RCD-Goma
Une révolution armée sans suite ?
Histoire d’une escroquerie politique…
‘‘On ne ment jamais assez avant les élections, pendant la guerre et après la chasse’’
Georges Clémenceau, Président du Conseil, République Française (1906 – 1909 et 1917 – 1920)
Par Joël Asher Lévy-Cohen*
Le 2 août 1998, le gouvernement de Laurent-Désiré Kabila qui a, d’ailleurs, marginalisé bon nombre de ses anciens camarades et, surtout, compagnons d’armes de l’AFDL, est sérieusement en porte-à-faux avec une mutinerie militaire. Au cours de cette révolte armée, le personnel en béret et kaki désire le renverser violemment. À cet égard, les combats à l’arme lourde font terriblement rage dans la capitale Kinshasa. Ces conflagrations armées, d’ailleurs, d’une virulence inouïe et d’une barbarie indicible opposent, en réalité, les forces armées congolaises (FAC), demeurées très largement fidèles à Mzee Kabila, aux mutins, pour la circonstance, soutenus techniquement et logistiquement par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
Afin de mobiliser toute la population à sa cause ‘‘délicate’’, le chef de l’État autoproclamé évoque, sans retenue, un coup d’État visiblement orchestré par trois pays limitrophes de la région des Grands Lacs africains. À savoir : le Rwanda de Pasteur Bizimungu – depuis lors défenestré par nul autre que le généralissime Paul Kagame –, le Burundi du major Pierre Buyoya et l’Ouganda du général Yoweri Kaguta Museveni. En fait, ce fameux putsch militaire est manigancé par d’anciens parrains régionaux du guérillero postmarxiste et postmaoïste. En réalité, ce pronunciamiento est ourdi par des ex-alliés et, à plus forte raison, partenaires stratégiques dans le renversement du régime dictatorial du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre. Force est de souligner en effet que les relations politiques et diplomatiques, y compris les liens de bon voisinage, qui unissaient, toutefois, de manière intime le rebelle Mzee Laurent-Désiré Kabila à ce cartel étatique, s’étaient rapidement et exécrablement détériorées.
Leurs rapports s’étaient tendus à un point tel que le recours à la violence armée était devenu pratiquement inévitable. Bien entendu, il était devenu irréversible en raison de multiples accusations de spoliation des ressources nationales directement lancées par le régime politique de Laurent-Désiré Kabila contre les États limitrophes et alliés. Ce chef de guerre ne supportait plus de se faire damer le pion par ses propres alliés et parrains dans l’exploitation et la vente des matières premières de la République démocratique du Congo.
Leurs liens étaient devenus tellement conflictuels que le recours à la force physique était inéluctable, pratiquement inévitable en raison de la révocation cavalière, peu élégante, de nombreux contrats d’exploitation d’immenses ressources précieuses et stratégiques par le gouvernement de Kinshasa, et ce au détriment de la fine fleur de la Communauté financière et minière internationale. Toutes ces richesses physiques – [autant naturelles et minérales que stratégiques et précieuses] – étaient, lors de l’épopée révolutionnaire de 1996 – 1997, pourtant inconditionnellement garanties par le condottiere ‘‘congolais’’ aussi bien aux tuteurs internationaux qu’aux parrains régionaux. Il importe d’admettre que ces trois États limitrophes jouissant, manifestement, de la bénédiction de puissants intérêts économiques et financiers d’extraction anglo-saxonne furent, à titre de parrains et d’alliés régionaux, d’ailleurs, très fortement engagés dans le renversement militaire du Maréchal-président Mobutu Sese Seko du Zaïre.
Par contre, les forces armées rebelles, en l’occurrence le RCD-Goma, qui n’ont nullement la cote auprès de la population fortement exaspérée, évoquent, dans le but de justifier leur entreprise belliciste et leur agression militaire, un despotisme qui ne porte guère son nom. Celles-ci évoquent, pour la circonstance, l’assise d’une dictature féroce dont la philosophie est en fait l’intolérance politique. Elles fustigent virulemment l’installation d’une tyrannie brutale, l’émergence d’un système arbitraire dont le discours idéologique véhicule, en réalité, le sectarisme, la discrimination d’un pan de la population nationale, pourtant, culturellement intégrée. Aussi allèguent-elles l’instauration d’un autre régime autoritaire et d’un autre pouvoir monocratique, lequel a littéralement bâillonné, pris en otage, l’ensemble du pays aux lendemains de la chute violente d’un autre tyran de triste mémoire.
C’est dans ce contexte de reniement mutuel entre partenaires qui n’ont vraiment pas su se partager le gâteau du pouvoir politique que le Peuple congolais, naturellement coincé entre deux mâchoires redoutables de la violence armée, certes pris entre les brasiers de deux forces belligérantes, découvre – comme dans un film d’horreur – le fameux groupe rebelle du ‘‘Rassemblement congolais pour la démocratie’’ (RCD). Il fait la connaissance de ce mouvement politique et militaire à la suite d’une conférence de presse qui justifie, politiquement, la mutinerie armée contre le pouvoir visiblement décrié du mercenaire Mzee Laurent-Désiré Kabila. Celui-ci fait, en réalité, la connaissance de cette formation doublement politique et militaire dans un véritable contexte de chaos et d’anarchie.
Cette situation sensiblement confuse ne permet nullement à la population de prendre immédiatement la véritable mesure de la crise politique et du conflit militaire. C’est-à-dire : ‘‘Une sale guerre d’occupation territoriale’’. Conflit dont la finalité est évidemment ‘‘le pillage meurtrier des richesses étatiques, le bradage sauvage des ressources nationales autant minérales et naturelles que précieuses et stratégiques, sur fond de balkanisation territoriale’’.
Il convient de relever que cette fameuse rébellion politico-militaire hétéroclite présente cette particularité et cette singularité de réunir les cadres politiques et chefs militaires de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL)[i]. Ce mouvement armé les associe aux résidus de factions militaires et politiques mobutistes qui ne supportent absolument guère le traitement leur réservé par le vrai-faux nouveau régime fort de Kinshasa[ii]. Aussi les associe-t-il directement aux divers débris de milices politiques et armées aussi bien lumumbistes que nationalistes[iii]. En vérité, toutes ces factions estiment avoir été ignoblement ‘‘trahies’’ par le dirigeant rebelle autoproclamé président de la République démocratique du Congo.
Il y a lieu de noter que, outre les Banyamulenges de l’AFDL, les Mobutistes et les acteurs politiques lumumbistes et nationalistes, cette rébellion politico-militaire a recruté parmi les proches compagnons de Mzee Laurent-Désiré Kabila[iv]. Ce mouvement armé proche de Kigali et de Kampala a, également, recruté parmi la crème intellectuelle[v]. Aussi a-t-il réussi à attirer d’anciens fonctionnaires internationaux[vi]. Tout comme il a réussi à attirer sans résistance des membres de l’Opposition légaliste, non armée et non-violente[vii].
Force est mentionner que le RCD jouit, à cette époque effervescente, des mêmes soutiens logistiques et techniques que la défunte AFDL qui a subverti violemment le tristement célèbre pouvoir politique du Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre et, par ricochet, démantelé le régime politique et institutionnel de la Conférence nationale souveraine (CNS). En effet, le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda qui agressent physiquement, une fois de plus, la souveraineté internationale et l’indépendance nationale de la République démocratique du Congo, lui ont évidemment apporté leurs appuis stratégiques dans le but de renverser militairement le pouvoir contesté de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Aussi bénéficie-t-il largement des mêmes appuis financiers, politiques et diplomatiques que cet ancien mouvement politico-militaire sur le plan purement international. À cet égard, la Belgique – qui est, par essence, l’ancienne puissance coloniale –, la Grande-Bretagne, les États-Unis d’Amérique et, sans oublier, le très discret Canada ont été effectivement les meilleurs alliés de ladite faction rebelle.
Au début de la guerre civile, donc le 2 août 1998, cette rébellion antikabiliste établit le siège de son commandement politique et de son état-major militaire à Goma (Province du Nord-Kivu), qui est une ville interlacustre de l’Est du pays et frontalière du Rwanda. Toutefois, au début du IIIe millénaire, celui-ci est très rapidement transféré à Kisangani (Province Orientale), de surcroît, la troisième ville du pays. Volonté d’émancipation ou volonté de séduction du Peuple congolais ? Ce qui est sûr, ce transfert de siège politique et militaire est rapidement opéré dans le but de gommer toute filiation avec le Rwanda. Il se justifie dans la mesure où le Peuple congolais voit, plutôt, dans cette organisation politico-militaire un cheval de Troie du général-président Paul Kagame, qui plus est un bras armé de ce petit pays voisin dans le but de balkaniser littéralement le majestueux territoire national.
À compter du 2 août 1998, le RCD-Goma, en tant que mouvement armé anti-Kabila, a réellement connu une trajectoire en dents de scie. En vérité, il a connu toute une série de fractures et de défections politiques dans son cheminement révolutionnaire. Et non des moindres. En effet, cette organisation politique et militaire a bel et bien implosé, éclaté, en maintes factions armées autonomes, d’ailleurs d’importance fortement inégale.
Cette rébellion armée a, effectivement, donné naissance au RCD/ML[viii] d’Antipas Mbusa Nyamwisi. Ce groupe est solidement implanté dans le Maniema frontalier de l’Ouganda. Il s’appuie exclusivement sur les ressortissants de l’ethnie nande. Cette faction politique et militaire particulièrement concentrée dans l’Est du pays finit par s’allier, on ne peut plus tard, au MLC[ix] de l’affairiste postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo. Aussi a-t-elle donné naissance au RCD/N[x] de Roger Lumbala Tshitenga.
Ce mouvement politico-militaire dont l’affiliation rwandaise l’a énormément desservi, faut-il le rappeler, a en réalité vécu plusieurs départs de ses cadres les plus éminents. Il s’est vite départi des services du Pr Ernest Wamba dia Wamba pour n’avoir pas du tout réussi à séduire la province du Bas-Congo et à conquérir militairement l’Ouest du pays dont la capitale Kinshasa. Force est de souligner que cette région du pays a sérieusement souffert de multiples atrocités de cette rébellion armée au tout début de la guerre civile, d’ailleurs qualifiée par une kyrielle d’observateurs nationaux et d’experts internationaux avertis de guerre d’occupation et de pillage, en 1998.
[i]Le secrétaire général de l’AFDL Deogratias Bugera, le ministre des affaires étrangères Bizima Karaha, le chef d’état-major général de l’AFDL James Kabarebe, les avocats Azarias Ruberwa Manywa et Moïse Nyarugabo Muhizi.
[ii]Le Lieutenant Jean-Pierre Ondekane, le commandant Sylvain Mbuki, le commandant Dieudonné Kabengele, le ministre de l’information du Maréchal Mobutu, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, Alexis Thambwe Mwamba, Ashila Pashi Tshibwabwa.
[iii]Le Pr Ernest Wamba dia Wamba, Lambert Mende Omalanga.
[iv]Le Dr Émile Ilunga.
[v]Le Pr Ernest Wamba dia Wamba.
[vi]Arthur Z’Ahidi Ngoma.
[vii]Roger Lumbala, Kazadi Nashanla Babandoa.
[viii]Rassemblement congolais pour la démocratie/Mouvement de libération.
[ix]Mouvement de libération du Congo.
[x]Rassemblement congolais pour la démocratie/National.
Toutefois, dans le but d’exercer son emprise militaire sur l’Est du pays, ce mouvement politique et révolutionnaire fit directement appel à l’ancien fonctionnaire international auprès de l’UNESCO, Arthur Z’Ahidi Ngoma. Cette rébellion se départit définitivement de cet acteur de premier plan à la veille du fameux Dialogue intercongolais en République Sud-Africaine (RSA). Cette rupture fut, totalement, consommée lorsque ce personnage proche des intérêts français commença à critiquer très ouvertement la prépondérance ethnique des Nilotiques tutsis dans la branche politique et militaire de ladite rébellion indubitablement proche du Rwanda. Même pour séduire le grand et richissime Katanga et, par voie de conséquence, mettre immédiatement la main sur son pactole minier, cette entreprise révolutionnaire ‘‘anti-Kabila’’ fit, momentanément, appel au fameux Dr Émile Ilunga afin d’occuper la présidence de son plus haut comité politique et militaire.
Le RCD-Goma auquel il est, sans doute, attribué de nombreux crimes imprescriptibles - dont des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et le crime de génocide -, d’ailleurs couverts par de grandes puissances internationales, tels la Belgique, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et l’ONU, est, faut-il le mentionner, signataire du protocole d’Accords de Lusaka des 10, 30 et 31 juillet, 30 et 31 août 1999. Cette organisation politique et militaire a été, en fait, partie prenante de toutes les négociations politiques intercongolaises successivement tenues à Addis-Abeba (Éthiopie) et à Gaborone (Botswana) dans l’optique de préparer et d’organiser les Assises politiques du Dialogue intercongolais (DIC). Cette rébellion armée anti-Kabila a, aussi, participé à toutes les étapes des pourparlers politiques et à toutes les commissions du DIC en Afrique du Sud en 2002 (Sun City) et 2003 (Pretoria).
Le RCD-Goma a également été, faut-il le préciser, partenaire et allié de l’UDPS au sein de la fameuse Alliance pour la sauvegarde du Dialogue intercongolais (ASD) dans le seul et unique but de relancer les pourparlers politiques intercongolais devant nécessairement déboucher sur un accord global et inclusif (AGI). En réalité, ces négociations politiques ont été, brusquement, interrompues par la signature de l’accord pirate et sectaire de l’Hôtel des Cascades, susurré par de puissants intérêts belges et américains. En principe, ceux-ci voulaient coûte que coûte tuer dans l’œuf le DIC et, par conséquent, imposer, à la faveur dudit accord controversé et suicidaire, le général-major Joseph Kabila Kabange – [d’ailleurs secondé pour la circonstance par Jean-Pierre Bemba Gombo] – à la tête de la République démocratique du Congo[i]. De ce fait, ils tenaient à matérialiser leur volonté mesquine de poursuivre incessamment l’entreprise de pillage léopoldien des ressources nationales et richesses étatiques.
Donc, cette fameuse entente marginalisait, à vrai dire, le RCD-Goma tout à fait proche de Kigali. Il faut mentionner que cet accord clandestin impliquait directement les rebelles armés du Mouvement de libération du Congo (MLC) mené par l’affairiste postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo et la faction belligérante de Kinshasa dirigée par le général-major Joseph Kabila Kabange. Celui-ci avait certes pour effet de balkaniser le majestueux territoire national. Aussi avait-il assurément pour effet de démembrer et de désintégrer complètement la République démocratique du Congo au profit des belligérants. D’autant plus que l’Est d’ailleurs assujetti à un pillage des plus sauvage et meurtrier devait rester sous l’influence permanente du RCD-Goma, l’Ouest complètement endormi et placé sous le joug du pouvoir de Kinshasa et le Nord tenu au respect à coup de bâton et soumis à la merci du MLC.
Il ne fait aucun doute que le pacte de l’hôtel des Cascades a donné lieu à une corruption sans précédent touchant différents acteurs politiques. Aussi cette entente certes décriée fut-elle endossée par un certain nombre d’opérateurs nationaux émanant de la Société civile. Ceux-ci furent en réalité plus préoccupés et plus soucieux de se remplir les poches que de s’occuper consciencieusement de l’avenir politique oh ! Combien hypothéqué de la Nation et du Peuple.
C’est dans ce contexte pathétique qu’intervient rapidement la constitution de l’ASD dont les piliers fondamentaux sont l’UDPS sur le plan politique et le RCD-Goma sur le terrain militaire. Cette plateforme circonstancielle avait effectivement pour objectif primordial la relance des pourparlers politiques intercongolais et la démocratisation du pays. Mais, en réalité, le véritable corollaire de cette plateforme stratégique a été indéniablement le maintien de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. Donc, son principal crédit fut la matérialisation effective de la réunification de la Nation.
Si elle a réellement réussi à mener à terme la reprise des négociations politiques soldées, d’ailleurs, par un accord, quoi que tout à fait controversé[ii], l’ASD n’a véritablement pas du tout réussi à concrétiser la démocratisation politique et la libération nationale de la tyrannie sanguinaire. Alors que cela a été, en vérité, son objectif le plus fondamental. En effet, cette association circonstancielle entre l’UDPS et le RCD-Goma n’a pas survécu aux lendemains de la signature de l’AGI. Cette plateforme a été complètement liquidée dans la mesure où la formation politique très chère à Étienne Tshisekedi wa Mulumba n’a pas participé, contrairement à son partenaire et allié stratégique de l’ASD, aux institutions politiques et citoyennes de la Transition couvrant, bien sûr, la période triennale de 2003 à 2006.
À titre de rappel, contrairement au gentleman agreement négocié par toutes les parties protagonistes, accordant à l’UDPS et a fortiori à Étienne Tshisekedi wa Mulumba, la vice-présidence chargée de la Commission sociale et culturelle de la Transition politique de 2003 à 2006, ce poste a complètement échappé au leader charismatique de l’Opposition politique et démocratique au profit d’Arthur Z’Ahidi Ngoma. Manigance politique voire diplomatique oblige, celui-ci est attribué à un ancien belligérant qui a prêté allégeance politique au pouvoir de Kinshasa. Ceci bien entendu grâce à la complicité indiscutable de la Communauté internationale (Belgique et France) et la duplicité avérée du Médiateur sénégalais Moustapha Niasse qui a soumis la procédure de nomination à cette fonction à la votation.
"Ce tripatouillage de l'ancien Premier ministre sénégalais aux allures de coup de force politique et diplomatique violait, ainsi, l’esprit et la lettre de l’AGI. En effet, ce pacte intercongolais prévoyait, certes, l’adoption et l’application de toutes décisions, ainsi que l’attribution de chaque poste, par voie consensuelle."
Par ailleurs, cette vice-présidence a échappé à l’UDPS et à Étienne Tshisekedi wa Mulumba grâce à la collusion indéniable du MLC de l’homme d’affaires Jean-Pierre Bemba Gombo et du PPRD de Joseph Kabila Kabange. Aussi ce poste a-t-il échappé à cette formation et à son leader grâce à la collusion d’une frange importante de l’Opposition politique et de la Société civile, d’ailleurs, très largement fabriquées par de puissants intérêts extérieurs. C’est cette violation manifeste de l’Accord intercongolais de paix de Pretoria combinée avec la conjuration avérée des bailleurs de fonds internationaux qui incita littéralement l’UDPS, suite aux vives recommandations d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba, à ne point participer à toutes les instances politiques et citoyennes de la Transition.
Signataire de l’AGI, le RCD-Goma participe, activement, à la fameuse Transition politique de 2003 à 2006. À ce titre, cette rébellion politico-militaire occupe, en vertu de ladite entente, la vice-présidence de la République chargée de la toute-puissante Commission ‘‘Politique, Défense et Sécurité’’. Elle occupe cette Institution hautement stratégique par l’entremise de Me Azarias Ruberwa Manywa. Aussi obtient-elle dans la foulée le poste de deuxième vice-président de l’Assemblée nationale. Celui-ci est, d’ailleurs, occupé par le médecin Adolphe Onosumba Yembe, qui est de surcroît le président de ce parti politique et militaire. Au niveau gouvernemental, ce mouvement armé qui a, effectivement, du mal à trouver ses vraies marques, se voit également gratifier de prestigieux ministères de la défense nationale et anciens combattants, ainsi que celui de l’éducation nationale.
Il est un fait établi qu’au cours de la Transition politique de 2003 à 2006, le RCD-Goma ne sait véritablement pas se renouveler. Cette formation ne sait pas du tout s’adapter au contexte socioculturel ambiant en tant que formation politique. Il ne sait même pas se moderniser. Il ne sait pas orienter son discours idéologique malgré sa transformation en parti politique.
Cette organisation militaire directement issue de la rébellion armée anti-Kabila ne sait pas non plus conquérir politiquement les autres espaces régionaux du pays. Elle ne sait pas s’ouvrir très largement aux autres bases ethniques en vue de recruter de meilleurs éléments lui permettant de porter haut son idéal et son discours. Elle se mue, plutôt, en porte-parole de la minorité tutsie. Cette attitude de repli sur soi est, surtout, perceptible lors de la mémorable crise de Minembwe, minuscule territoire disputé violemment par les ressortissants banyamulenges aux populations autochtones du Kivu. Pourtant, lors de sa mise en orbite le 2 août 1998, ce mouvement armé rebelle présentait visiblement un visage plutôt pluriel !
Les tergiversations politiques du RCD-Goma sur la prise militaire de Bukavu (chef-lieu du Sud-Kivu) par un de ses hauts cadres militaires, le colonel Jules Mutebusi, aggravent incontestablement le fossé abyssal avec le reste du pays. Elles accentuent définitivement les suspicions qu’alimente, à profusion, la majorité absolue de la population congolaise. Elles légitiment les appréhensions qu’entretient celle-ci sur ses velléités expansionnistes et ses ambitions ‘‘partitionnistes’’.
Toutefois, le divorce politique du RCD-Goma d’avec l’ensemble du Peuple congolais est définitivement consommé lorsque son aile dirigeante banyamulenge prend réellement fait et cause en faveur de toutes revendications aussi bien identitaires que foncières du ‘‘Conseil national pour la défense du peuple (CNDP)’’. À la faveur du processus de paix Amani, ce bras armé finit par fondre dans les structures politiques et gouvernementales. Ce mouvement politico-militaire qui dérive en fait du RCD-Goma, est d’ailleurs dirigé par nul autre de ses anciens cadres que le général-pasteur Laurent Nkundabatware Mihigo, dit ‘‘Laurent Nkunda’’.
Ce chef de guerre tutsi banyamulenge réputé donner énormément du fil à retordre aux autorités politiques et gouvernementales au Nord-Kivu, est depuis cette période trouble l’objet d’un mandat d’arrêt national émis par le pouvoir de Kinshasa. Officiellement, ce seigneur de guerre est séquestré au Rwanda où il s’est, d’ailleurs, certes réfugié. Mais, officieusement, rapporte-t-on, son ombre longiligne a été vue, et ce à maintes reprises, à la base militaire de Kitona et aussi à Kimpese (une localité située à 150 Km de la capitale Kinshasa). À en croire certaines indiscrétions, celle-ci aurait même été aperçue, vue dans cette riche Province pétrolifère du Bas-Congo. Entre autres pendant les effervescentes périodes préélectorale, électorale et postélectorale (2011), signale-t-on.
Par ailleurs, le RCD-Goma jouant sensiblement la carte de l’ouverture démocratique et le jeu institutionnel de la Transition politique, a bel et bien participé à la présidentielle et aux législatives de 2006. Aussi a-t-il largement, activement, participé aux sénatoriales et aux provinciales. Au cours de ces élections, il a malheureusement mordu la poussière. Il a réalisé ses pires scores politiques.
Me Azarias Ruberwa Manywa qui était manifestement son porte-étendard, qui défendait pourtant toutes ses couleurs au scrutin présidentiel, a réellement fait piètre figure. Cette formation politico-militaire n’a même pas fait élire un seul ressortissant tutsi nilotique, fût-il munyamulenge ou munyamasisi à la chambre des Représentants (chambre basse de l’Assemblée nationale). Toutefois, à la chambre haute (le Sénat), un de ses plus hauts cadres politiques et administratifs, en l’occurrence Me Moïse Nyarugabo Muhizi, a réussi à faire, heureusement, son entrée triomphale pour une mandature de six ans. Depuis lors, cet avocat n’a jamais remis son mandat en jeu…
Par ailleurs, les toutes dernières élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011, lesquelles ont réellement fait couler beaucoup d’encre et de salive, voire beaucoup de sang, n’ont pratiquement pas enregistré la présence des candidats du RCD-Goma tout à fait proche de Kigali. Il importe de reconnaître que cette organisation fut pourtant, à une certaine époque révolue, la force militaire la mieux équipée et la mieux entraînée du pays mais aussi une force politique redoutable, incontournable. Toute la question est de savoir les raisons profondes de cette réelle et soudaine ‘‘disparition’’ politique. S’agit-il, en réalité, d’une hibernation préméditée ? Est-ce en fait un repli stratégique délibéré ?
Par ailleurs, l’aphonie du RCD-Goma doit-elle être effectivement considérée comme un geste relevant pratiquement du hara-kiri politique ? S’agit-il manifestement d’un acte ou d’une opération s’apparentant plutôt à un solde de tout compte dans la vie nationale ? S’agit-il à vrai dire d’une simple reconversion ou réorientation politique ? À ce propos, est-il question d’une recomposition militaire dudit mouvement révolutionnaire ? S’agit-il par contre d’un vrai sabordage politique délibéré et d’une véritable refonte stratégique en d’autres structures politiques et militaires [tels le CNDP ou le fameux M23] ?
Par conséquent, le RCD-Goma, grand absent ou grand oublié des élections présidentielle et législatives de 2011 ? Quelle mission politique ou militaire s’assigne-t-il dorénavant ? Quel rôle compte-t-il réellement jouer dans les prochains jours, dans les semaines, mois et années à venir au sein de l’espace national ? L’avenir le dira très certainement.
Cependant, une chose est sûre et certaine, le RCD-Goma entame son démantèlement progressif aux lendemains de la signature du processus de paix Amani de 2008 à Goma (Nord-Kivu). Force est de constater que celui-ci devait sceller définitivement la paix et la concorde dans cette immense région instable qu’est effectivement devenu le grand Kivu. Il devait, donc, logiquement assurer l’intégrité territoriale…
Toujours est-il que ce mouvement politique et militaire est, de nos jours, définitivement sans âme. Toujours est-il que cette entreprise politique et révolutionnaire qui, au plus fort du conflit armé, s’assigne d’éradiquer l’intolérance en République démocratique du Congo, est à tout point de vue sans substance. Toujours est-il que cette formation qui se fixe de rompre à tout jamais la tyrannie sanguinaire ainsi que l’immobilisme despotique, est apparemment sans vie.
Toujours est-il que cette entreprise issue directement de la mouvance révolutionnaire de l’AFDL, dont le leitmotiv politique et idéologique consiste à émasculer l’autoritarisme d’un État anachronique et irresponsable, est à vrai dire pratiquement une coquille vide. Pour quelles raisons majeures ? Celle-ci renaîtrait-elle finalement de ses cendres ? De quelle manière cette opération se ferait-elle si jamais cette hypothèse se confirmait sur le terrain politique et national ? Cette organisation politique et militaire a-t-elle encore, concrètement et logiquement parlant, un certain avenir politique et même une certaine assise en République démocratique du Congo ? A-t-elle suffisamment de ressources pour reconquérir un espace national qui lui est définitivement hostile ?
Le 20 décembre 2011, le mercenaire Joseph Kabila Kabange, un ancien de l’AFDL, prête serment devant un parterre d’invités de marque dont le président zimbabwéen Robert Gabriel Mugabe et l’Ambassadeur belge Johan Swinnen. Ce dernier personnage est, en fait, l’artisan de la proclamation de faux résultats électoraux. Il est la pierre angulaire de la mascarade ayant reporté Kabila au pouvoir en République démocratique du Congo.
Face à la réelle contestation de légitimité politique entre le général-major Joseph Kabila Kabange dont la réélection à la tête du pays est, à n’en pas douter, sujette à caution et le juriste Étienne Tshisekedi wa Mulumba dont la victoire électorale à la présidentielle du lundi 28 novembre 2011 a été certainement volée grâce à la complicité manifeste des États phares de la Communauté occidentale[iii], qu’aurait-il pu entreprendre à ce niveau le RCD-Goma, d’ailleurs proche du Rwanda limitrophe ? Ce mouvement politico-militaire aurait-il pu réellement se pencher en faveur du changement politique et démocratique d’ailleurs prôné par le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba de l’UDPS qui fut, à juste titre, son allié et partenaire au sein de l’ASD ? Aurait-il pu, par contre, se prononcer en faveur du général-major Joseph Kabila Kabange dont les origines plus que tutsies rwandaises et tanzaniennes sont, en réalité, un secret de polichinelle ?
Cette question s’impose sans doute dans la mesure où les chansons populaires exhortent sans équivoque, pendant la campagne électorale, le leader de l’UDPS à retourner Joseph Kabila Kabange au Rwanda pour avoir camouflé ses origines ethniques et tribales. Il sied de souligner que cet État limitrophe est, indubitablement, son pays de naissance et aussi celui de ses parents biologiques dont la réalité est complètement tue. D’autres slogans de campagne électorale poussent le chef de ce mouvement en faveur de la démocratie et de la liberté à extrader le jeune tyrannosaure à la Cour pénale internationale (CPI).
Face aux enjeux internationaux et nationaux de la République démocratique du Congo, le RCD-Goma aurait-il réellement été, au fil de toute son évolution politique et militaire dans l’espace national, une escroquerie révolutionnaire ? Ce qui est franchement clair et net, cette opposition armée, une fois aménagée dans la capitale Kinshasa dans le cadre de la Transition politique (2003 – 2006), entame très graduellement son retrait de la vie politique. Au cours de cet interstice où les principales forces belligérantes se taillent, à n’en point douter, la part du lion, cette organisation entame sa disparition progressive des radars politiques et médiatiques.
À partir de cet instant, l’apathie manifestée par ce mouvement révolutionnaire dont la filiation avec l’AFDL ne laissait personne indifférent, donnait, en réalité, l’impression que toute son existence politique voire militaire n’avait plus objectivement de justification à faire valoir. En fait, sur le terrain, celle-ci n’avait plus de raison dès lors que le guérillero postléniniste et poststaliniste Mzee Laurent-Désiré Kabila ne faisait manifestement plus partie de l’équation nationale. Donc, l’atonie du RCD donnait sans nul doute l’impression que toute son entreprise politique et militaire n’avait évidemment plus lieu d’être dès lors que le mobile principal de sa rébellion armée avait totalement disparu du paysage congolais et du décor politique national. À savoir : ‘‘la présence nettement remarquée et imposante de Laurent-Désiré Kabila au plus haut sommet de la République démocratique du Congo’’. Il faut comprendre par ce raisonnement son remplacement violent, dans des conditions sujettes à caution, par son beau-fils, – [a fortiori tutsi rwando-tanzanien] –, Joseph Kabila Kabange’’[iv].
[i]Le Dialogue intercongolais prévu par l’Accord de cessez-le-feu Lusaka a été conçu dans le but de renverser politiquement le régime controversé de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Dès l’assassinat de ce chef de l’État autoproclamé de la République démocratique du Congo, la communauté occidentale s’est résolue à saboter coûte que coûte ce volet politique du protocole d’Accords de Lusaka dans la mesure où son pion agissant sournoisement dans le cœur du système, Joseph Kabila Kabange, lui a immédiatement succédé dans des conditions fort nébuleuses, et ce avec la triple complicité africaine (Angola, Zimbabwe et République Sud-Africaine).
[ii]Pour garantir toute son efficacité, la nouvelle entente résultant de la seconde phase des Assises politiques intercongolaises à Pretoria (2002) et à Sun City (2003) se devait forcément et logiquement d’intégrer toutes les forces belligérantes, toutes les organisations de l’Opposition politique et démocratique, ainsi que toutes les forces vives de la Nation et tous les acteurs de la Société civile.
[iii] La Belgique, l’Union européenne (UE) et les États-Unis d’Amérique ont joué un rôle nocif dans cette joute électorale. Le peuple congolais paye, aujourd’hui, les effets de leur soutien au régime mercenaire de Joseph Kabila Kabange sous forme de violations criardes des droits fondamentaux de la personne humaine et de confiscation brutale de la démocratie.
[iv]Laurent-Désiré Kabila est décédé le 16 janvier 2011 des suites d’assassinat programmé par l’establishment occidental.
Hormis quelques présences symboliques de Me Azarias Ruberwa Manywa dans maintes manifestations politiques et civiles, d’ailleurs ciblées, – tel le congrès de l’UDPS à Limete –, le RCD-Goma disparaît définitivement de l’espace national. Il disparaît avant même de matérialiser sa principale raison d’existence qu’est ‘‘la lutte armée contre la dictature et l’intolérance à la fois politique et idéologique’’. En vérité, cette entreprise révolutionnaire disparaît avant d’atteindre son objectif cardinal, pourtant affiché et réaffirmé dans l’acte fondateur de la fameuse Alliance pour la sauvegarde du Dialogue intercongolais (ASD) : ‘‘l’édification d’un environnement politique libre et juste, digne et tolérant, solidaire et fraternel ; la constitution d’un espace démocratique essentiellement fondé sur le respect scrupuleux des droits humains fondamentaux et des libertés républicaines’’. D’ailleurs, dans le document constitutif de l’ASD, ce parti politico-militaire s’est résolument engagé à concrétiser cet idéal noble et patriotique en République démocratique du Congo en utilisant tous les moyens, sans exception, jusqu’à la victoire finale.
Or, force est d’admettre que les germes d’une société politique complètement piétinée par une tyrannie macabre, totalement écrasée par un despotisme sanguinaire subsistent toujours en République démocratique du Congo. Ceux-ci subsistent même pendant que ce mouvement politico-militaire est, effectivement, une des composantes essentielles de la Transition politique. Pourtant, les relents de la dictature féroce sont toujours présents au sein de la Nation depuis l’élection présidentielle fort controversée de 2006. Y compris celle sensiblement violente de 2011. Le régionalisme, le népotisme et l’intolérance sont toujours présents au sein de la Collectivité publique totalement bâillonnée, visiblement prise en otage par le général-major Joseph Kabila Kabange et sa meute d’artisans et de courtisans.
À ce portrait peu flatteur du régime Kabila s’ajoutent des massacres de masse, des viols de femmes, l’embrigadement de très jeunes enfants, la transformation littérale du pays en zone de non-droit. De nos jours, rien n’a vraiment changé. C’est absolument du pareil au même ! Alors, à quoi le RCD-Goma pro-Rwanda a-t-il réellement servi ? En d’autres termes, quel a vraiment été son principal objectif ?
Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que l’UDPS se fait mitrailler et bâillonner, sans autre forme de procès, par le pouvoir politique et militaire incarné par Joseph Kabila Kabange dont l’illégalité et l’illégitimité sont, d’ailleurs, en réalité indiscutables, irréfutables, sur le plan démocratique. Dans cette partie déséquilibrée où les violations massives de droits humains fondamentaux et de principes démocratiques et républicains, couvertes par de puissants intérêts extérieurs, sont à n’en point douter monnaie courante, le RCD-Goma choisit définitivement de se taire. Pourquoi ? Qu’est-ce qui justifie vraiment son manque de réactivité politique dans ces circonstances certes exceptionnelles où l’unité politique de l’État et la cohésion sociale de la communauté nationale sont pratiquement en jeu ? Qu’est-ce qui explique un tant soit peu sa léthargie politique ?
Or en 2006, cette organisation politique et militaire avait adopté le même comportement silencieux lorsque, en guise de contestation des résultats électoraux, les affrontements armés ont violemment éclaté entre Jean-Pierre Bemba Gombo et Joseph Kabila Kabange. En 2011, cette formation armée directement issue de l’AFDL historique n’hésite pas à afficher clairement la même attitude. Par conséquent, cet abandon manifeste de l’UDPS par le RCD-Goma doit-il être interprété, en vérité, de neutralité politique ? Qui ne dit mot consent, dit-on ! À cet effet, le lourd silence de ce mouvement politique et militaire est-il indéniablement coupable ? Devrait-on l’accuser sans retenue de non-assistance à peuple en danger ? Cela est d’autant plus vrai que, lorsque les agressions physiques ou verbales visaient principalement, directement les communautés banyamulenge ou banyamasisi, cette formation n’hésitait pas à monter immédiatement au créneau pour les défendre politiquement.
Bizarrement, concernant le conflit meurtrier au Grand Kasaï, lequel oppose violemment les autorités politiques, administratives et gouvernementales à une partie importante des Citoyens, le RCD ne se manifeste point. Il importe de mentionner que dans ce conflit, le pouvoir politique incarné par Joseph Kabila Kabange et certains anciens membres de l’AFDL dont est directement issu le RCD-Goma, massacre sa propre population. Pourtant, ces accrochages violents entre les deux camps auraient normalement dû l’interpeller au point même de le positionner en force médiatrice, en tant que principal défenseur des peuples opprimés, écrasés de la République démocratique du Congo (RDC). Ne serait-ce que pour [dé]montrer sa vision des enjeux nationaux ! Rien de tout cela.
Finalement, pour qui roule-t-il le RCD-Goma pro-Rwanda ? Pour Joseph Kabila Kabange qui est effectivement un sujet tutsi rwandais dont les origines ethniques et tribales ont, d’ailleurs, été dévoilées par cette formation chère au Me Azarias Ruberwa Manywa[i] ? Pour le fameux CNDP de Laurent Nkundabatware Mihigo sabordé en Mouvement du 23 mars (M-23) ? Pour l’UDPS ou le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba qui promeut littéralement la paix et la sécurité, la démocratie et la liberté de la Nation, la dignité et la justice, l’Union politique du territoire national ? Pour le Peuple congolais pratiquement victime d’un pouvoir prédateur et sanguinaire ?
Ce qui est clair et nettement irréfutable, d’anciens cadres politiques et administratifs du RCD-Goma pro-Rwanda entourent voire supportent, de nos jours, le mercenaire Joseph Kabila Kabange. Il s’agit d’Alexis Thambwe Mwamba, Lambert Mende Omalanga, Tryphon Kin-Kiey Mulumba. Ceux-ci l’accompagnent dans sa macabre volonté d’extermination de la population congolaise et dans celle éhontée de dilapidation des biens publics. Hormis Azarias Ruberwa Manywa (membre d’un gouvernement illégitime) et Moïse Nyarugabo Muhizi (membre d’un sénat illégitime et illégal), les personnalités politiques ci-dessus citées ont, néanmoins, cette particularité et cette singularité d’avoir servi fidèlement un autre tyran de sinistre mémoire et à plus forte raison massacreur du Peuple congolais. Il s’agit du Maréchal-despote ‘‘Mobutu Sese Seko du Zaïre’’.
Ce qui est absolument clair et net, les anciens supplétifs du RCD-Goma pro-Rwanda[ii], ont réellement donné un coup de main décisif à Joseph Kabila Kabange pour être réélu. Tous ces mercenaires à la solde du Rwanda ont naturellement forcé les électeurs à voter en faveur du chef de l’État sortant lors de l’élection présidentielle de 2011. Il y a lieu de relever que ce scénario similaire de ‘‘prise en otage’’ des votants s’était déjà produit en 2006 au grand Kivu lorsque les différentes forces négatives qui pullulent, essaiment et sèment la violence physique et la terreur aveugle dans cette région martyre – [Maï-Maï, FDLR, CNDP] – ont complètement vicié, pollué, le scrutin présidentiel. En effet, celles-ci se sont improvisées– au vu et au su de tout le monde – superviseur de bureaux de vote dans l’Est du pays.
Cette supervision électorale, d’ailleurs décriée, s’est opérée sans pour autant que toutes ces sectes sanguinaires et terroristes bénéficient réellement du mandat légal et officiel dûment délivré par le pouvoir électoral organisateur[iii]? Il n’en demeure pas moins vrai que la seule présence intimidante desdites forces négatives dans les centres de vote a en réalité contraint l’ensemble des électeurs de cette région à procurer sans détour leurs suffrages populaires à Joseph Kabila Kabange et ce aux dépens de l’affairiste Jean-Pierre Bemba Gombo. D’ailleurs, au cours d’une entrevue accordée en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), en septembre 2007, au journaliste indépendant américain Jackson Wilson, Joseph Kabila Kabange a évidemment confirmé toute cette information sur l’utilisation des groupes rebelles dans le processus électoral.
Ainsi, une telle information certes inquiétante a entamé l’appréciation de la crédibilité et de l’intégrité du processus démocratique dans la mesure où la liberté de voter, en tant qu’acte civique et responsable, a été visiblement bafouée. Par ailleurs, en vue de mettre en lumière son implication dans cette mascarade électorale de 2006 et, par conséquent, déterminer sa responsabilité manifeste, ce chef de l’État dont l’élection présidentielle fut entachée de fraudes et d’irrégularités avérées, à une échelle déjà insoupçonnée à cette époque, n’hésita pas à renchérir, à déclarer du même souffle : ‘‘On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs’’. Ce qui dénota, en réalité, toute sa volonté malsaine de tricher et de saboter l’expression politique et démocratique du Souverain primaire.
Force est de reconnaître que dès 2006, le seigneur de guerre ‘‘Bosco Ntaganda’’, alias Terminator, fut nettement placé sous le coup d’un mandat d’arrêt international[iv]. Celui-ci fut, d’ailleurs, délivré par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité[v]. Ce tribunal pénal international le suspectait d’avoir enrôlé de force des enfants soldats. Cependant, le gouvernement de Kinshasa refusa de le livrer à cette juridiction pénale internationale dans la mesure où il participait activement, aux côtés des forces onusiennes (MONUSCO), au démantèlement des poches de résistance et des bases arrière servant stratégiquement de zone de repli aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)[vi]. À vrai dire, toute la question est de savoir pourquoi et comment l’ONU tolérait une telle coopération armée, surtout, avec un individu, pourtant, officiellement recherché par la justice internationale.
Par conséquent, il revient strictement au Secrétaire général de l’ONU de l’époque, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, d’y répondre. Il appartient, surtout, à son Envoyé spécial et, à plus forte raison, Représentant de la Mission d’observation des Nations unies pour la stabilité institutionnelle de la République démocratique du Congo (MONUSCO), l’Ambassadeur honoraire américain Roger Meece, d’éclairer la lanterne de l’opinion publique aussi bien internationale que nationale, de s’expliquer. Aussi appartient-il plus particulièrement et plus singulièrement au Conseil de sécurité de l’ONU, spécifiquement aux cinq membres permanents, d’apporter sans tarder et sans tergiversations des éclaircissements sur cet impair politique, sur cette supercherie diplomatique.
Joël Asher Lévy- Cohen
Journaliste indépendant
www.joelasherlevycohen.over-blog.com
[i]Le vice-président du RCD-Goma pro-Rwanda, le commandant Jean-Pierre Ondekane, devenu entre-temps général-major des FARDC et ministre de la défense à la faveur de l’AGI, a confirmé dans la foulée du DIC les origines tutsies rwandaises de Joseph Kabila Kabange.
[ii] Ce sont des soudards qui ont effectivement grossi les rangs du CNDP du général-pasteur Laurent Nkundabatware Mihigo, dit ‘‘Laurent Nkunda’’. L’on pourrait nommer ‘‘Bosco Ntanganda’’ de Force patriotique de libération du Congo (FPLC).
[iii]En l’occurrence deux institutions politiques et citoyennes réellement corrompues : la Commission électorale indépendante [CEI] présidée par le très controversé Abbé Apollinaire Malu-Malu Muholongu en 2006 et la fameuse Commission électorale nationale indépendante [CENI] dirigée par le pasteur méthodiste Daniel Ngoy Mulunda en 2011).
[iv] Ce chef de guerre tutsi rwandais fut, dans l’entretemps, élevé au rang de général au sein de l’armée nationale congolaise (FARDC), à la faveur du processus politique de paix ‘‘Amani’’,
[v]Bosco Ntanganda, alias ‘‘Terminator’’, est aujourd’hui sous les verrous. Il est un justiciable de la CPI.
[vi] Il s’agit de la branche armée de la rébellion hutue rwandaise accusée de génocide de 1994 au Rwanda.