Le rétablissement de la peine capitale en République démocratique du Congo peut-il franchement freiner l'élan de la trahison observée au sein de l'élite politique et administrative, sécuritaire et militaire du Pays ?
République démocratique du Congo
Le retour ‘‘imprévisible’’ de la potence
Au début du troisième millénaire, c’est-à-dire en l’an 2000, le pays qui a, naturellement, vu naître le Prophète Simon Kimbangu, le Héros national Patrice Émery Lumumba, le Résistant Pierre Mulele, l’Avocat du Peuple et Grand Patriote, le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba, avait pris, au détour d’une lutte armée, pourtant, cataloguée, labellisée ‘‘anticongolaise’’, la sage et courageuse décision de surseoir indéfiniment l’application de la potence. Avec pour perspective à moyen, court et long terme, l’abolition pure et simple de la peine de mort, le renvoi définitif de la peine capitale au musée de l’histoire. Dans son exécution, faut-il reconnaître, cette punition qui témoigne, certes, de la barbarie innommable de cette machine froide qu’est l’État, vise autant les civils que le personnel commis à la sécurité des biens et des personnes et la défense de la communauté nationale. Donc, ce châtiment irréparable pèse très lourdement, comme une épée de Damoclès, sur la tête de quiconque aurait piétiné – inconsciemment ou consciemment – les intérêts vitaux de la société voire mis en péril la sécurité primordiale de la collectivité.
Par l’observance de ce moratoire sur la peine capitale, la République démocratique du Congo, sise au cœur du Continent et de la région des Grands Lacs africains, avait fini par prouver à l’ensemble de ses pairs internationaux sa profonde maturité politique et diplomatique. Elle avait fini par prouver qu’elle pouvait bel et bien se comporter à l’instar d’une Nation civilisée. Elle pouvait, donc, se comporter comme tout pays digne de l’idéologie des droits fondamentaux de la personne humaine, respectueux des principes de justice et de dignité. Bref un pays épris d’humanisme.
Confrontée depuis moins d’une trentaine d’années à un conflit d’une extrême virulence, anéantie par la trahison comme mode opératoire des forces obscures qui recrutent à tour de bras ses ressortissants les plus véreux et les plus ignobles afin d’affaiblir les institutions politiques et nationales, la République démocratique du Congo décide de lever sans autre forme de procès le moratoire sur l’exécution de la potence. En fait, laminée par une guerre oh ! Combien meurtrière dans l’Est de son territoire majestueux, elle revient précipitamment sur cette mesure salutaire, quoi que symbolique, afin de protéger contre toute velléité d’émiettement son immense cadre géographique. À la vitesse de l’éclair du tonnerre, cette dernière revient sur cette noble et juste décision dans le strict but de protéger sa population manifestement victime de l’injustice criarde de la Communauté occidentale.
En effet, cette ligue des États qui, à longueur de journée, s’autoproclament, pourtant, défenseurs de la liberté et de la démocratie, promoteurs de la justice et de la dignité humaine, tend plutôt, dans ces circonstances malheureuses (le conflit armé dans l’Est de la République démocratique du Congo et ses fâcheuses conséquences), à défendre bec et ongles les tortionnaires du droit international, les agresseurs de la paix entre Nations et Peuples de la planète Terre. Hypocrisie diplomatique oblige, ce club fort connu pour sa moralisation des pratiques étatiques ferme pratiquement ses yeux sur les agissements à la fois questionnables et même condamnables des assassins de la démocratie. Jouant concrètement la fameuse politique de l’autruche, celui-ci renâcle à condamner ouvertement et même à sanctionner fermement les actes répréhensibles des égorgeurs des droits humains fondamentaux et les comportements odieux des geôliers de la paix.
Il importe de souligner que, dans le jeu des puissances dans les relations interétatiques depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la République démocratique du Congo indépendante depuis le jeudi 30 juin 1960 est indubitablement la proie facile des Transnationales d’extraction occidentale. D’ailleurs, le rêve machiavélique de toutes ces firmes internationales dont la capacité de nuisance dépasse, certainement, de loin leurs sphères d’influence nationale, se résume sans ambages à la captation sauvage de ses immenses ressources naturelles et minérales autant que précieuses et stratégiques. Pour ce faire, ces compagnies meurtrières bénéficiant, réellement, sur le terrain congolais de l’assistance technique et logistique, ainsi que de la protection politique et diplomatique de leurs gouvernements qu’elles ont incontestablement réussi à placer au pouvoir par voie de manipulation et de corruption bien huilée, ont carrément réduit ce pays africain, pourtant, prometteur au statut peu enviable et, surtout, méprisable de ‘‘No Man’s Land’’. Ce qui implique, bien entendu, absence de protection pour l’ensemble de ses habitants et application systématique et automatique, donc exécution formelle, de la loi de la jungle.
Il sied de relever que dans ce chaos permanent sous forme de bourbier, dans ce conflit meurtrier artificiellement provoqué, savamment entretenu par l’establishment mondial, la République démocratique du Congo est visiblement lorgnée par bon nombre de pays limitrophes au bord de l’asphyxie économique et sociale. Elle est indubitablement guettée comme un fruit mûr par bien des États voisins en proie à des problèmes cruciaux de coexistence pacifique à l’intérieur de leurs propres bornes. Ceux-ci sont, certainement, à l’affût du moindre son de craquement. Ils sont, effectivement, à l’affût du moindre signe d’éclatement en vue de récupérer des portions de terre de la République démocratique du Congo. Débarrassées évidemment de tout propriétaire légitime et directement issues de ce démembrement préjudiciable aux communautés autochtones, ces parties extrêmement vitales sur le plan économique seront mises, à moindres coûts ou sans frais, à la disposition exclusive de puissants intérêts économiques et politiques de la planète.
Ce qui revient à dire que l’attitude presque désespérée des dirigeants légitimes et légaux de la République démocratique du Congo sur le rétablissement ultra-rapide de la potence se justifie très largement par l’appétit gargantuesque des États occidentaux dont la gourmandise n’a d’égale que leur cupidité maladive et leur volonté mesquine de pillage, de spoliation. Aussi s’explique-t-elle fort logiquement par le comportement ignominieux de nombre de pays limitrophes dont les velléités expansionnistes n’ont d’égal que leur fixation pathologique sur la partition ou l’occupation illégale des régions frontalières de cette contrée au cœur de l’Afrique indépendante et émergente. Cela est d’autant plus vrai que les forces négatives qui pullulent de manière tentaculaire dans l’Est de la République démocratique du Congo en tant qu’agents de la mort ou propagateurs du génocide et sécateurs du cadre territorial sont toutes et sans exception ‘‘sponsorisées’’ par de puissants intérêts extérieurs. Ces dernières ont ‘‘officiellement’’ pour maîtres à penser, donc pour commanditaires, le pouvoir anglo-saxon, les membres influents de l’Union européenne (UE), totalement obnubilés par l’idée de conquête anarchique, mus par cette volonté loufoque de confiscation des richesses d’outre-mer et la destruction violente des populations négro-africaines.
Toutefois, sur le terrain purement interne, la réactivation de la potence par le gouvernement central est, certes, motivée par le goût immodéré des ressortissants nationaux sur l’appropriation ‘‘illégitime’’ des carrés miniers. En l’occurrence, il s’agit de véritables autorités politiques et administratives qui organisent impunément, et ce aux dépens de la collectivité publique, des réseaux de contrebande des richesses nationales. Pour ce faire, celles-ci alimentent, en réalité, une flopée de groupes armés dans le but de semer tous azimuts la terreur, de répandre la violence meurtrière. À vrai dire, l’objectif de cet entretien des légions terroristes est d’expulser de force les populations autochtones, souventes fois sans défense, de leurs terres ancestrales et de les substituer par des sujets allogènes. Cette opération machiavélique leur permet de rétrocéder des zones minières entières tout à fait débarrassées de leurs propriétaires originels à la mafia étrangère et aux pays limitrophes.
Ainsi, pour mettre un terme à ce commerce illicite, qui génère des victimes en cascade, pour freiner cette spoliation éhontée, qui fait naturellement perdre des revenus conséquents à l’État central, l’autorité gouvernementale se résout-elle à restaurer immédiatement la peine de mort. Dans ce contexte où le réalisme ou pragmatisme politique se doit de jouer, la potence a, espère-t-il le pouvoir central, une force dissuasive consistant à décourager tous les resquilleurs et leurs sponsors corrupteurs. Ceci dans le strict souci de remettre tout le monde (intérêts politiques et puissances économiques) sur le chemin du droit et de la légalité formelle. En effet, cet expédient permet, bien entendu, à la collectivité publique d’épargner des souffrances horribles à la population. Il lui permet incontestablement d’engranger des revenus substantiels pouvant booster le développement économique et le progrès social.
Pourquoi je m’oppose farouchement à la levée du moratoire sur la peine de mort
“Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine ; partout où la peine de mort est rare, la civilisation règne.” Victor Hugo, Actes et Paroles
Par Joël Asher Lévy-Cohen
Il est un fait indéniable que la peine de mort a de tout temps été utilisée par le détenteur du pouvoir politique et administratif dans l’intention violente et arbitraire de faire peur aux Citoyens. Elle a toujours été utilisée non pas pour punir les individus fautifs – dont les actes sont évidemment répréhensibles au regard de la loi – mais dans le seul et unique but de frapper l’imaginaire de la société. À cet égard, cette punition irréparable introduite en 1940 dans les textes pénaux par le colonisateur belge en République démocratique du Congo obéit sans nul doute à cette logique macabre.
Mais, qu’en est-il fort exactement de son rétablissement en 2024 dans ce pays d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains, d’ailleurs, visiblement confronté à une guerre de décomposition de la Nation et de destruction structurelle du territoire ? Dans ces conditions tout à fait particulières et même singulières, s’agit-il véritablement d’une peine dissuasive à l’encontre de toutes celles et tous ceux qui participent à cette mission fort préjudiciable aux intérêts primordiaux de la patrie ? S’agit-il, en fait, d’une punition dont l’objectif fondamental consiste à décourager les pêcheurs en eau trouble, d’ailleurs, qualifiés pour ladite circonstance de bouchers de la Nation et d’ennemis de la patrie ? Peut-on y voir la moindre trace d’exemplarité pénale dès lors qu’il est question d’éduquer les masses sur les dangers de conspirer contre leur propre communauté nationale ou leur propre collectivité publique ?
Quelles que soient les raisons légitimes motivant politiquement voire même socialement cette réactivation de la peine de mort, il s’agit, à vrai dire, là d’une catastrophe de grande ampleur. Il s’agit incontestablement là d’un net recul au regard des avancées historiques. Il s’agit, surtout, d’une trahison – qui ne dit vraiment pas son nom – de la lutte héroïque du Père fondateur de la démocratie congolaise, le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba.
En effet, en tant que peine irréparable, la peine capitale a été introduite par la Belgique dans le contexte d’exploitation coloniale. Cette lourde punition fut normalement justifiée dans les circonstances de l’époque par la volonté criminelle et, surtout, inhumaine de décourager toute velléité d’opposition à l’entreprise coloniale naturellement portée à spolier les biens des peuples d’outre-mer. Cela est d’autant plus vrai que pour s’imposer sur l’ensemble du continent africain et, ainsi, obtenir sans résistance toute obéissance des autochtones, le colon européen se devait de recourir aveuglément à la violence physique comme arme de dissuasion. Ce qui revient à dire que ‘‘la peine de mort est, par essence, une notion tout à fait exogène à la Négritude et une pratique résolument étrangère aux mœurs indigènes’’.
Par voie de conséquence, restaurer ou tenter d’imposer la peine capitale en République démocratique du Congo équivaut indubitablement à aller à l’encontre de la culture nègre. À vrai dire, c’est mépriser inconsciemment la civilisation africaine dont la substantifique moelle est, bien entendu, la proclamation de l’Humanité. En effet, le genre humain a très nettement vu le jour en Afrique. Et, dans ce continent, lorsque le premier ancêtre humain s’est immédiatement mis debout pour observer le ciel et contempler la kyrielle d’astres lumineux en tant que Merveilles époustouflantes de l’Univers et de la Nature, pour marcher buste droit et front relevé (la bipédie) et, surtout, partir indéfiniment à la conquête des horizons tout à fait lointains, il a fort résolument pris conscience de sa massification en tant que groupe social[i].
Pour ce faire, cet aïeul qui a pris naissance dans la région grands Lacs africains, a instauré l’institution maritale. Cette astuce d’une portée considérable lui permettait de garantir la rotation des générations dans le futur. Aussi lui permettait-elle de préserver la vie de son pair féminin qui était constamment l’objet de luttes féroces, certes, dictées par la jalousie masculine.
En tant que stratagème social, ce premier ancêtre humain qui a radicalement rompu avec ses habitudes animalesques, a institué le mariage dans le seul et unique but de prévenir des combats violents et souventes fois mortels que se livraient les tout premiers humains en vue de protéger au prix du sacrifice suprême leur vis-à-vis féminin. Cet être par nature faible était considéré – dans la préhistoire sombre et dans les sociétés primitives – comme ‘‘un bien à conquérir, à arracher par la force physique’’. Du fait de ce statut dégradant, celui-ci était naturellement victime de nombreux abus de la part du détenteur insolent.
Pour ainsi dire, la toute première préoccupation du premier ancêtre de l’humain qui a fort longtemps vécu en Afrique avant de se disperser largement aux quatre coins de la Terre, a toujours été pratiquement la protection de la vie humaine. Et, voire même dans les cas les plus extrêmes impliquant la mort d’homme, celui-ci a toujours su préserver la vie. Car cette dernière était plus que sacrée à ses yeux. Et même dans l’hypothèse extrême de suppression de la vie d’autrui par un membre de son groupe social, cet aïeul animé par la paix et la solidarité, l’esprit de justice équitable et le souci de sécurité collective optait sans autre forme de procès pour le ‘‘bannissement pur et simple de l’assassin’’, pour ‘‘la mise à l’écart sociale du meurtrier indélicat’’. À cette époque, d’ailleurs, lointaine, se perdant très certainement dans les brumes du passé, il considérait mordicus cette soustraction individuelle malheureusement irréversible, irréparable, à la communauté humainement vivante comme une ‘‘mort sociale’’.
Par conséquent, réactiver cette punition profondément inhumaine équivaut à renier toute son africanité. C’est ignorer toute son ancestralité en tant que pilier des mœurs locales et fondatrices de l’humanité ambiante. En effet, celle-ci repose sur cette idée fondamentale qui est ‘‘le refus de verser du sang humain, même à n’importe quel prix’’.
L’homme dispose-t-il du droit de vie et de mort sur ses propres semblables ?
‘‘À moi la vengeance et la rétribution quand leur pied chancellera.’’
Deutéronome 32 : 35
Sur le terrain purement religieux et spirituel ou sur le plan proprement philosophique et idéologique, la République démocratique du Congo est un pays très fortement influencé par le Catholicisme ou la chrétienté romaine dont la référence matricielle est évidemment la Bible. Dans ce Livre qualifié de Saint pour avoir consigné la Parole vivante de D.ieu et celle de Jésus le Christ[ii] et les Pensées d’éminents Prophètes et Sages, il est formellement interdit de tuer[iii]. Ici tuer a le sens d’ôter l’esprit du corps de l’homme, de s’attaquer à son âme qui est, d’une manière inhérente et par définition, une ‘‘parcelle de l’étincelle divine’’, quels qu’en soient les motifs. En tant qu’Énergie et Force, Manifestation et Expression de la puissance de l’Amour divin, celle-ci a pour finalité ou mission fondamentale de le faire mouvoir, respirer, voir, manger, penser, rire, etc.
Pour appuyer cette interdiction formelle, la Bible mentionne que l’homme, tout comme par extension le groupe social auquel il appartient, n’a pas du tout le pouvoir de se venger contre son prochain. Dans les Écritures pauliniennes, le pharisien Saul de Tarse qui s’est, pourtant, ‘‘illustré dans l’extermination des Chrétiens’’ avant la conversion apostolique, recommande l’abandon de la culture mortelle de vengeance[iv]. Dans l’Épître aux Romains, le fameux apôtre Paul rapporte : ‘‘Amis très chers, ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez la colère de Dieu agir[v]. En effet, dans les Livres Saints, le Seigneur Dieu dit : « À moi la vengeance ! C’est moi qui donnerai à chacun ce qu’il mérite ! »’’.
‘‘Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez…’’ Matthieu 7 : 1 – 2.
Juger est, par principe, un acte résolument fort et noble dans la société dans la mesure où il fait obligatoirement appel à l’éthique et à la dignité de l’être humain en tant qu’individu. Il postule le renforcement de la paix sociale et de la sécurité collective. Celui-ci participe normalement à la justice. C’est-à-dire : ‘‘la consolidation de l’harmonie et la garantie de la concorde entre les humains’’.
Juger le genre humain conduit forcément et logiquement à la détermination d’une peine. Cette sanction peut être, dépendamment des cas de figure, fatale pour le fautif surtout lorsqu’elle est sensiblement orientée par le côté animal de l’être humain. Toute la question est de savoir si le jugement réellement prononcé est nécessairement conditionné par le rejet des passions aveugles. En effet, celles-ci affectent, le moins que l’on puisse dire, la conscience et l’intelligence humaines. Très souvent hâtif, ce jugement peut être dicté par le zèle, la mauvaise foi ou les errements étroitement liés aux insuffisances morales et mentales du juge ou du tribunal.
De ce strict point de vue, juger s’avère une mission hautement délicate puisqu’il y va certes de la vie non seulement d’une personne mais de toute une communauté humaine en raison de mesures de représailles que l’exécution dudit jugement pourrait forcément engendrer dans le camp des insatisfaits de la décision, dans le chef des opposants à l’acte de justice. Comme il exige assurément une élévation autant personnelle que collective de la conscience, une hautesse morale et une altitude spirituelle qui peuvent pratiquement faire défaut, il n’est pas du tout étonnant de voir que juger est ‘‘interdit’’. Cet exercice n’est pas du tout conseillé en raison de faiblesses qui limitent ou empoisonnent le comportement humain en termes de pensée, de réflexion, de morale ou de mentalité. Ceci pour éviter coûte que coûte la disharmonie, circonscrire à tout prix le chaos qui est, par définition, la mort plus que réelle de la collectivité sociale. Bref la mort concrète des Humains vivants sur le plan mental.
Par conséquent, il appartient aux plus hautes autorités de la République démocratique du Congo de bien vouloir méditer sérieusement la portée de ce geste inhumain (la levée du moratoire sur la peine capitale) visiblement recommandé par des personnes de bonne foi, toutefois désabusées et parfois zélées. Un geste inhumain, surtout, orienté par le vulgum pecus qui, par essence, est non éclairé, donc a-conscient.
Le désaveu de l’héritage politique et démocratique du Sphinx de Limete
Cette décision gouvernementale de rétablir la potence, de restaurer la peine capitale, pour des raisons de manipulation purement politique et des motifs d’exploitation des émotions populaires, contrarie à tout point de vue le combat héroïque du Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Feu le père de l’actuel président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI), a toujours lutté pendant ses très nombreuses années d’opposant politique en faveur de la mise en place d’une société substantiellement fondée sur la justice sociale. Celui-ci a toujours combattu pour l’édification au cœur du Continent d’un État qui s’articule autour des principes de gouvernance démocratique, de l’idéologie des droits fondamentaux de la personne humaine et de la moralisation de la vie publique, administrative et sociale.
L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti politique d’avant-garde national, qu’il a d’ailleurs portée dans les fonts baptismaux, grâce à la collusion de ses pairs parlementaires du défunt parti unique et parti-État mobutiste[vi], le 15 février 1982, est très fortement (r)attachée aux instruments internationaux qui défendent la dignité et l’intégrité de l’être humain[vii]. Parmi tous ces outils majeurs qui dictent en général la vie internationale et orientent en permanence l’existence particulière des États, il y a lieu de mentionner la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948. En effet, ce texte fondamental qui est, en vérité, la pierre angulaire de l’action humanitaire sur le plan international met sensiblement en avant la notion capitale du droit à la vie. Aussi met-il un accent très particulier et très singulier sur non seulement le droit à la vie mais ‘‘le droit à une vie décente et digne d’humanité’’.
Et, pour clore naturellement ce chapitre aux accents historiques et religieux, spirituels et philosophiques, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) a déjà confié le destin de la République démocratique du Congo entre les mains de D.ieu Tout-Puissant et Tout-Miséricordieux. De quoi a-t-il véritablement besoin pour voir se concrétiser la paix dans son pays meurtri par plusieurs années de conflit armé sans issue ? De quoi a-t-il vraiment besoin pour voir se matérialiser la justice en faveur de son peuple longtemps abusé et désabusé par les intérêts matérialistes et dévitalisés, les puissances ténébreuses et mercantilistes, très violemment persécuté par Satan et ses suppôts ?
Des jeûnes et des prières de ses compatriotes ? Sans doute… De l’engagement patriotique de l’ensemble des ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC) ? C’est l’évidence même ! Du sacrifice suprême de toute la jeunesse du pays en vue de libérer toutes ses portions territoriales entre les mains de diverses forces centrifuges, négatives, terroristes ou rebelles ? C’est un impératif non négligeable.
Mais, au-delà de tout, la clef pour accéder aisément à cette réponse est très clairement et très nettement fournie au Chef de l’État par l’Évangéliste Matthieu. En d’autres termes, celui-ci n’a pas besoin d’autres artifices, y compris l’exécution de la peine capitale, pour faire crouler toute la charpente du système maffieux qui a résolument pris en otage son cher et beau pays, la République démocratique du Congo.
Dans la Torah juive, cette clef lui est, surtout, fournie par le prophète Ésaïe.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
www.joelasherlevycohen.centerblog.net
Ce texte est écrit en hommage à Robert Badinter זיכרונו לברכה zikhrono livrakha (de mémoire bénie), au Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba d’heureuse et pieuse mémoire et à ses pairs fondateurs de l’UDPS, victimes de l’arbitraire tyrannique, et aux nombreux martyrs – distingués ou anonymes – de la démocratie et de la liberté.
Ce texte est normalement pondu dans l’intention manifeste de provoquer un véritable débat sur la nécessité d’abolir la peine de mort en République démocratique du Congo, en Afrique et ailleurs dans le monde. En effet, il est grand temps que l’Être Humain se départe de son animalité pour se projeter finalement vers la divinité à laquelle il est royalement destiné.
[i] Le principe de massification ou multiplication des êtres humains relayé par des Écritures saintes est au cœur de la survivance des communautés sur la planète. Pour la Torah, il est une injonction divine. Multipliez-vous ! (Berechit ou la Genèse 1 : 28).
[ii] Jésus le Christ est, par définition, la pierre angulaire de la religion chrétienne dont l’initiateur ou le fondateur est, à vrai dire, le légionnaire romain Saul de Tarse. Après sa conversion pour avoir proclamé Christ comme la seule et unique voie permettant à l’être humain d’accéder à la félicité divine et d’échapper à la très forte emprise satanique, ce pharisien pourtant persécuteur des chrétiens se fit nommer Paul et directement élever au statut glorieux d’apôtre.
[iii]Le sixième commandement biblique est traduit : ‘‘Tu ne tueras point’’. Cette injonction signifie que l’Humain, en tant que dépositaire de l’ordre de la Création, ne portera pas atteinte à la Vie. Que ce soit consciemment ou inconsciemment ! Il ne contribuera pas à l’extinction de la Nature dont il a concrètement la charge sous peine de provoquer sa propre perte en tant qu’individu et sa propre disparition en tant qu’espèce vivante. Dans une perspective purement hébraïque, cette injonction formelle peut se traduire : ‘‘Tu n’assassineras point’’ ou לא תרצח en hébreu. Exode 20 : 13; Deutéronome 5 : 17. Dans l’éthique biblique, cette interdiction formelle de porter très gravement atteinte à la vie d’un être humain ne concerne pratiquement pas le meurtre arbitraire. Celle-ci s’oppose catégoriquement à l’idée de préméditation dans le meurtre d’un innocent tout s’accommodant de celle de légitime défense, entre autres la défense mortelle. Elle ne s’embarrasse point de l’élimination de l’ennemi en cas de guerre et de l’exécution des condamnés à la peine capitale. Dans ces hypothèses tout à fait particulières et même singulières, elle ouvre très largement la voie à l’acceptation de la suppression de la vie d’autrui en situation de conflit armé si celui-ci s’avère un ennemi, en situation de meurtre si celui-ci est déclaré judiciairement coupable de crime odieux ou forfait ou forfaiture grave. Lire, à cet effet, ‘‘Tu ne tueras point…’’, un texte de Frédéric Rognon, professeur de philosophie à la Faculté de Théologie de Strasbourg. https://www.acatfrance.fr/public/H21_M%C3%A9diter_Tu-Ne-Tueras-Point.pdf.
[iv] La notion de vengeance mortelle qui est pratiquement au cœur du principe d’application de la peine de mort, est la clef de voûte du système pénal propre aux civilisations orientales (la loi du talion, le code de Hammourabi). C’est une justice pénale à l’intersection de la vendetta personnelle et de la vengeance sociale. Elle est mise en œuvre par un tiers qui exerce la fonction royale de juge.
[v] L’Apôtre Paul s’oppose catégoriquement à la conception judéo-pharisienne de l’époque du second temple qui trouve son fondement idéologique et spirituel dans la loi du talion ou le code de Hammourabi. Exode 21 : 23 – 25.
[vi] Le Mouvement populaire de la révolution (MPR).
[vii] L’UDPS est, par essence, ‘‘un mouvement de révolte politique et intellectuelle au cœur de l’Afrique souveraine et indépendante, dynamique et émergente’’. Elle a pour mission de réhabiliter entièrement l’être congolais qui accède, à cet effet, au statut de sujet politique. C’est-à-dire : des personnes disposant au regard de la loi des droits fondamentaux et des devoirs. En effet, l’être congolais est totalement réduit au statut d’esclave par une élite nationale compradore. Celle-ci est, d’ailleurs, totalement inféodée aux puissants intérêts extérieurs. Pour ce faire, cette famille de pensée politique et démocratique prône tous azimuts le rétablissement de la souveraineté populaire par le truchement du vote et du suffrage universel en vue de renforcer la question sensible de légitimation du pouvoir politique et des animateurs d’institutions nationales. En effet, le rôle primordial de ce personnel politique administrant le pays se résume doublement à protéger l’État et à participer au développement économique et au progrès social de la Nation, d’ailleurs, confisqués par leurs maîtres à penser.