Le Peuple congolais face à son destin politique
Les élections nationales et provinciales prévues fin 2018 sont-elles une panacée ?
‘‘Enjeux’’ et ‘‘Perspectives’’
‘‘À l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre, il n’est plus.’’ Jean-Jacques Rousseau
Par Joël Asher Lévy-Cohen
Au dernier trimestre 2018, des élections nationales et provinciales sont normalement prévues en République démocratique du Congo. Parmi ces échéances électorales, il y aura la présidentielle au niveau national et les législatives tant attendues aux niveaux national et provincial. Toutefois, sur quelles bases ces scrutins seront-ils évidemment organisés ?
Constitutionnelle ?
La charte fondamentale a été vidée de sa substance. Celle-ci a été violée à maintes reprises par le pouvoir rebelle à la démocratie et la liberté. Elle a été charcutée par cette cohorte de mercenaires régnant à Kinshasa et totalement réfractaires à la souveraineté populaire.
Politique ?
L’accord de la saint-Sylvestre conclu le 31 décembre 2016 aussi bien par la classe politique que la société civile pour faciliter le retour à l’ordre politique et constitutionnel a été complètement déchiré sans avoir connu la moindre application.
Diplomatique ?
La Communauté internationale a très largement contribué au chaos et à l’anarchie dans le pays. Celle-ci a manifestement contribué au maintien de l’imposture politique par ses errements et, surtout, son double langage.
''Ce qui est clair, ces joutes électorales se dérouleront dans un flou purement artistique''.
En effet, ces scrutins auront lieu sans pour autant que le recensement de la population ait été préalablement effectué. Ils auront lieu sans pour autant que la taille des circonscriptions électorales soit déterminée en fonction de la taille démographique de la population vivant sur le territoire national. Elles auront lieu sans pour autant que les nouveaux élus siégeant au sein des institutions politiques représentent fidèlement et à n’importe quel échelon leurs propres électeurs ou commettants en raison de la corruption des fichiers électoraux comportant visiblement des doublons et des électeurs fictifs.
C’est dire que ces élections de tous les dangers auront sans désemparer une incidence majeure sur la vie politique de ce qu’est vraiment la République démocratique du Congo dans sa configuration actuelle.
En effet, en termes d’enjeux fondamentaux et de perspectives réelles, ces échéances permettront aux électrices et électeurs de tous bords de répondre spécifiquement à ces trois questions majeures, d’ailleurs, posées insidieusement par la fameuse Communauté internationale. Comme par enchantement, celle-ci livre depuis des lustres une guerre sans merci à la République démocratique du Congo.
Primo, la République démocratique du Congo est-elle un véritable État indépendant ou un État factice au cœur de la jungle africaine ?
Secundo, la République démocratique du Congo est-elle en soi une véritable Nation ou un simple ramassis de populations ayant des racines culturelles différentes mais regroupées de force par l'entreprise léopoldienne et le colonisateur belge dans le cadre de l’exploitation capitaliste sauvage ?
Tertio, la République démocratique du Congo dispose-t-elle effectivement d’un pouvoir capable d’assumer son destin politique en tant que Peuple libre et digne, État indépendant et Nation souveraine ?
In fine, la République démocratique du Congo dispose-t-elle réellement d'un Peuple souverain ?
Par Peuple souverain, il faut entendre la [capacité] de se choisir - sans interférence extérieure et sans contrainte interne - ses propres représentants légitimes chargés de protéger, de sécuriser la population nationale, de lui apporter le bonheur et la paix, de lui procurer la liberté et la sécurité, la justice et la dignité, le développement et le progrès.
De réponses claires apportées à toutes ces questions fondamentales dépendront subséquemment et nécessairement l'avenir de la République démocratique du Congo et, surtout, son intégrité territoriale à laquelle tient mordicus sa population meurtrie par des guerres artificielles.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
joelasherlevycohen@aol.com