Jésus-Christ tenté par le Diable résiste en tant qu'enfant de D.ieu. Pour manifester sa toute-puissance et démontrer son autorité suprême sur toute autre créature, d'ailleurs, lui conférée par son Père céleste, il précipite Satan dans une falaise.
Jésus-Christ est, d'abord et avant tout, un souverain sacrificateur qui fait partie intégrante de l'ordre de Melchisédech. Dans cette communauté d'initiés du 1er siècle de l'ère chrétienne, il a accès aux mystères antiques et aux mythes mettant relief la puissance du pain et du vin dans la vie spirituelle et l'existence humaine. Sa naissance est marquée par l'apparition majestueuse de l'Étoile de Bethléem. Ce luminaire du Ciel a servi de boussole aux trois mages d'Orient (Balthazar, Gaspard et Melchior) qui lui ont apporté, à titre de présent, la Myrrhe, l'Encens et l'Or. Dans sa vie spirituelle, Jésus est entouré de douze compagnons (apôtres). Membre de la communauté de Qûmran ou collectivité des Nâzoréens (Esseniens), il a enseigné l'Amour, la Fraternité et la Charité à titre de message.
Jésus vs Satan
Le combat épique entre le Bien et le Mal
Enjeu de libération spirituelle ou d’emprisonnement de l’Âme humaine
Bataille virtuelle ou Bataille réelle ?
‘‘Père, entre tes mains je remets mon esprit.’’ Luc 23 : 46
Par Joël Asher Lévy-Cohen
La Bible chrétienne s’appuie substantiellement sur nombre de sources et de références dont les origines fondamentales sont plus que millénaires. Dans ce livre considéré comme sacré par une multitude de croyants et de pratiquants dans le monde, il y a, en réalité, deux grands personnages spirituels aux profils évidemment contrastés et dont la mission est diamétralement opposée. En vérité, leur destin est intimement lié par la nature même du Combat spirituel qu’ils se livrent farouchement dans le dessein de s’adjuger – tel un trophée en or – l’ensemble de l’univers terrestre et, par-delà, conquérir le cœur de l’être humain en tant que seul et unique dépositaire de la Création divine.
Qui est-il réellement Jésus ?
Jésus[i] qualifié aussi de Christ[ii] fait partie intégrante de la communauté de Qûmran ou la collectivité des Esséniens, une des sectes influentes du Judaïsme au 1er siècle de l’ère commune. Il est, en vérité, un personnage central du ‘‘Nouveau Testament’’. Son nom a la même signification que Joshua[iii] de l’Ancien Testament. Il est autrement désigné par le titre messianique de ‘‘Yeshua’’ ha Maschiah[iv].
Ce nom théophore יֵשׁוּעַ (Jésus) dont la racine trilitère est composée de consonnes Yod (י)[v], Shin (שׁ)[vi] et Hé (ה)[vii], dérive du verbe conjugué au passé simple ou passé composé ‘‘Yacha’’[viii] יָשַׁע . Il signifie en hébreu : ‘‘Il a sauvé’’ ou ‘‘Il sauvera’’[ix]. En d’autres termes, le nom Yeshua incarne le Salut de l’Homme en tant que Créature divine sur la Terre qui est, par essence, un univers de confrontation extrêmement serrée entre le Bien et le Mal[x]. Il signifie, par voie de conséquence, la Rédemption complète de l’Humanité en vue d’accéder rapidement à l’altitude spirituelle en termes de connaissance sacrée et de bien-être divin.
Force est de constater que Yeshua ha Maschiah, en tant que personnage plutôt biblique qu’historique est présenté à l’humanité ambiante par bien des textes canoniques. Ceux-ci remontent très visiblement au concile de Nicée, d’ailleurs, initié par le fameux empereur romain Constantin. Datant, bien sûr, du 4e siècle de l’ère commune, tous ces écrits lui attribuent la qualité prééminente de ‘‘Fils de D.ieu’’ voire même le statut incomparable ou inégalable de ‘‘D.ieu’’. En d’autres termes, Yeshua est, en vérité, et de par sa mission prophétique ou messianique, ‘‘le visage parfait de D.ieu incarné. Il est, à vrai dire, la face immaculée du D.ieu fait chair’’.
Qui est-il vraiment Satan ?
Au même titre que Jésus (יֵשׁוּעַ), Satan (שָׂטָן) est, sans contredit, un personnage biblique. Cette entité spirituelle qui joue évidemment le rôle dévastateur de l’intrus dans la relation harmonieuse entre D.ieu et l’Humain, est plus mentionnée dans le Nouveau que l’Ancien Testament[xi]. En fait, il est à l’origine l’[accusateur] ou l’[adversaire] avant de devenir le [prince des démons].
En réalité, Satan est un personnage fantasmagorique à l’intelligence fine et truculente, dont la malice déjoue aisément les esprits les plus avisés et les plus aguerris sur le terrain spirituel. De façon allégorique, il est comparé au serpent. Il est qualifié de reptile en raison de sa capacité sournoise à corrompre en douceur le cœur de l’Humain sans pour autant qu’il s’aperçoive réellement de la supercherie. Celui-ci est, en vérité, l’Incarnation de tout ce qui contrarie D.ieu. Il est la manifestation de tout ce qui est, par définition, mauvais. Il représente, naturellement, le Mal absolu. Il est le redoutable ‘‘Tentateur’’[xii].
Par l’intermédiaire de l’être humain dont l’esprit est très concrètement aveugle, ces deux entités spirituelles ‘‘Yeshua’’ et ‘‘Satan’’, d’ailleurs fort connues pour leur puissance de domination, se livrent un combat acharné pour la maîtrise réelle de l’Âme de l’individu. Elles se livrent une lutte sans merci pour le contrôle effectif de son mental, stade préalable à l’assujettissement de sa conscience. De cette lutte spirituelle et perpétuelle dépend, en réalité, la parfaite ‘‘Maîtrise des Mondes matériel et immatériel’’. C’est-à-dire : le contrôle étroit des flux énergétiques qui gouvernent et alimentent constamment les univers céleste et terrestre.
Dans cette confrontation violente qui s’apparente à une guerre de tranchées entre deux armées hypermotivées, Jésus symbolise effectivement le bouclier divin chargé de protéger l’être humain. À vrai dire, cet Être divinisé par les Saintes Écritures représente l’armure redoutable qui défend cette frêle créature contre toute agression malveillante susceptible de provoquer sa mort spirituelle. Il joue certainement le rôle de carapace, du dôme de fer, de bouclier antimissile contre les attaques à la fois incessantes et percutantes du Diable malfaiteur, tentateur.
À cet égard, Jésus représente, certes, le Bien qui édifie constamment l’être humain sur le chemin de la paix et de l’harmonie. Il symbolise, sans doute, la sécurité et la justice. Il est, sans conteste, le toit de la maison qui protège tous ses occupants contre les intempéries de la vie morale et spirituelle autant que physique et intellectuelle. Comme son nom le spécifie ou l’indique, il est le sauveur, le défenseur, le protecteur.
En revanche, Satan en tant qu’entité spirituelle est, au-delà de toute considération et de toute explication religieuse, le Mal absolu. Au regard des croyances établies, il veut dire tout ce qui s’oppose virulemment à la volonté bienfaitrice de D.ieu. Il est, donc, tout ce qui s’oppose à la paix et la dignité, à la justice et la sécurité, à l’harmonie et la concorde.
Toutefois, dans le sens le plus élevé du terme, le Mal veut dire ‘‘tout ce qui concourt à la destruction de l’œuvre de la Création divine’’[xiii]. ‘‘C’est tout ce qui participe activement à la disparition de la moindre trace de Vie dans l’Univers’’[xiv]. ‘‘C’est tout ce qui étouffe dans son action périlleuse l’expression sublime de l’Amour et de la Vérité, de la quiétude et de la paix en tant que sanctuaire de l’Âme humaine’’.
Il y a lieu de souligner que cette conception négative de Satan découle profondément du manichéisme ou zoroastrisme expérimenté par les Juifs lors de leur déportation en Perse en l’an - 700 et - 600. En effet, dans cette religion moyen-orientale, D.ieu incarne le Bien permettant à l’être humain de vivre dans la joie et la paix tandis que Satan symbolise très concrètement la souffrance la plus effroyable. Cette dernière entité spirituelle est l’artisan de la misère humaine. Il représente, donc, le Mal qui le tourmente quotidiennement. C’est cette conception dualiste qui a très nettement et très clairement marqué l’interprétation des Juifs du second temple à laquelle font naturellement écho les divers textes pauliniens du 1er siècle de l’ère commune ayant sensiblement inspiré la doxa chrétienne[xv].
Toutefois, dans les croyances antérieures aux Juifs du second temple, Satan est, en réalité, une entité spirituelle qui a réellement le rang de super Ange ou Archange. Il porte le titre de Lucifer qui signifie ‘‘Porteur de Lumière’’ dans la mesure où il conseille loyalement les différentes entités divines dans leur choix. À cet effet, il siège dans la cour des Êtres divins. Il y occupe les fonctions stratégiques et, surtout, enviables du Super Conseiller ou du Tout-puissant Ministre de la Justice[xvi] de D.ieu. Il fait, donc, partie intégrante du Cabinet divin[xvii]. À cet égard, il prend activement part aux décisions importantes qui concernent assurément la bonne marche de l’univers céleste et le bon fonctionnement de l’humanité terrestre.
À cet effet, lorsque dans la cour divine, parviennent, certes, des informations pertinentes ou des rumeurs sur la saine réputation d’un humain dans ses relations spirituelles avec l’Éternel, le cabinet divin sollicite immédiatement les services de renseignement de Satan pour épier et éprouver celui-ci sous forme de pièges et tentations voire de supplices. Cette méthodologie lui permet d’évaluer la personnalité et le caractère, la conscience et l’âme de l’individu. En fait, elle lui permet de s’assurer coûte que coûte de sa fidélité légendaire, de sa loyauté proverbiale envers le Tout-Puissant D.ieu le Créateur aux fins de rétribution spirituelle. Et lorsqu’il passe avec brio et assiduité cette étape d’épreuve, l’individu se voit immédiatement honorer par le Divin céleste de toutes sortes de bienfaits pour son salut personnel et même collectif. Ceci pour avoir prouvé son attachement indéfectible envers l’Éternel.
L’existence réelle de Jésus et de Satan
‘‘Jésus’’ et ‘‘Satan’’ sont, d’abord et avant tout, des entités de nature purement spirituelle. Celles-ci ont été fabriquées par l’esprit humain qui ne tarit pas d’imagination. Elles sont, donc, le fruit de la pensée de l’être humain en vue d’améliorer son existence physique sur la terre. Elles ont été conçues dans l’optique de guider le comportement de l’humain dans sa relation tumultueuse avec son prochain en tant que son propre reflet ou son propre miroir. Elles ont été imaginées dans le dessein d’orienter, d’encadrer l’attitude humaine vis-à-vis de son environnement dont il se doit de prendre incessamment soin. Sans cette posture, ce dernier courrait à sa perte.
Ce qui est sûr et certain, l’existence physique de Jésus, en d’autres termes l’historicité de ce personnage biblique, en tant qu’être humain n’a véritablement jamais été attestée par des témoignages objectifs. Donc, il n’existe pratiquement pas de preuves matérielles, ni d’écrits formels laissés par des historiens de l’époque de l’occupation romaine de la Palestine historique[xviii] pour corroborer le récit existentiel du personnage de Jésus. Ce qui entraîne que Jésus est un personnage moins historique que de légende civilisationnelle.
Au même titre que Jésus (יֵשׁוּעַ), Satan (שָׂטָן) est, par définition, un personnage de légende mystique et spirituelle. Cette entité hideuse qui, en fait, incarne le mal absolu et symbolise le pouvoir de la tentation, est directement issue de la construction mentale de l’humain. Celle-ci a été artificiellement fabriquée dans le dessein d’imposer par la force le pouvoir dominant au sein de la société humaine. Elle a été conçue dans l’optique de contrôler de manière étroite, par la peur, l’ensemble de la communauté humaine[xix].
[i] Jésus de Nazareth, fils de Marie (Myriam) et de Joseph (Yossef), le charpentier. Certaines sources actives et dignes de bonne foi affirment que Yeshua Ben Yossef n’est vraiment pas le fils du charpentier Yossef. Il serait, plutôt, le fils naturel d’un légionnaire romain mais d’origine sémite (La région actuelle du Liban-Syrie). Engagé militairement dans la cohorte d’archers sous la domination de l’empereur romain Tibère (Tiberius), celui-ci répondait au nom de Julius Tiberius Abdes Pantera (Bandera). Il est réputé avoir entretenu hors mariage des rapports charnels avec Myriam, la mère de Yeshua. Ainsi, pour sauver l’honneur de la jeune fille et couvrir la honte qui s’abattait sur sa famille, le charpentier Yossef qui, à cette époque, était déjà très avancé en âge (très vieux) et même veuf, aurait accepté de l’épouser. D’autres sources affirment plutôt que Yossef ayant appris les incartades de la jeune fille, l’auraient plutôt répudiée.
[ii] Krystos en grec signifie Oint de D.ieu.
[iii] Joshua en anglais ou Josué en français, (יְהוֹשֻׁעַ) en hébreu, est un Personnage de l’Ancien Testament et contemporain de Moshe. Ce chef de guerre est le bras armé de ce prophète choisi par D.ieu pour la conquête militaire du pays de Canaan ou territoire promis à la descendance d’Abraham, d’Isaac et de Jacob par l’Éternel.
[iv] יֵשׁוּעַ est la forme abrégée de יְהוֹשֻׁעַ מָשִׁיחַ מָשִׁיחַ
[v] La lettre Yod (י) est pratiquement la plus petite lettre de l’alphabet hébraïque. Elle est également la plus puissante. Elle symbolise la main de D.ieu dans l’entreprise de Création. C’est la main qui crée en travaillant. C’est la main qui fait éclore la Vie C’est l’incarnation de la puissance divine, de l’énergie divine qui gouverne le travail en tant que processus de Création, nourriture de l’Âme, donc semence de la Vie.
[vi] La lettre (שׁ) a, bien entendu, la forme d’une dent. Elle rappelle, surtout, par son design le ‘‘trident’’, arme mythique et redoutable utilisée par les gladiateurs romains lors de leurs combats ensanglantés dans les arènes. C’est l’une de trois lettres mères de la création divine. Elle symbolise le ‘‘feu divin’’ qui couve à l’intérieur de l’être humain.
[vii] La lettre hé (ה) symbolise le souffle divin à la base de la Vie et de la Création de l’Être humain.
[viii] Sauver, délivrer, défendre.
[ix] Le passé ou le futur met en exergue l’intemporalité de sa mission prophétique ou spirituelle. En termes de temps, tout dépend normalement si le verbe utilisé est affecté par la conjonction wa (hiqqtol – il tuera) [le futur est conjugué au passé] ou vé (qatal – il a tué) [le passé est converti au futur].
[x] La notion de dualité.
[xi] Le rôle malicieux de ‘‘Satan’’ (שָׂטָן) est mis en exergue dans le célèbre ‘‘Livre de Job’’ (Job [איוב ] 1 : 9 – 11). Cet ouvrage incontournable du ‘‘Tanakh’’ hébraïque fait l’apologie de la Sapience comme arme d’instruction spirituelle, d’édification morale et de résistance mentale de l’Être humain.
[xii] La tentation de Jésus le Christ par Satan, le Diable (Marc 1 : 12 – 13; Matthieu 4 : 1 – 11; Luc 4 : 1 – 13).
[xiii] Par opposition, le Bien est ‘‘tout ce qui concourt au parfait équilibre et maintien de l’ordre de la Création divine’’. ‘‘Il est tout ce qui participe ardemment à l’expression de D.ieu en tant que Principe et Énergie vitale, à l’expression de l’Amour universel en tant que Force et de la Vérité en tant que Lumière’’.
[xiv] Le Mal représente ici la ‘‘Mort’’ en tant que cessation de la vie ou les ‘‘Ténèbres’’ en tant qu’absence de Lumière.
[xv] Dans le Nouveau Testament substantiellement fondé sur la notion d’égarement de l’esprit humain par une entité extérieure, a fortiori dominatrice, l’accent est souvent mis sur la notion de ‘‘déresponsabilisation’’ de l’individu dans la commission de ses actes. Cependant, dans l’Ancien Testament qui s’appuie fondamentalement sur la notion cardinale du libre-arbitre, c’est l’éthique de responsabilité qui prime. Celle-ci entraîne que l’être humain est automatiquement et systématiquement responsable de son destin. À cet effet, il se doit de prendre toutes ses décisions de manière éclairée et inspirée par l’Être suprême en tant que Voix limpide de sa conscience intérieure. Il se doit d’arrêter de façon lucide et juste toutes ses décisions pour ne pas compromettre l’intégrité de sa vie et de celle de son environnement.
[xvi] Dans les États modernes ou contemporains, Satan serait, en réalité, l’équivalent du procureur de la justice chargé d’élaborer des lois et de les faire respecter. À ce titre, il aurait le droit d’exercer la poursuite contre les comportements qui vont directement à l’encontre des intérêts divins. Il aurait, donc, le droit d’infliger aux humains de lourdes sanctions en cas de manquements graves. Ainsi sa mission primordiale serait-elle d’éprouver l’être humain afin de s’assurer de sa loyauté sans faille envers le Créateur. En tant que super conseiller et tout-puissant ministre de la cour divine, il est le plus écouté et le plus apprécié des collaborateurs célestes. À cet égard, il a automatiquement les faveurs divines.
[xvii] Comme il est chargé de porter les accusations contre les contrevenants à la volonté divine devant le tribunal céleste, Satan est désigné par le terme ‘‘adversaire’’ ou ‘‘accusateur’’.
[xviii] Tite Live, Tacite, Sénèque, Flavius Josèphe.
[xix] C’est au nom de cette interprétation arbitraire que l’Occident chrétien s’est prévalu pour conquérir par les canons le reste de l’Humanité vivante et, ainsi, assujettir bien des Peuples d’Outre-mer. C’est au nom de cette conception binaire que le pape Nicolas V, Tommaso Parentucelli de son vrai nom, décréta spécialement une bulle au service du roi du Portugal afin d’asservir des Peuples jugés mécréants, aux mœurs barbares et définis sans âme. À cet effet, ceux-ci devraient être civilisés. C’est-à-dire : baptisés et, donc, aliénés à la chrétienté romaine. C’est également au nom de cette interprétation biaisée que les Européens ont colonisé le reste de la planète afin de leur apporter la civilisation. En d’autres termes, la culture, les traditions de développement moral et économique et de progrès matériel et technique.
Jésus est-il Fils de D.ieu ou Fils de Satan ?
Chose certaine, Jésus le Christ s’est toujours défini lorsque l’on parcourt les Évangiles Saints écrits par ses contemporains, a fortiori ses compagnons ‘‘Apôtres’’, comme le Fils de l’Homme[i] (Filius Homini en latin ou Ben-Adam [בן־אדם] en hébreu). Ce personnage biblique de la Nouvelle Alliance ou du Nouveau Testament ne s’est jamais décrit comme le Fils de D.ieu[ii]. Cette appellation ou ce qualificatif lui a été délibérément attribué par des interprétations religieuses émanant spécialement de théologiens ou de membres de la haute prêtrise égyptienne.
Il convient de constater que ce titre hautement spirituel lui a été conféré lors du célèbre concile de Nicée organisé en 325 sous l’égide de l’empereur romain Constantin. Au cours de cette conférence réunissant des membres éminents de la haute prêtrise d’Alexandrie (Égypte), deux camps fort hostiles s’affrontèrent autour du débat sur la divinité de Christ. Force est d’admettre que ce sommet est à l’origine de la doxa chrétienne sur l’identité et la personnalité éminente de Jésus dans le Livre Saint utilisé par la chrétienté.
Le premier camp fut coiffé par Athanase, un évêque d’Alexandrie, extrêmement attiré par la manière de vivre et de pratiquer le culte divin par des Chrétiens de son époque. Cette fascination l’amena à rejoindre les rangs de cette religion substantiellement fondée sur l’Amour, la Fraternité et la Charité. Pour celui-ci, ‘‘Jésus est incontestablement le Fils de D.ieu dans la mesure où le Salut de l’Homme sur la Terre passe inéluctablement entre les mains de Celui qui dispose impérativement du statut spirituel de Christ’’. Comme, bien entendu, les textes anciens, entre autres les versions grecques et romaines, le qualifiaient très nettement et très clairement de Krystos (Oint de D.ieu), il allait de soi que Jésus le Christ portât, dans cette circonstance, du fait de sa fonction prophétique, le titre messianique de Filius Dei (Fils de D.ieu).
Le deuxième camp fut personnellement représenté par le grand prêtre Arius, originaire d’Alexandrie. Il est celui de la contradiction. C’est le camp du refus ou de la négation. Pour ce courant de pensée du 4e siècle de l’ère chrétienne, Jésus n’est pas ‘‘Fils de D.ieu’’. Il est, d’abord et avant tout, un Être humain engendré[iii]. C’est-à-dire : ‘‘le Fils de l’Homme’’. Ce qualificatif met en relief sa nature humaine puisque ce dernier est pratiquement conçu par un Être en chair et en os mais créé par D.ieu. Arius s’appuie, à cet effet, sur le texte de Proverbes[iv].
Toutefois, en tant qu’Esprit hautement supérieur, Jésus demeure à toute fin pratique une interface, un intermédiaire entre D.ieu et l’Humain, sa frêle Créature. Il sied de noter que cette interprétation arianiste de Jésus le Christ a été malheureusement recalée au profit de la conception athanasienne. Il faut remarquer que cette lecture vivement plébiscitée par l’empereur romain Constantin était très fortement influencée par la théorie du Logos (Verbe) qui est au commencement de toute chose créée et incréée[v].
Par ailleurs, dans la liturgie catholique romaine promue par Vatican, Jésus le Christ est, plutôt, défini comme le fils de Lucifer (Filius Luciferi)[vi]. En effet, Lucifer en tant que Super Ange ou Archange est porteur de Lumière comme l’indique son titre honorifique. À cet égard, il est le Messager de D.ieu, son envoyé parmi les êtres humains. À ce niveau, D.ieu est défini comme la ‘‘Vérité’’ et la ‘‘Sagesse’’ qui servent pertinemment de guide humain ou de phare sociétal. Et le rôle de Satan Lucifer consiste justement à les apporter en tant qu’enseignements spirituels à l’humanité tout entière sous forme de Connaissance sacrée et de Vérité divine.
Force est de constater que Jésus et Lucifer qui est, naturellement, le pseudonyme de Satan sont tous les deux des intermédiaires divins entre D.ieu et l’Humanité. Les deux entités spirituelles sont chargées d’apporter la Lumière ou la Vérité à l’Être humain en tant que dépositaire de l’Ordre de la Création divine. Dans leur mission de révélation de la nature de D.ieu, l’une (Satan) a sévèrement connu la chute et s’est fait, par conséquent, bannir de la cour divine, et l’autre (Jésus) a connu une forte promotion et s’est fait, par conséquent, adouber dans la case du Père céleste.
Toutefois, Jésus et Satan sont-elles deux entités spirituelles ou divines imbriquées l’une dans l’autre ? Sont-elles, véritablement, à l’image de Janus, une divinité romaine, les deux faces d’une même médaille ?
Il est un fait éminemment établi que la Bible mentionne Satan dans ses lignes inspirées en termes d’esprit angélique puissant, intelligent et beau créé par D.ieu le Père. Celui-ci a été brutalement expulsé du jardin d’Éden en raison de son orgueil et de son arrogance puisqu’il a osé défier D.ieu, profaner son Saint Nom. De cet acte de défiance outrageante, il a perverti la Haute Sagesse divine qui lui servait de costume, dont il était éminemment revêtu[vii].
Si Satan est concrètement le symbole de l’orgueil et de l’arrogance, il n’en demeure pas moins vrai que Jésus le Christ est l’incarnation de l’humilité, de l’harmonie, de la paix et de la concorde qui règnent dans les cieux, règnent parfaitement entre l’humain et D.ieu. En effet, Jésus a humblement accepté dans le ‘‘Nouveau Testament’’ (Nouvelle Alliance) d’assumer sa mission comme l’Éternel la lui a vraiment confiée. À cet égard, il symbolise la fidélité envers D.ieu qui l’a conçu pour veiller à l’Ordre de la Création et à le rétablir si besoin est. Il symbolise indubitablement la loyauté envers D.ieu avec qui il forme un seul ‘‘Corps’’ et un seul ‘‘Esprit’’[viii].
Étant donné que les Livres sacrés, entre autres les Évangiles, utilisent constamment des métaphores ou des allégories pour expliciter une pensée ou expliquer un événement ou une réalité existentielle, peut-on alors affirmer que le personnage de Satan symbolise dans la Bible le phénomène du libre-arbitre en tant que faculté de jugement ? S’il en est vraiment ainsi, Jésus le Christ incarnerait-il, en revanche, la Conscience divine enfouie dans le cœur de l’Humain ?
La vraie nature de Jésus et de Satan : ‘‘le culte astral’’
En tant que personnage biblique, Jésus n’a véritablement jamais existé physiquement. En dehors de cette vérité historique, le Christ de l’Évangile bénéficie-t-il d’une autre réalité, cependant, cachée au grand public ? Ce qui est clair, le Jésus des Évangiles est en rapport avec les croyances antiques. Il est directement relié aux traditions et cultures propres aux civilisations égypto-pharaonique, perse, celtique, assyro-chaldéenne, babylonienne ou romaine.
En effet, le Christ évangélique symbolise l’astre solaire. Il incarne le Soleil dans sa majesté et sans l’énergie duquel toute vie sur terre est pratiquement impossible. Dans son voyage cosmique qui est manifestement perçu et relaté comme une vraie mission divine, celui-ci est entouré de fameux douze Apôtres. Ses compagnons qui ont une signification précise, correspondent, en réalité, aux douze signes du zodiaque, d’ailleurs, visités annuellement par cet astre.
Dans cette allégorie, il faut savoir que les quatre évangiles synoptiques ou canoniques représentent les quatre saisons de l’année civile. À savoir : le Printemps (Équinoxe), l’Été (Solstice), l’Automne (Équinoxe) et l’Hiver (Solstice)[ix]. Dans son voyage cosmique, l’astre solaire décroit progressivement dans l’Équateur céleste à compter du Solstice d’Hiver, juste après l’équinoxe de septembre, et ce pour atteindre le point le plus bas le 25 décembre[x]. Et, pendant trois jours consécutifs[xi], le Soleil dépouillé de toute énergie reste résolument campé dans la célèbre constellation de la Croix du Sud[xii] jusqu’à ce qu’il se déplace, tout d’un coup, d’un degré vers le Nord et amorce très progressivement sa montée[xiii]. Ce qui veut dire ‘‘le retour victorieux du Soleil qui annonce l’accomplissement d’activités agricoles tout à fait cruciales à la vie de la collectivité et indispensables à la survie humaine’’[xiv].
Il y a lieu de relever que cette dégradation ou cette décroissance du Soleil dans l’Équateur céleste s’observe et s’accélère lorsque cet astre louangé, objet de vénération antique, visite Scorpion. Ce qui entraîne, par conséquent, que ce signe zodiacal est qualifié de ‘‘traître’’. En effet, au cours de ce voyage cosmique dans le monde astral, Scorpion participe très activement à l’affaiblissement de l’astre solaire[xv]. Celui-ci perd visiblement toute son énergie et toute sa force. Cela se traduit sensiblement par la diminution de la longueur des jours au profit des nuits. C’est aussi à cette étape de l’année que le froid s’installe graduellement et incite l’être humain à cesser ses activités extérieures et à vivre de façon recluse pour une période plus ou moins longue[xvi].
Si Jésus le Christ représente le Soleil, en tant qu’astre qui gouverne, bien entendu, le jour, Satan symboliserait, plutôt, dans les croyances païennes, à plus forte raison romaines, la fameuse ‘‘planète Venus’’ ou l’Étoile du matin. À l’aurore, celle-ci domine le ciel par sa lumière flamboyante. Elle a cette particularité et cette singularité d’annoncer le lever du Soleil. Aussi est-elle qualifiée d’Étoile du berger puisqu’elle guide tel un phare le pasteur et le bétail avant les premières lueurs solaires en vue de gagner les pâturages.
Dans l’histoire de la Chrétienté, Jésus le Christ et Satan sont, en réalité, deux personnages bibliques les plus fascinants. Ils sont réputés se livrer une bataille violente pour le contrôle de l’histoire humaine. Celle-ci passe, inéluctablement, par l’absolue maîtrise du mental et de la conscience de l’être créé par D.ieu et vivant sur terre. De leur victoire éclatante et respective dépend très strictement le destin de l’humanité ambiante.
Force est de mentionner que ces deux entités spirituelles sont évidemment le fruit d’une conception mentale de l’être humain. À vrai dire, celles-ci n’ont jamais connu d’existence matérielle avérée ou de réalité physique certifiée. Cependant, leur invention renvoie au comportement d’un individu vivant dans la société et disposant d’un pouvoir illimité sur ses pairs ou sujets. Cette personne ne peut qu’être le roi ou l’empereur régnant sur une collectivité humaine.
Dans les communautés antiques, ce personnage unique et puissant disposait, en réalité, d’un double pouvoir dont la nature intrinsèque fut, à la fois, spirituelle puisqu’il est l’élu ou le chéri de D.ieu et matérielle puisqu’il doit assurer la sécurité de l’ensemble de ses ressortissants. Il concentrait en lui tout seul le pouvoir divin (spirituel et religieux) en tant que lieutenant de D.ieu et le pouvoir sociétal en tant que chef de guerre. En vertu de ce double pouvoir, il était également un bâtisseur d’infrastructures[xvii] et un générateur de progrès matériel. Bref un génie bienfaisant, donc bienveillant.
Dans le contexte impérial de l’époque antique, d’ailleurs, très nettement marquée par des guerres de conquête, le tout-puissant roi pouvait réduire en esclavage des populations entières. Ce dirigeant monarque était, plutôt, porté à détruire leurs cultures et traditions, à nier leur identité initiale, à trucider leur personnalité animique pour qu’elles deviennent ses sujets dociles ou ses serfs. Cette oppression inhumaine était mal vécue par les vaincus. Vivant sous le joug de l’injustice et le règne de l’arbitraire, ils étaient transformés, du jour au lendemain, par les vainqueurs en simple rebut de la société, en vrai paria, sans visibilité et sans réelle existence, sans réelle protection et sans réelle dignité.
Pour conjurer le mauvais sort[xviii] et, surtout, galvaniser la résistance, les peuples antiques ont appris à utiliser un style littéraire allusif, à faire œuvre de métaphores et d’allégories en vue de qualifier l’entreprise ‘‘répressive’’, le régime ‘‘oppressif’’ dans lequel ils vivaient. C’est ainsi qu’est apparu dans la littérature sacrée le concept du Diable ou le symbole de Satan pour dépeindre le pouvoir tyrannique ou mépriser le système esclavagiste. Pour les Juifs, le Diable ou Satan, dépendamment des époques, notamment celles périlleuses de la déportation ou de l’occupation étrangère, se référait spécifiquement au tyran qui les oppressait. Celui-ci se rapportait au régime arbitraire du despote. Il pouvait s’agir, bien entendu, de Nabuchodonosor de Babylone, de Cyrus ou Darius le Grand de Perse, de Néron de l’empire romain.
Dans le contexte actuel, naturellement, empreint de violence aveugle, de massacre des citoyens paisibles et innocents, de volonté d’extermination génocidaire, d’hégémonisme, d’assujettissement brutal des Peuples et Nations, de spoliation sauvage des ressources et de destruction virulente de la planète Terre, [notre maison commune], qui est vraiment Satan[xix] ? Qui est véritablement Jésus-Christ ?
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
www.joelasherlevycohen.centerblog.net
[i] Le Fils de l’Homme est, en vérité, une figure eschatologique des interprétations juives. Cette expression était très utilisée dans les milieux apocalyptiques judaïques surtout de l’époque postérieure à l’exil. Elle apparaît pour la première fois dans les textes de l’Ancien Testament (Livre du prophète Daniel, Daniel 7 : 13 – 14). Y compris dans les textes du prophète Ézéchiel. Le Fils de l’Homme est également un titre religieux qui a véritablement une portée messianique. Il est utilisé dans les Saints Évangiles pour mettre en exergue la personnalité prophétique de Jésus le Christ. D’ailleurs, celui-ci l’utilise pour son propre compte, donc y fait référence, lorsqu’il parle de lui à la troisième personne du singulier. Jean 8 : 28; Luc 9 : 22; 9 : 26; 12 : 18; Marc 2 : 10; Matthieu 17 : 12; 17 : 22.
[ii] En l’occurrence, il s’agit d’un titre spirituel qui témoigne d’une relation particulièrement privilégiée avec l’Éternel.
[iii] D.ieu n’a jamais été engendré ni même créé. Il est uniquement le créateur. Il créé à partir de rien (le néant). C’est lui seul qui procure la vie, le souffle de vie à tout ce qui bouge, à tout ce qui meut sur la terre, dans les mers ou dans les cieux.
[iv] Proverbes 8 : 2.
[v] Prologue de Saint-Jean.
[vii] Esaïe 14 :12 – 14; Ezéchiel 28 : 13 – 17.
[viii] Jésus représente l’éthique de responsabilité qui génère la confiance entre partenaires. D’où le sens de l’élévation, la considération et le respect.
[ix] Luc, Marc, Matthieu et Jean.
[x] Au cours de cette période de traversée zodiacale (Solstice d’Hiver), les jours sont moins longs que les nuits.
[xi] Du 21 au 25 décembre.
[xii] C’est la période de crucifixion astrologique ou astronomique (la mort symbolique de Jésus).
[xiii] C’est le processus de résurrection ou la (re)naissance de Jésus. C’est-à-dire : la victoire éclatante du Soleil sur les ténèbres. Dans le langage autant allégorique que religieux, c’est la victoire de Jésus le Christ (Jour) sur le Diable ou Satan (Nuit).
[xiv] Cette bestiole qui est sans nul conteste l’objet de tous les fantasmes, est perçue dans la mythologie religieuse ou légende antique comme le symbole inéluctable de la félonie ou du Mal (Satan) en raison de sa morsure redoutable. Pour les Chrétiens antiques, il est, plutôt, le symbole de Judas l’Iscariote pour avoir vendu le Christ aux occupants romains pour 30 sicles afin d’être crucifié.
[xv] C’est le fameux coup de poignard dans le dos.
[xvi] La terre n’est vraiment pas propice à l’ensemencement, à la moisson et à la récolte. Du mythe solaire au mythe agricole.
[xvii] Il rendait la justice au nom de D.ieu et construisait des temples au nom de l’Éternel.
[xviii] Se protéger de toute attaque arbitraire ou réplique foudroyante du Despote.
[xix] Dans le monde contemporain, tout autant que dans l’univers antique, Satan représente l’arbitraire, l’injustice, la volonté d’écrasement ou de destruction. En revanche, Christ symbolise la volonté d’affranchissement, l’esprit de liberté. En effet, Jésus, le Grand Galiléen, n’était-il pas non plus un révolutionnaire, un libérateur ?