La Certification de la Haine
La grande défaite de l'Humanité ambiante
‘‘La haine est nourrice de mauvaises pensées, souffle la calomnie, inspire les injustices, médite le crime ; et si elle couve une vengeance, elle dissimule son projet, affecte les allures de l'amitié, le ton de la bienveillance, prend tous les masques que l'hypocrisie peut lui fournir’’. Louis-Auguste Martin, Esprit moral du XIXe siècle (1855)
Par Joël Asher Lévy-Cohen
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la Haine et son corollaire, l’Intolérance, ne se sont véritablement jamais mieux portées. Ces deux sentiments destructeurs de l’Humanité ambiante sont même devenus une raison de vivre. Ils sont même devenus une raison primordiale d’espérer pour une partie somme toute non négligeable de la société, pour des esprits faibles et malades dont le rêve, à n’en point douter loufoque, est l’embrasement des Communautés vivantes.
À cet égard, la légitimation manifeste de la Haine de l'autre, donc la certification de l’intolérance, de surcroît l'homologation de la violence physique, par le [président] républicain Donald John Trump Sr des États-Unis a, malheureusement, ouvert toutes les vannes de l'intolérance en Amérique du Nord.
Très bientôt, – Ceci n’est pas, à vrai dire, une prophétie mais un constat alarmiste – les ‘‘abus’’ dirigés contre l'étranger, deviendront forcément et logiquement des faits anodins. Connaîtront de plus en plus le même sort ‘‘irresponsable’’, ‘‘inconscient’’ et ‘‘dédaigneux’’ les abus à l’encontre des sujets nationaux qui protègent vaillamment l'étranger de toute politique de discrimination et de tous actes d'intolérance.
Ces exactions, pourtant légalement répréhensibles voire moralement condamnables, deviendront même banalisées par des politiques et des États. Elles seront, surtout, justifiées par bien des esprits soi-disant éclairés au nom de la sacrosainte ‘‘liberté’’. Elles seront, surtout, défendues et étayées au nom de la ‘‘Justice’’ aveuglante et de la ‘‘démocratie’’ moribonde.
Ce qui est clair, le ‘‘Nazisme’’, – Ce Cancer incurable du XXe siècle –, a très nettement pris le dessus sur la clairvoyance. Cette idéologie sectaire, sanguinaire et mortifère a très nettement pris sa revanche sur l'histoire. Le comble du ridicule, cela se déroule aisément sous nos yeux dans les pays qui, pourtant, claironnent à longueur de journée l'avoir vaincu durablement. ‘‘Charlottesville’’ en est bien l’illustration et l'emblème ! ‘‘Virginie’’ l’esclavagiste en est bien le détonateur ! Quelle ironie ! Quelle mascarade !
Si, aujourd'hui, il y a une personne qui devrait sans aucun doute jubiler, ce serait bel et bien ‘‘Adolf Hitler’’. En voyant la captation manifeste de son discours idéologique et la reproduction fidèle de son héritage, et du modèle politique qu'il a préconisé par des puissances dites ‘‘victorieuses’’, cet être abominable, haineux posera assurément la question de savoir pourquoi il a été violemment combattu. Ce dirigeant hideux que la Haute sagesse et la morale spirituelle réprouvent, demandera, certes, à l’ensemble de ses interlocuteurs pourquoi l’Humanité hypocrite commémore réellement, avec tant de ferveur, la fin abrupte du Nazisme exterminateur. Pourtant, cette idéologie fort décriée connaît visiblement, de nos jours, une pleine expansion et une fulgurante résurgence.
Ce qui doit nous interpeller, c’est naturellement le silence amorphe des ‘‘Intellectuels’’ ! Ce qui est déplorable, c’est indéniablement l’atonie de la ‘‘Conscience Universelle’’. Ce qui est inadmissible, c’est, à n’en pas douter, la démission collective. C’est, bien sûr, la politique de l’autruche, c’est l’hypocrisie légendaire.
En effet, il fut un temps où des Voix fortes et crédibles qui défendaient l’Humanisme et l’Universalisme, s’élevaient courageusement au milieu des tempêtes, des ténèbres, de l’anarchie et du chaos pour crier justement leur colère, pour violemment dénoncer des injustices, des exactions dont pâtissent cruellement leurs pairs et contemporains. Ces voix humaines dont le cri strident ne laissait personne indifférent avaient toutes un visage et un nom. Elles distillaient un message d’amour et de paix, de fraternité et de solidarité, de liberté et de justice. Celles-ci s’appelaient Jean-Paul Sartre, Mohandas Karamchand, alias Mahatma Gandhi, Jean-Paul II, Martin Luther King, Eliezer Wiesel, dit ‘‘Elie Wiesel’’, Nelson Mandela, Abbé Pierre, Mère Teresa, etc.
Face à ce reniement délibéré, irresponsable et inconscient de l'histoire de l'Humanité, que penseraient-ils des millions de Juifs ‘‘injustement’’ déportés et ‘‘inhumainement’’ exterminés ? Que penseraient-ils des millions de Tziganes ‘‘gratuitement’’ massacrés ? Que penseraient-ils des Témoins de Jéhovah victimes de l'appareil brutal, répressif et génocidaire nazi ? Que penseraient-ils et diraient-ils des millions de Négro-africains engloutis au fond de l’océan Atlantique et de la mer Rouge, et victimes de la Traite négrière et du colonialisme oppresseur ?
‘‘Comme la haine n’a jamais fait des heureux’’, selon Pierre-Claude-Victor Boiste[i], tous ces morts arrachés brutalement à leurs familles ont-ils été sacrifiés en vain ? Tous ces morts arrachés sauvagement ont-ils été sacrifiés pour voir resurgir le Mal absolu ? Ont-ils été vainement sacrifiés en vue de finalement voir régner ad vitam aeternam la peste, le cancer qui décimera à jamais l’Humanité ?
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
[i] Pierre-Claude-Victor Boiste, Le dictionnaire universel, 1800.