit, souvent, par instinct de survie. Il n'a jamais été pas guidé par une éthique de responsabilité. Ses agissements n'ont jamais été orientés par les principes de dignité et d’intégrité, de respectabilité et d’honorabilité. C'est-à-dire : ‘‘respect de soi’’, ‘‘respect du prochain’’, ‘‘respect de la nature et de l'environnement’’. Au plus haut niveau, ‘‘respect de Dieu et de sa Loi fondamentale’’.
Alors est-il vraiment étonnant de voir toutes les puissances étrangères farouchement opposées à l'émancipation congolaise s'appuyer sur un tel individu en vue d’accomplir leurs sombres desseins sur la République démocratique du Congo, dont la partition du pays ? Alors est-il vraiment étonnant de voir tous ces intérêts extérieurs s’évertuer à imposer au sommet de l’État-Nation le jeune soudard rwando-tanzanien dans le strict but de poursuivre l’entreprise de pillage léopoldien du pays ?
[i] Cette version de la CNS qui recueillait visiblement l’assentiment populaire culmina, d’ailleurs, avec l’élection de l’opposant historique Étienne Tshisekedi wa Mulumba à la primature de la République par des délégués du Peuple ainsi que des représentants de la Nation.
[ii] Laurent-Désiré Kabila, le pseudo-libérateur de la République démocratique du Congo, est en réalité le père adoptif de Joseph Kabila Kabange.
Peuple congolais,
Pourquoi êtes-vous interpellé par la Conscience nationale à démanteler, sans tarder, le présent régime politique et constitutionnel ?
La réponse est, à cet égard, sans équivoque. Elle ne souffre d’aucune interprétation fantaisiste : ‘‘Pour vivre entièrement libre et réellement digne’’. ‘‘Pour vivre comme de véritables êtres humains’’.
Par conséquent, sept raisons fondamentales militent en faveur de la liquidation totale de l’entreprise politique de Joseph Kabila Kabange :
1. La République démocratique du Congo sous le général-major Joseph Kabila Kabange est, par essence, une république de pillards, d'adeptes du grand banditisme. C’est en réalité un lieu de rendez-vous réservé aux prédateurs nationaux qui dilapident tous les biens publics et aux rapaces internationaux qui détournent systématiquement toutes les richesses nationales. Or, le Congo est un État indépendant qui se doit absolument de gérer l'ensemble de ses ressources au seul nom de la collectivité publique et au profit exclusif de ses propres citoyens pour leur essor matériel et intellectuel, ainsi que leur épanouissement moral et spirituel.
2. La République démocratique du Congo sous l'imposture despotique de Joseph Kabila Kabange demeure, à l'instar de la tyrannie du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre et de la pseudo-révolution armée de Mzee Laurent-Désiré Kabila, une entreprise génocidaire. Cette dernière tue la population au nom de l'esclavage économique imposé par des intérêts extérieurs au service du néolibéralisme meurtrier. Force est d'admettre que la législature actuelle ressemble à s'y méprendre à une association de malfaiteurs, à un véritable syndicat du crime organisé. Ce conglomérat de fossoyeurs de la Nation, à plus forte raison assassins de la liberté et de la démocratie, est composé de partisans du Lumumbisme historique, du Mulélisme martial et du Nationalisme hérité tout droit du mouvement indépendantiste des années soixante (Mouvement national congolais [MNC] de Patrice Emery Lumumba) : (les caciques du Parti lumumbiste unifié [PALU] d'Antoine Gizenga). Ce regroupement de génocidaires et geôliers regorge également des barons du Mouvement de libération du Congo [MLC] de l'homme d'affaires postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo, des jeunes loups de l'Union des démocrates mobutistes [UDEMO] de François-Joseph Nzanga Mobutu, bon nombre d’adhérents de l'Union des démocrates indépendants [UDI] de Léon Lubitch, dit Kengo wa Dondo, des pontifes du Mouvement populaire de la révolution [MPR] du Maréchal Mobutu Sese Seko. Par conséquent, quel est le véritable bilan de cette ‘‘alliance’’ des mercenaires et génocidaires du peuple congolais après maintes années de gestion politique commune ?
3. La République démocratique du Congo est un État. Qui dit État, dit intérêt général et non partisan ou particulier. Qui dit État, dit bien public ou commun. Qui dit État, dit domaine public et non propriété privée. Donc, la République démocratique du Congo n'est pas un bien privé relevant du domaine privé. Par conséquent, la famille biologique et directe de Joseph Kabila Kabange ne peut pas intervenir de loin ou de près dans les affaires publiques de l'État. Elle ne peut pas s'immiscer dans la gestion politique de la République démocratique du Congo. Alors, pourquoi Janet Kabila qui est la sœur aînée putative de Joseph, se permet-elle de foutre son nez dans les affaires publiques de l'État ? Au nom de quel principe républicain ou de quelle règle morale, doit-elle détenir une mine dont le propriétaire est en vérité l'État par-devers le peuple congolais ? Au nom de quel principe et de quelle morale publique, doit-elle entretenir une prison ‘‘privée’’ pour détenir des individus ? Au nom de quels principes et de quelle morale, Zoe Kabila, le frère tardillon de Joseph, doit-il impunément spolier les Congolaises et Congolais, les dépouiller de tous leurs biens et même les exécuter au vu et au su de tout le monde ? Au nom de quels principes Janet et Zoe Kabila sont-ils juridiquement inattaquables et inviolables ? Pourtant, la CNS avait rejeté, en 1992, le régime de privilèges, - au sens latin du terme ‘‘privata lege’’ (loi privée) -...
4. La République démocratique du Congo est un État. Qui dit État, dit ‘‘démocratie’’. Qui dit ‘‘démocratie’’, dit ‘‘pouvoir du peuple’’. Qui dit démocratie, dit ‘‘respect de la souveraineté populaire’’. Qui dit démocratie, dit respect de l'opposition politique. Celle-ci représente une fraction importante de la population et de l'opinion nationale. Alors, au nom de quel principe, Joseph Kabila Kabange doit-il bâillonner la population ? Au nom de quel principe, doit-il complètement museler l'opposition politique ? Au nom de quel principe doit-il brimer les libertés publiques, égorger la liberté de presse, étrangler les droits fondamentaux de la personne humaine ? Au nom de quelle morale doit-il opprimer celles et ceux qui réclament ouvertement la démocratie et la liberté, la justice et l'équité, la paix et la sécurité, le développement économique et le progrès social ?
5. Le République démocratique du Congo est ‘‘une’’ et ‘‘indivisible’’. Sous le régime despotique de Joseph Kabila Kabange, cet État au cœur de l'Afrique est devenu la proie facile des prédateurs internationaux et des rapaces locaux. Elle est devenue le jouet des seigneurs de guerre qui hypothèquent son intégrité physique et son avenir politique. Cet État factice a été morcelé en plusieurs micro-territoires à la tête desquels règnent, avec la connivence de puissants intérêts étrangers, des mercenaires de nationalités diverses, d’ailleurs chargés de rétrocéder le patrimoine minier national au grand capital monopolistique international.
6. Sous la colonisation belge, la République démocratique du Congo était un territoire quadrillé par la Force publique et l'administration coloniale, géré mentalement par des missionnaires de la foi chrétienne au service du capital monopolistique international. Ces apôtres de la spoliation avaient, normalement, pour mission de former des êtres dociles à l'ancienne puissance coloniale. Ces messagers de l'exploitation des richesses avaient pour mission de fabriquer des sujets serviles à l'entreprise coloniale. Toutefois, sous la dictature du Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko, le Zaïre fut une république de missionnaires de l'exploitation brutale dont l'objectif fondamental fut de maintenir le pays au service exclusif du pillage, d’engager le pays dans la lutte anticommuniste. Ces missionnaires mobutistes agissaient comme des braconniers. Ils vivaient du racket des biens publics et de l'arnaque de la population. Cette réalité se perpétue sous le régime ubuesque des Kabila Sr et Jr qui ont réussi à transformer la République démocratique du Congo en une république d'ONG dont l'esprit missionnaire consiste à maintenir le patient congolais dans un coma profond, dans un état végétatif. En effet, les nouveaux missionnaires kabilistes sont chargés d'inoculer dans les veines congolaises un puissant anesthésique qui paralyse totalement les forces ‘‘motrices’’ et ‘‘vitales’’ de la Nation. Ce sont des anesthésistes du sous-développement et du sous-progrès social.
7. Qui dit démocratie, dit forcément et logiquement ‘‘respect scrupuleux de la volonté populaire’’. Qui dit démocratie, dit nécessairement ‘‘souveraineté populaire’’. Qui dit démocratie, dit surtout respect des échéances électorales. Comme il est acquis que le régime despotique de Joseph Kabila Kabange ne respectera nullement les échéances électorales et, par conséquent, ne tiendra pas les scrutins en temps et lieu, il importe de le chasser immédiatement, sans tarder, du pouvoir. Il importe de défaire pour de bon son système corrompu, répressif et autoritariste. En effet, la plus grande force d’une véritable démocratie politique est le respect des échéances électorales. Il n’y a que les dictatures verrouillées, absolutistes, qui ne respectent pas sur le plan politique les dates de déroulement des scrutins prévus selon un chronogramme constitutionnel.
Peuple congolais,
Pour toutes les raisons susmentionnées, rien ne peut plus vraiment faire obstacle au démantèlement du régime incarné politiquement par le général-major Joseph Kabila Kabange et sa famille, ainsi que ses artisans et courtisans. Cela est d'autant plus vrai que la République démocratique du Congo est dotée d'immenses ressources minérales et naturelles, précieuses et stratégiques qui font l'envie de l'humanité ambiante, que les superpuissances industrielles guettent comme un fruit mûr. Ces richesses énormes doivent normalement participer au développement économique et au progrès social de la Nation, à l'épanouissement économique et social de la collectivité publique, à l'essor tant matériel et intellectuel que spirituel et moral de chaque citoyen du pays. Pourtant, la misère, la pauvreté, la désespérance et l'exclusion ont définitivement élu domicile dans ce pays censé être le phare du continent et le moteur de l'Afrique centrale et de la région des grands Lacs.
Pour toutes ces raisons, Joseph Kabila Kabange Kabila doit absolument partir. Il doit partir parce qu'il a provoqué une hémorragie sociale sans précédent. Il doit partir parce qu'il a infligé à la collectivité publique des blessures graves et incurables. Il doit partir parce qu'il a causé des torts irréparables à la Nation. Le plus vite serait mieux…
Debout Congolais !
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
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