République démocratique du Congo
Le 17 mai 1997, l’ex-Zaïre rebaptisé pour la circonstance République démocratique du Congo (RDC) comme naguère en 1965 connaît, à la faveur d’une rébellion politico-militaire dont la base arrière est, sans nul doute, le Rwanda voisin, la fin du pouvoir monarchique du Maréchal-despote Mobutu Sese Seko, et ce après 32 ans de règne sans partage. Considérée par bon nombre de médias comme l’un des événements les plus marquants de l’histoire de l’Afrique contemporaine après le rapide démantèlement de l’Apartheid en Afrique du Sud, cette chute non moins programmée de la présidence zaïroise par le gratin de la communauté financière internationale emporte malheureusement dans son sillage le régime politique et constitutionnel directement issu de la Conférence nationale souveraine (CNS).
Initiée en 1991, cette assemblée plénière des Délégués du Peuple et des Représentants légitimes de la Nation avait, notamment, pour objectif d’insuffler au pays tout entier ainsi qu’au système politique naissant un nouvel esprit civique et national. Aussi avait-elle pour objectif primordial de lui doter de nouveaux outils idéologiques [i]et, en même temps, d’assurer une Transition démocratique, pacifique et transparente.
Néanmoins, ce qui est prématurément salué par nombre de ses hérauts et thuriféraires comme une vraie libération nationale voire même une révolution nationaliste, s’avère une chimère. Ce mirage idéologique généra, en réalité, un pouvoir au visage autoritaire, aux allures dictatoriales. Il offrit malheureusement le portrait sadique de violation des droits humains et du népotisme. Au fil du temps et des événements, il devint un véritable cauchemar pour le Peuple, pourtant, avide de liberté et de démocratie, de justice et de dignité.
Vivant de la rente prébendière comme la plupart des tyrannies sœurs du Continent, le nouveau régime politique et idéologique de Kinshasa incarné par le chef de guerre postlumumbiste et postnationaliste Mzee Laurent-Désiré Kabila s’illustra, littéralement, par l’incompétence et la gabegie[ii], la médiocrité et l’inversion des valeurs. Ce nouveau pouvoir s’illustra surtout au moyen de l’inversion de la pyramide des compétences. D’ailleurs, caractérisé par la logique tous azimuts de l’improvisation, tout à fait, digne des maquisards enfermés dans le romantisme révolutionnaire, il brilla tout naturellement par la spoliation des biens de citoyens. Celui-ci brilla, surtout, par le pillage généralisé des ressources étatiques et richesses nationales sur fond, bien entendu, de violence armée et de paralysie du processus politique.
La mort subite de la République démocratique du Congo
“L’AFDL était un conglomérat d’aventuriers et d’opportunistes dont l’objectif premier était, en réalité, de piller toutes les richesses du pays” Mzee Mutwale Laurent-Désiré Kabila, chef rebelle de l’AFDL et président autoproclamé de la République démocratique du Congo
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
En septembre 1996, une rébellion militaire, d’ailleurs pour le moins inattendue, éclate subitement dans l’Est du Zaïre au moment où la presse internationale annonce l’ablation du cancer de la prostate subie par le tristement célèbre Maréchal-despote Mobutu Sese Seko en Suisse. Occupant la Ville lacustre de Goma, celle-ci est appuyée logistiquement par l’Armée patriotique rwandaise (APR). Après neuf mois de guerre larvée où les Forces armées zaïroises (FAZ) sont plus enclines à la reddition et au pillage des civils ainsi que la traversée d’un territoire à la dimension de l’Union européenne, les troupes de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) s’emparent sans coup férir de la Ville de Kinshasa le 17 mai 1997. Fruit de diverses tractations supervisées par bien des diplomates américains de haut rang dont l’énigmatique ambassadeur Daniel Howard Simpson, cette entrée pacifique des mercenaires autant que des rebelles dans la capitale intervient, effectivement, un jour après le départ mouvementé et forcé en exil au Maroc via le Togo du chef de l’État déchu. Celui-ci est, pour la circonstance, accompagné de sa famille pléthorique.
Dans la foulée de cette victoire militaire étriquée rendue d’ailleurs possible, notamment, par une coalition aussi bien hétéroclite que large de puissances régionales[iii], le seigneur de guerre Mzee Laurent-Désiré Kabila qui chapeaute cette révolution armée, n’hésite pas à s’autodésigner chef de l’État de la République démocratique du Congo. Par conséquent, exit définitivement le Zaïre[iv], pur fantasme et pur produit du néocolonialisme meurtrier et de l’impérialisme sauvage. Toutefois, le guérillero révolutionnaire qui prend, certes, les rênes politiques du pays[v], a réellement pour occupation et activité principale le trafic des matières premières et des espèces animales, en plus d’être tenancier des snack-bars et des maisons de tolérance dans la sous-région des Grands Lacs africains (Tanzanie).
Au cours de cette campagne militaire qui le propulse finalement et sans conteste au faîte de l’État congolais, cet ancien compagnon du mythique révolutionnaire argentin Ernesto Rafael « Che » Guevara de la Serna, est en réalité au service exclusif du pouvoir anglo-saxon. Force est de mentionner que ce mastodonte tentaculaire s’appuyant sur de puissants lobbies dirige, en fait, en sous-main la communauté financière internationale, plus particulièrement et plus singulièrement les institutions monétaires issues des accords de Bretton Woods de 1944[vi].
Pour camoufler les visées de l’AFDL qui, en réalité, est une succursale de mercenaires à la solde exclusive de l’impérialisme néolibéral et du capital monopolistique international, le fameux rebelle Mzee Laurent-Désiré Kabila affirme d’ailleurs sans détour ‘‘vouloir restaurer entièrement l’indépendance nationale du Congo-Kinshasa dont l’incarnation idéologique est, à n’en point douter, le leader doublement nationaliste et panafricaniste Patrice Emery Lumumba’’. En d’autres termes, le vieux guérillero postlumumbiste et postnationaliste prétend réhabiliter tous azimuts la souveraineté internationale d’un pays totalement écrasée ou l’indépendance nationale d’un État piétinée par un autre mercenaire local, le fameux Maréchal-pillard Mobutu Sese Seko du Zaïre. Il importe de souligner que cette prétendue réhabilitation de l’indépendance et de la souveraineté de l’État se fait paradoxalement au bénéfice des forces capitalistes et intérêts impérialistes qui financent sa propre lutte révolutionnaire pour la reconquête tutélaire du Congo[vii] ! Ce qui est, absolument, en soi un non-sens. Ce qui est, à vrai dire, une équivocité. Car, peut-on émanciper un esclave en l’enchaînant davantage, en entravant de nouveau sa marche victorieuse vers la liberté ? That’s The Question !
[i] Libérer l’initiative privée, émanciper l’individu devenu Citoyen du carcan oppressif de l’État et de la gangue paternaliste du pouvoir politique.
[ii] La mégestion.
[iii] Angola, Burundi, Érythrée, Éthiopie, Ouganda, Rwanda, Zambie.
[iv] Zaïre signifie ‘‘Zone Africaine et Internationale aux Intérêts réservés aux Étrangers’’.
[v] Alors qu’il n’est guère préparé aux hautes fonctions politiques, gouvernementales et administratives de l’État.
[vi] Fonds Monétaire International (FMI) et Banque Mondiale (BM).
[vii] La plupart de ces puissances politiques, financières et militaires ont porté le colonel Joseph-Désiré Mobutu au pouvoir à Kinshasa en 1960 et en 1965 contre la démocratie congolaise.
‘‘J’ai conçu, planifié, préparé et fait exécuter le processus révolutionnaire qui porte au pouvoir Laurent-Désiré Kabila en République démocratique du Congo’’ Général Paul Kagame, Conférence de Presse, Pretoria, décembre 1997.
La Révolution armée du 17 mai 1997 qui exile, définitivement, le Maréchal-prédateur Mobutu Sese Seko du Zaïre ainsi que ses proches, n’est pas en soi un véritable acte de libération nationale contre un système néocolonialiste. C’est, ni plus ni moins, un acte d’agression physique contre la République démocratique du Congo. C’est, visiblement, un acte d’agression physique contre la souveraineté de son Peuple et ses institutions politiques.
En effet, lorsque l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) prend réellement les armes au motif de renverser le pouvoir militaire de Mobutu Sese Seko, le Zaïre est juridiquement sous le régime politique de la Conférence nationale souveraine (CNS). Ce forum politique interzaïrois est, d’ailleurs, organisé de 1991 à 1992 grâce à la persévérance et à la détermination des forces de l’Opposition politique et démocratique, plus particulièrement et plus singulièrement l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Cette assemblée plénière des Délégués du Peuple[i] et des Représentants de la Nation[ii], avait déjà accouché d’une Charte constitutionnelle. Aussi avait-elle réellement accouché d’institutions politiques d’État que sont, bien entendu, la Présidence de la République, la Primature (le Gouvernement), le Haut-Conseil de la République (HCR) ou le Parlement de Transition (PT) et l’Organe judiciaire. Cette dernière structure disposait, en fait, du pouvoir d’interprétation et de sanction de la Constitution.
Il sied de relever que les dispositions de cette Charte fondamentale de 1992[iii] interdisent formellement, à moins de sauvegarder l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale, y compris les instruments de la démocratie, les droits humains fondamentaux ainsi que les libertés fondamentales, à tout pan de la Collectivité publique de prendre des armes, d’user de la violence dans le strict dessein de renverser les institutions politiques de l’État. Poursuivant dans la même direction, l’article 4 du projet constitutionnel de la IIIè République, élaboré par la Commission constitutionnelle Lihau, appelle sans équivoque le Peuple à la résistance politique et pacifique. En vue de restaurer la légalité et surtout assurer la légitimité d’un régime politique directement issu de la volonté du Peuple, cette disposition capitale oblige expressément le Citoyen à défendre la Collectivité nationale, à protéger toutes les institutions républicaines et la Constitution au regard des actes précités.
Il convient de relever que la dictature du Parti-État mobutien incarnée par le Mouvement populaire de la révolution (MPR) prend officiellement fin le 24 avril 1990. Il connaît un terme définitif même si le Maréchal-tyran zaïrois, demeurant fidèle à sa nature ubuesque continue, à cette époque d’ébullition démocratique, à courir après son pouvoir politique en multipliant, à n’en plus finir, manœuvres dilatoires et embûches, divertissements et bourdes politiques de toutes sortes, en brandissant contre vents et marées l’épouvantail de la force physique (l’ordre militaire). C’est à cette date mémorable pour l’affirmation de la justice et de la démocratie, de la liberté et de la dignité que les organisations partisanes sont politiquement reconnues comme partie intégrante du jeu politique et institutionnel. C’est également à cette date que s’opère, en réalité, le grand virage démocratique de la vie nationale, malgré la transposition de la violence armée sur le terrain du combat politique[iv], les tentatives d’obstruction et de sabotage[v] amorcées par la fameuse mouvance présidentielle réunie autour du Front des démocrates unis (FDU).
De septembre 1991[vi] à avril 1997[vii], les Premiers ministres qui dirigent la République du Zaïre[viii], viennent pratiquement tous du bassin de l’opposition politique antimobutiste. Qu’elle soit modérée[ix] ou radicale[x], farfelue ou réelle, cooptée par la population voire fabriquée par le régime aux abois, adoubée par les puissances extérieures ou financée par les forces exogènes, celle-ci a l’insigne honneur d’être aux commandes de l’État. Même si le jeu politique est totalement vicié en raison de la corruption, il y a lieu de reconnaître que la marge de manœuvre de Mobutu est institutionnellement restreinte. Dans le cadre de la CNS, ce dirigeant tyrannique est constitutionnellement dépouillé de tous ses attributs régaliens.
En effet, le tristement célèbre Maréchal-despote zaïrois est, réellement, un chef d’État qui règne mais qui ne gouverne pas. C’est-à-dire : ‘‘Il est un président de la République qui ne prend point d’actes engageant la Collectivité publique’’. Toutefois, s’il édicte une décision (décret) dans le cadre des attributions politiques lui constitutionnellement reconnues par la Charte fondamentale de Transition de 1992, celle-ci est forcément et logiquement, automatiquement et systématiquement, revêtue d’un contreseing ministériel.
En réalité, c’est le Premier ministre qui gouverne l’État, dirige les affaires de la Nation. Ce vrai titulaire des prérogatives exécutives n’est pas directement désigné par le président de la République. Cette personnalité politique de haut rang qui vient naturellement compléter la dyarchie, est directement désignée par le HCR voire même présentée par la famille politique autre que celle du chef de l’État[xi]. À cette époque, le seul pouvoir dont bénéficie de facto le tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre, qu’il peut, d’ailleurs, manipuler à sa guise, sont les instruments de violence physique et légitime de l’État[xii], quoi que tous ces dispositifs de répression relèvent, légalement, du gouvernement.
Si elle est, en réalité, un coup d’État contre les institutions et la démocratie naissante dans le cadre de la CNS, la Révolution armée du 17 mai 1997 est, d’abord et avant tout, une agression contre l’indépendance nationale du Congo. Ce putsch est orchestré par des États limitrophes dans le dessein d’asseoir à Kinshasa un régime de mercenaires aguerris à la flibuste et rebelles à la démocratie. Leur mission primordiale consiste, naturellement, à assujettir l’indépendance nationale du pays. Elle consiste, effectivement, à prostituer la souveraineté internationale du Congo au profit des compagnies transnationales.
Représentées par l’America Mineral Fields (AMF), toutes ces corporations agissant plus particulièrement et plus singulièrement dans le très convoité secteur minier, tout comme dans le domaine financier et bancaire nourrissent, en réalité, le rêve de faire main basse sur l’immense patrimoine minier du pays. Ces firmes nourrissent, en fait, l’ambition de transformer ce territoire géant de l’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs en véritable colonie d’exploitation de ses ressources humaines, naturelles et minérales.
C’est à ce seul titre que ces entités corporatives dont le siège administratif et social est sis dans le Commonwealth britannique, financent totalement l’invasion de la République démocratique du Congo. Cette agression physique est, d’ailleurs, opérée par l’entremise des États voisins (Rwanda, Ouganda, Burundi) dont la préoccupation majeure est, à ce moment précis, de démanteler les sanctuaires des forces négatives ayant pour base arrière ce majestueux territoire. Donc, ces entreprises financent, en 1996-97, les forces rebelles de l’AFDL dont la mission primordiale consiste, à vrai dire, à faire la police et à garantir en amont la sécurité frontalière de ces trois pays limitrophes.
C’est également à ce titre unique de spoliation des richesses matérielles de la République démocratique du Congo que toutes ces compagnies reliées au Commonwealth allouent des moyens colossaux aux rebelles anti-Kabila[xiii]. En fait, celles-ci mettent, dès 1998, à la disposition d’anciens parrains et colistiers de Mzee Mutwale Kabila les mêmes moyens logistiques ayant auparavant servi à la chute brutale du Maréchal Mobutu. Le guérillero postnationaliste et postlumumbiste leur fournit pratiquement ce précieux alibi dans la mesure où il avait déjà pactisé avec les forces négatives qui empoisonnaient littéralement l’ambiance sécuritaire – [préalablement fébrile] – prévalant dans la région des Grands Lacs africains.
Cela est d’autant plus vrai que ce chef rebelle affairiste dont l’autoproclamation à la tête de la République démocratique du Congo (RDC) avait, néanmoins, totalement surpris ses propres alliés régionaux et tuteurs internationaux, n’avait aucunement respecté les termes des contrats conclus. En effet, certains intérêts burundais, rwandais et ougandais résolument coiffés par la fine fleur de la communauté internationale, chérissaient sans l’ombre du doute, et dès le début de la rébellion armée anti-Mobutu (1996), de nommer une fois à Kinshasa un gouvernement composé de girouettes afin de mieux ponctionner via leurs territoires respectifs toutes les richesses matérielles du Congo-Kinshasa. C’est à ce niveau que gît, malheureusement, la très grande tragédie de ce vaste pays au cœur de l’Afrique. Ce drame horrible le poursuit jusqu’à nos jours avec la très sainte bénédiction des puissances anglo-saxonnes.
D’ailleurs, force est de constater que pour sauver sa présidence violemment contestée par ses compagnons d’arme et garantir la survie politique de son régime brutalement menacé, Laurent-Désiré Kabila n’hésite pas à hypothéquer les ressources minières et énergétiques du pays[xiv]. Ces richesses matérielles sont automatiquement et systématiquement mises à la disposition des seuls intérêts militaires alliés[xv]. Ces puissances armées régionales sont en fait venues à sa rescousse contre le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Cette stratégie opportuniste de monnayage, donc de troc, a déjà été utilisée par celui-ci pour accaparer la tête de l’AFDL au détriment du général-major nationaliste et lumumbiste André Kisase Ngandu assassiné pendant l’épopée révolutionnaire non loin du Parc Virunga[xvi].
Aussi importe-t-il de mentionner que le condottiere postléniniste et poststaliniste Mzee Laurent-Désiré Kabila comptait, avant son assassinat, naturellement céder les immenses richesses minérales du pays à des intérêts français[xvii]. À ce propos, il y a lieu de noter que la France a pourtant été, lors de la pseudo-révolution armée [la guerre dite de libération nationale], très sévèrement boudée voire tancée pour avoir soutenu envers et contre tout le système dictatorial du Maréchal-pillard Mobutu Sese Seko du Zaïre. En échange de ce deal, ce caïd affairiste pensait directement obtenir de Paris l’assurance d’entreprendre du lobbying diplomatique auprès du Conseil de sécurité de l’ONU et, surtout, l’assurance de faire pression sur les divers États agresseurs afin de quitter rapidement et définitivement le territoire national du Congo.
[i] Société civile et Forces vives de la Nation.
[ii] Partis politiques.
[iii] Entre autres l’alinéa 2 de l’article 37.
[iv] L’atmosphère politique est perpétuellement assombrie par des attentats et assassinats politiques, des intimidations et empoisonnements, des menaces de mort et invectives, des rafles et la répression aveugle.
[v] La corruption bat son plein.
[vi] Émeutes alimentaires et pillages initiés par les militaires des FAZ.
[vii] Chute de la Ville de Kisangani au profit de l’AFDL.
[viii] Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Bernardin Mungul Diaka, Jean de Dieu Nguz Karl-I-Bond, Faustin Birindwa, Joseph-Léon Kengo wa Dondo.
[ix] Complice de la dictature macabre et des intérêts néocolonialistes.
[x] Une opposition engagée irréversiblement sur la voie de la démocratie.
[xi] Le décret de nomination du Premier ministre pris par le Chef de l’État sur le fondement de l’article 71 de l’Acte portant dispositions constitutionnelles de Transition du 4 août 1992 n’est qu’un acte de constatation du fait politique. Il vient lui donner une portée juridique.
[xii] L’armée, la police, la gendarmerie et les services de renseignement.
[xiii] Le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).
[xiv] Gécamines, Miba.
[xv] Angola, Namibie, Zimbabwe.
[xvi] Selon une version assez répandue dans les médias, ce chef de guerre nationaliste et lumumbiste est supposément liquidé par le lieutenant-colonel Jacques Nziza, un haut cadre de l’Armée patriotique rwandaise (APR) aujourd’hui muée en Forces de défense rwandaises (FDR). Après son forfait, celui-ci est directement exfiltré au Rwanda.
[xvii] Kabila était solidement pétri dans sa logique de maquisard prêt à se lancer dans les bras de n’importe quel protecteur financier.
Outre les diverses motivations géopolitiques et géostratégiques qui sous-tendent, certes, la Révolution armée du 17 mai 1997, l’entreprise politique kabiliste présente plusieurs ambiguïtés idéologiques dont la résurrection du Mobutisme dictatorial qu’elle prétend, pourtant, réellement émasculer. En effet, l’une des premières contradictions du chef de guerre Laurent-Désiré Kabila est la résurgence de la République démocratique du Congo (RDC). Cette dénomination officielle est naguère portée par ce pays lors du coup d’État du lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu le 24 novembre 1965[i].
Il importe de constater que ce putsch militaire manifestement orchestré par des intérêts financiers, bancaires et miniers avait pour objectif d’arrimer le Congo, en tant que grenier des ressources précieuses, au camp de l’Occident. Ce pronunciamiento avait pour but de placer ce richissime pays africain, plus particulièrement et plus singulièrement, dans le giron de l’OTAN. Sur ce point, la mission dévolue à la rébellion de Laurent-Désiré Kabila ne diffère guère de celle de Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko dans la mesure où ce chef de guerre brade le patrimoine national, offre en pâture le sanctuaire national aux puissances extérieures. Comme en témoigne, d’ailleurs, la fameuse rencontre d’affaires organisée par l’America Mineral Fields (AMF) à Lubumbashi, la capitale économique du pays, entre le chef de l’AFDL Mzee Laurent-Désiré Kabila et le gotha minier et financier international en mai 1997.
À cet égard, force est d’admettre que, en tant que leader charismatique de l’Opposition pacifique et non-violente, démocratique et légaliste, le juriste Étienne Tshisekedi wa Mulumba, bien qu’il fût totalement ouvert à l’idée de partenariat économique avec des intérêts extérieurs[ii], n’a jamais été disposé à brader à n’importe quel prix les richesses nationales et étatiques. Il adopta cette attitude dans l’optique de préserver à tout jamais la souveraineté du pays et les droits sociaux de la population. Cette constance dans sa ferme volonté de défendre l’ensemble de ses Concitoyens face aux puissants intérêts, aux mastodontes économiques et financiers, lui vaudra conséquemment la froideur de la Communauté internationale, le refus pur et simple de son adoubement par des forces exogènes.
En réalité, la République démocratique du Congo version Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko se caractérise, de 1965 à 1971, par la militarisation outrancière du régime politique et institutionnel[iii]. Son pouvoir militaire naturellement adoubé par de puissants intérêts occidentaux se distingue concrètement par des exécutions politiques. Aussi se distingue-t-il par des meurtres extrajudiciaires[iv], des violations massives de libertés publiques fondamentales[v] et la suspension tous azimuts de la vie politique et démocratique.
En effet, les entreprises partisanes sont sans autre forme de procès abolies. Le parlement qui est vraiment au cœur des institutions politiques de l’État, est congédié sine die. Cette éviction des représentants de la Nation a pour corollaire immédiat le gouvernement par voie décrétale. D’ailleurs, cette pratique abusive[vi] qui est, en vérité, un contournement systématique de l’action législative, est très couramment utilisée depuis l’avènement du fameux cabinet néocolonialiste et pro-américain incarné par le Premier ministre Cyrille Adoula [1961-1964]. À ce propos, l’arsenal répressif d’ailleurs en vigueur en République démocratique du Congo date réellement de cette époque sombre voire s’en inspire très largement.
Ce qui est clair, cette République démocratique du Congo version mobutiste dirigée par le Haut-Commandement Militaire (HCM) ressemble à s’y méprendre à celle du rebelle postlumumbiste et postnationaliste Laurent-Désiré Kabila dont le centre névralgique est l’AFDL à titre de mouvement politico-militaire. À cet égard, il convient de souligner que tous les États du monde caparaçonnés de l’épithète ‘‘démocratique’’, sont en réalité des ‘‘bourreaucraties’’. C’est-à-dire : des régimes ‘‘liberticides’’ et ‘‘démocraticides’’ animés par des bourreaux. Cette catégorie d’agents fonctionnarisés est réputée provoquer la mort psychique ou mentale de l’individu tant par l’idéologie ou la propagande d’État que le bâillonnement de ses droits constitutionnels et libertés fondamentales.
Ainsi en est-il incontestablement de l’Allemagne de l’Est sous la direction du camarade Erich Honecker et de la Corée du Nord sous l’autorité du Grand Timonier Kim Il-Sung. Il en va de même du Kampuchéa ou Cambodge qui, en réalité, a connu, sous l’égide barbare de Khieu Samphan et Pol Pot, une dictature ‘‘meurtrière’’. La RDC de Mzee Mutwale Kabila ka Makolo Taratibu, tout comme celle de ses sinistres prédécesseur Mobutu et successeur Kanambe, n’échappe pas à cette règle macabre ou cette logique meurtrière.
En redonnant vie à l’hymne national et au drapeau originels de l’indépendance (datant officiellement du jeudi 30 juin 1960), le président autodésigné de la RDC fait [idéo] logiquement retourner l’ensemble de ses concitoyennes et concitoyens aux sources primitives de l’indépendance nationale. Toutefois, ce retour aux sources n’est que ‘‘théorique’’. Ce n’est que pure fantaisie. D’aucuns diraient sans conteste ‘‘pure farce’’ et ‘‘pure parodie’’.
En vérité, sous Kabila Sr, les Congolaises et Congolais ‘‘retournent’’ politiquement et institutionnellement au Mobutisme dictatorial avec le principe angulaire du Parti-État ou parti unique (AFDL, CPP)[vii]. Ils retournent indéniablement à l’époque sauvage du quadrillage révolutionnaire de la population terrorisée (chembe-chembe)[viii] et du culte de la personnalité. Pis encore, ceux-ci retournent du point répressif, immédiatement, à la triste époque coloniale avec la culture du fouet[ix], de l’exil intérieur[x] et du travail forcé[xi].
[i] La République démocratique du Congo (RDC) sous l’empire de la constitution de Luluabourg (août 1964 – novembre 1965) est dans ses fondements idéologiques un véritable État démocratique. Cet État est foncièrement dirigé contre le projet lumumbiste et nationaliste d’avoir au cœur de l’Afrique un État unitaire et centralisé. Il consacre en fait le triomphe du projet fédéraliste porté par la paire Moïse Kapenda Tshombe et Albert Kalonji Ditunga.
[ii] Joint-ventures. Lire à ce propos le projet économique et financier de l’UDPS tel que remanié par le président national Étienne Tshisekedi en 1999.
[iii] L’assassinat des partisans du Premier ministre Moïse Kapenda Tshombe, la condamnation à mort des conjurés de la Pentecôte en 1966.
[iv] L’exécution du nationaliste et lumumbiste Pierre Mulele au Camp militaire N’Kokolo en 1968.
[v] La répression aveugle des institutions universitaires et des associations étudiantes.
[vi] Ordonnance-loi ou décret-loi.
[vii] L’AFDL ou les CPP remplacent le MPR.
[viii] Les Chembe-chembe qui enrégimentent la population pour la cause de Kabila sont en réalité l’équivalent du Corps des Volontaires de la révolution mobutiste (CVR).
[ix] La chicotte.
[x] La relégation.
[xi] Mbula Matari.
Le statut international de la République démocratique du Congo
Comme l’attestent, inexorablement, les propos du général rwandais Paul Kagame sur le processus révolutionnaire de l’AFDL qui a définitivement raison du Maréchal Mobutu et de la démocratie balbutiante au Congo, le chef de guerre Laurent-Désiré Kabila est dans sa mission un ‘‘pantin’’ de puissances régionales. Comme ces dernières sous-traitent la rapacité de la communauté financière internationale, Kabila est également un instrument au service de puissants intérêts extérieurs[i]. De plus, son mentor patenté est, à cette époque trouble, le colonel belge ‘‘Willy Mallants’’. Cet ancien haut cadre de l’ex-armée coloniale au Congo[ii] qui encadre la lutte de ce seigneur de guerre postmarxiste et postmaoïste a la particularité d’avoir été un ex-conseiller du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre.
Toutefois, Mzee Laurent-Désiré Kabila revêt le manteau nationaliste malheureusement abandonné sur le parcours de la rébellion armée afin de couvrir, d’étouffer les véritables revendications du Peuple congolais, lorsqu’il est définitivement en porte-à-faux avec tous ses tuteurs. Il redevient subitement lumumbiste lorsqu’il divorce brutalement d’avec tous ses parrains, se met à dos ses propres alliés et colistiers. À ce propos, il importe de noter que le chef rebelle de l’AFDL a, dès la mise en orbite de son régime, nié catégoriquement la présence d’éléments étrangers dans son gouvernement fantoche, en dépit de la forte pression populaire et de la forte insistance de l’Opposition politique et démocratique. Ces individus redeviendront, miraculeusement, des étrangers pour Kabila lorsque son pouvoir politique est mis à rude épreuve le 2 août 1998. Ainsi, par un coup de baguette magique, le grand maquisard de Hewa Bora réussit à mélanger le bon grain de l’ivraie…
Dans la confusion suivant le déclenchement des hostilités armées entre Kabila et certains cadres influents de l’AFDL, ce chef de guerre lunatique nie ouvertement l’appartenance des minorités tutsies rwandophones [Banyamulenge] à la Nation congolaise. Ce discours d’exclusion est relayé au plus haut niveau par certains dignitaires et pies du kabilisme martial. Il a naturellement pour conséquence immédiate le lynchage systématique d’une partie de la population en fonction du phénotype racial ou de l’appartenance à un groupe ethnique.
Comme la Révolution armée du 17 mai 1997 est, sans conteste, un vrai pronunciamiento, la guerre dite de libération nationale doit être, sans concession aucune, regardée comme un acte de trahison. C’est en soi un acte de félonie à l’égard de toute la Nation congolaise. En effet, par ses agissements intempestifs, le mercenaire Mzee Laurent-Désiré Kabila a fait rentrer dans la ‘‘bergerie’’ nationale des loups méchants. Il a fait rentrer des fauves féroces qui ont littéralement déchiqueté le pays et toutes ses institutions politiques. Ainsi, le Congo humilié est divisé, balkanisé. Démembré, il devient logiquement un État factice, fantôme, sans réelle souveraineté sur ses portions territoriales et ses énormes richesses. Tel est, malheureusement, l’héritage de Mzee à son Peuple ! Surtout pour un prétendu Soldat du Peuple, un soi-disant ‘‘nationaliste’’ !
Toutefois, sous le régime politique et militaire du général-major tutsi rwando-tanzanien Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M’Twale Christopher, autrement désigné Joseph Kabila Kabange[iii], la République démocratique du Congo (RDC) perd, doublement, cette qualité fondamentale de Collectivité publique et d’État indépendant. Ce territoire majestueux redevient, comme sous l’empire de la présence belge avant 1960, un grenier de matières naturelles et minérales, autant que précieuses et stratégiques, d’ailleurs assujetti à l’exploitation coloniale, à la spoliation maffieuse. Sous la direction de ce mercenaire transfuge de l’Armée patriotique rwandaise (APR), l’arbitraire de l’État alimenté par la corruption et le népotisme est toujours légion. Le tribalisme et le régionalisme toutefois rejetés à la CNS refont brutalement surface. Ces phénomènes discriminatoires trucident, ainsi, l’esprit communautaire et, surtout, écrabouillent l’héritage nationaliste du célèbre héros Patrice Emery Lumumba.
En effet, les affrontements interethniques, pratiquement disparus de l’environnement national, émergent très violemment et gangrènent, à l’instar de la peste, la vie politique et démocratique du pays. Comme sous la colonisation belge et le pouvoir rebelle de Mzee Laurent-Désiré Kabila, les Congolais se définissent désormais par rapport à leurs ethnies ou en fonction de leur appartenance tribale. Ce qui est un fait sans précédent dans l’histoire politique postindépendante de cet État ! D’autant plus que ces derniers avaient déjà pris l’habitude de se déterminer par rapport à leurs lieux de naissance ou leurs lieux de résidence et non plus en fonction de leurs liens affectifs (effectifs) avec la terre ancestrale ou le village de leurs parents et ancêtres immédiats…
[i] La Belgique est le premier pays de la communauté internationale à avoir reconnu le gouvernement rebelle de Laurent-Désiré Kabila ayant renversé les institutions politiques issues de la CNS.
[ii] La Force publique.
[iii] Celui-ci assure la continuité de la première dynastie des seigneurs de guerre africains.
La République démocratique du Congo :
Terre de violence armée et de convulsion, de génocide et d’oppression
Comme sous le règne macabre du père adoptif de Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M'Twale Christopher, dit Joseph Kabila Kabange[], cet État géant de l’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains est un vaste camp de concentration où les droits de la population sont strictement bafoués par ses geôliers. Ces bourreaux certes patentés se distinguent par la répression tous azimuts de l’élite politique prodémocratique. Ceux-ci se différencient par l’oppression systématique et automatique des droits humains fondamentaux et des libertés publiques reconnues à la classe journalistico-médiatique. Cette situation permet, naturellement, d’inférer que le visage répressif du pouvoir kabiliste sans doute prolongé par la tyrannie kanambiste n’a vraiment guère changé de physionomie. Celui-ci n’a subi qu’une simple métamorphose cosmétique. Cette liposuccion ou ce lifting lui permet de maquiller ses rides autoritaires.
C’est ce système absolutiste essentiellement fondé sur la rente de l’État, les prébendes, les passe-droits, le clientélisme et le gangstérisme d’État que cherchait à démanteler à tout prix le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba au profit de la liberté du Citoyen et de la démocratie politique. Tout ceci depuis l’ère glaciaire du Maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko du Zaïre. C’est bien à ce niveau que gît effectivement le destin politique du Peuple congolais ! Maintenant, la balle est dans son camp pour assurer un véritable changement politique et démocratique !
Sous la conduite de Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M'Twale christopher, alias Joseph Kabila Kabange, au même titre que sous la férule du rebelle affairiste Mzee Mutwale Laurent-Désiré Kabila ka Makolo Taratibu, la RDC n’a guère retrouvé la paix sociale et la concorde politique. La réconciliation nationale et l’unification territoriale ne sont même pas une vue de l’esprit. Elles sont plutôt une réalité extrêmement lointaine. La sécurité politique et frontalière des pays voisins à la base de la déstabilisation physique de ce colosse aux pieds d’argile relève indéfiniment du chimérique.
Jouant pratiquement le rôle du ver dans le fruit de la Transition politique et de la vie démocratique à Kinshasa, ce jeune mercenaire tutsi rwando-tanzanien parachuté à la tête du Congo par l’Angola et le Zimbabwe avec la complicité manifeste des États membres de la communauté internationale[ii], plus particulièrement et plus singulièrement ceux de l’Union européenne[iii], bloque le processus de négociations politiques intercongolaises. Il renie même ses propres engagements pris dans le cadre de ces pourparlers de paix en Éthiopie, au Botswana et en Afrique du Sud. Y compris des engagements pris à Kinshasa dans le cadre des pourparlers pilotés par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). À l’image de son père adoptif, ce chef de guerre dont la carrière funeste est, à n’en pas douter, suspendue au couperet du Destin et aux caprices des astres, brade sans vraiment se soucier du peuple congolais le patrimoine national aux divers prédateurs locaux et charognards étrangers. Tout ceci pour survivre indéfiniment dans un espace politique très étroit où ses heures sont malheureusement de plus en plus comptées…
Acta est fabula, disent les Latins !
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant