‘‘Balkanisation’’ ou ‘‘Confédération’’ ?
Quelle solution viable pour la République démocratique du Congo ?
Par Joël Asher Lévy-Cohen*
Le jeudi 30 juin 1960, la République démocratique du Congo sise au cœur de l’Afrique et de la région des Grands Lacs africains accédait, non sans optimisme béat, au concert des Nations souveraines et indépendantes. D’ailleurs, à cette époque de la décolonisation du Tiers-Monde, ce nouvel État suscitait autant satisfaction et enthousiasme qu’espoir et émulation dans tous les autres pays du Continent, du fait de son rayonnement politique et culturel, de ses richesses incommensurables et, surtout, de sa place éminente dans cette nouvelle configuration géopolitique de l’Afrique et du Monde. Mais, ce sentiment de béatitude généralisée s’est, très rapidement, évaporé. Il s’est, très vite, évanoui en vue de laisser finalement place à un sentiment de vide émotionnel relativement à l’inconnu et à l’incertitude, d’ailleurs, générée par une kyrielle d’événements sombres. À vrai dire, cette euphorie a finalement laissé place au grand désenchantement.
Cette désillusion fut, donc, naturellement provoquée, créée par le sécessionnisme autant fédéraliste que nationaliste ou lumumbiste. Ce mouvement a paralysé le fonctionnement politique et administratif de l’État. Cette idéologie séparatiste a également porté un coup dur, fatal, à l’expansion et à la prospérité économique de la Nation par la monopolisation violente des richesses matérielles de différentes provinces séditieuses. Cela se produit au détriment de l’État central. Aussi a-t-elle irrémédiablement compromis la concorde et l’harmonie nationales en provoquant, en encourageant littéralement des affrontements interethniques d’une barbarie indicible.
Cette désillusion fut, également, accentuée par les rébellions armées récursives. Toutes ces guerres civiles successives furent indubitablement dictées par des intérêts aussi bien idéologiques (la guerre froide issue de l’ordre bipolaire de Yalta) qu’économiques (les puissances industrielles occidentales). Dans leur entreprise pourtant révolutionnaire, ces mouvements politico-militaires, quoi que justifiés et légitimes à certains égards, ont certes exécrablement empoisonné la vie politique et sociale de l’ensemble du pays. Dans leur expression belligérante, ils ont malheureusement contribué à neutraliser, à torpiller toute idée de réconciliation entre les divers pans de la Collectivité nationale en raison de l’esprit d’intolérance voire de vengeance génocidaire qui les animait intrinsèquement.
Cette désillusion fut, surtout, aggravée par la tyrannie en tant que système macabre qui a réussi à chosifier l’être congolais. Reproduisant fidèlement le modèle colonial pourtant décrié, vilipendé sur le plan discursif, ce régime politique fondé essentiellement sur la ‘‘privation’’ a confisqué les libertés publiques et les droits fondamentaux de la personne humaine. Par conséquent, ce pouvoir a contribué à inhiber irréversiblement toute notion de créativité, tout principe d’engagement citoyen [la notion angulaire de participation politique et démocratique] et toute idée de patriotisme.
Fonctionnant habituellement selon le principe de privation, d’ailleurs propre au pouvoir totalitaire, la tyrannie a, en réalité, réussi à confisquer l’appareil politique et sécuritaire de l’État, ainsi que l’administration publique. Elle a, naturellement, réussi à les détourner de leur mission primordiale que sont en vérité la sécurité et la justice, l’harmonie et la paix, la liberté et la dignité, l’équité et le bonheur. Pis, la dictature féroce a même réussi à privatiser l’État et l’Administration publique. Elle a même réussi à les transformer en de simples biens privés à la solde exclusive du despote et de sa famille biologique. Aussi a-t-elle réussi à les mettre au service de la meute de courtisans et d’artisans.
Il appert que ce pays, pourtant promis à un si bel avenir, a très vite déchanté en raison de l’immaturité de sa classe dirigeante et de l’irresponsabilité de son élite intellectuelle. Il a très tôt déchanté à cause de l’analphabétisme aussi bien politique que culturel avéré de sa population. Aussi a-t-il rapidement déchanté en raison de la résignation de maints Esprits Éclairés. D’ailleurs, aujourd’hui, conséquence effective de cette démission on ne peut plus généralisée, la République démocratique du Congo (RDC) est, manifestement, mise sous tutelle par la Communauté occidentale.
La désillusion populaire est tellement énorme voire justifiée que cet État sis au cœur de l’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs traîne, à n’en point douter, la jambe dans bon nombre de domaines névralgiques, stratégiques, que sont assurément la santé, l’instruction publique voire la protection sociale. Au regard de ses immenses ressources tant minérales et naturelles que stratégiques et précieuses, celui-ci affiche évidemment des indices de développement et de progrès inexplicables, des performances qui plus est indéfendables. Aussi affiche-t-il manifestement un taux de précarité socioéconomique que d’aucuns considèrent tout à fait injuste, estiment inconcevable pour l’ensemble de sa population visiblement saignée à blanc. Force est de reconnaître que ce portrait peu reluisant ne peut que susciter, logiquement et forcément, la vive indignation des Esprits Éclairés et la révolte [brutale] des Bonnes Consciences.
Par conséquent, à l’occasion du cinquante-septième anniversaire de sa souveraineté internationale et de son indépendance nationale, il convient de se poser très froidement la question de savoir si ce pays majestueux et richissime est, à vrai dire, un État viable. Il importe en effet de se poser froidement la question de savoir si ce pays est en principe capable d’assumer son destin politique dans la mesure où toutes ses autorités politiques et gouvernementales sont, en réalité, des valets patentés des puissances étrangères. Les dirigeants congolais sont des laquais certifiés des intérêts obscurs et non pas le véritable reflet ou l’incarnation de la souveraineté populaire. Aussi y a-t-il lieu de se poser très fermement la question de savoir si cet État devenu la proie facile des intérêts maffieux ou des puissances ténébreuses est à même d’assurer un avenir somme toute respectable et louable à l’ensemble de ses ressortissants.
Toutes ces questions méritent, certes, d’être soulevées pour la simple et bonne raison qu’il existe naturellement un trou béant, un fossé abyssal entre l’abondance inestimable des richesses du pays et la condition infrahumaine de sa population. Elles méritent, sans doute, d’être mises en exergue d’autant plus que tous les ressortissants de la République démocratique du Congo n’ont pas à vrai dire le statut démocratique de Citoyen. En effet, ceux-ci jouissent plutôt sur le terrain national du statut de forçat d’un système totalitaire ou de celui d’esclave d’une colonie autochtone.
Aussi toutes ces questions méritent-elles d’être soulignées avec force dans la mesure où, dès le lendemain de l’indépendance, le Peuple congolais se bat continuellement contre ses propres dirigeants politiques, administratifs et gouvernementaux. En fait, celui-ci les combat régulièrement dans le but de se libérer de leurs turpitudes assassines. Il cherche obstinément à se défaire de sa classe politique dirigeante, à s’émanciper coûte que coûte de ses visions archaïques, qui plus est destructrices pour la Collectivité publique.
Ce qui est tout à fait clair, dans sa configuration actuelle, la République démocratique du Congo doit être complètement revue et corrigée, remaniée et revampée. Donc, cet État indépendant et souverain sur papier doit être liquidé à l’instar d’une entreprise tombée en faillite. En effet, ce pays a, lamentablement, échoué dans sa vocation d’État à assurer son intégrité territoriale. Il s’avère pratiquement ‘‘incapable’’ de déployer sa puissance publique et d’exercer toute son autorité politique, gouvernementale et administrative sur l’ensemble du territoire national dont des portions importantes sont réellement sous la coupe des seigneurs de guerre ou [saigneurs de paix]. Il sied d’admettre que toutes ces forces négatives qui ont, effectivement, trouvé en République démocratique du Congo un terrain vierge pour brasser des affaires juteuses, agissent d’ailleurs en toute impunité et toute quiétude. D’aucuns diraient avec la complicité évidente des puissances extérieures dont l’Occident en général et l’ONU en particulier.
Ce qui est sûr et certain, en l’état actuel des choses, la République démocratique du Congo doit être, sans autre forme de procès, liquidée pour n’avoir pas véritablement pu ou su apporter et, par conséquent, assurer un développement harmonieux à ses pans régionaux. En effet, aucune province n’a connu en cinquante-sept ans d’indépendance ou d’existence politique une véritable expansion économique et sociale, d’ailleurs digne de ce nom. Aucune n’a vraiment pu ou su se développer à partir de ses propres richesses potentielles ou réelles. Toutes ces ressources matérielles ont toujours été plutôt, sur le terrain national, l’objet de bradage meurtrier. Elles ont toujours été victimes de pillage léopoldien. À cet effet, un seul mot, – c’est-à-dire une seule réalité quotidienne –, résume parfaitement le sort épouvantable et inconcevable de toutes ces provinces congolaises pressées comme un juteux citron : ‘‘l’hémorragie’’. C’est-à-dire ‘‘la captation économique ou la prédation industrielle’’.
Ce qui est absolument sûr, la République démocratique du Congo doit être liquidée dans sa forme actuelle. Elle doit être démantelée pour n’avoir pas su procurer à sa population la sécurité et le confort dont elle a, en réalité, nécessairement besoin pour s’épanouir en tant qu’être humain et Peuple digne. Celle-ci n’a pratiquement pas pu ou su profiter de l’exploitation réelle des richesses matérielles de son sol et son sous-sol dans la mesure où elle vit constamment dans des conditions infrahumaines.
En effet, le Peuple congolais est dépourvu voire délibérément privé de toute protection sociale lui permettant de se prendre en charge. Donc, celui-ci est arbitrairement privé de tout moyen d’assurer pratiquement tous ses besoins élémentaires, sa vie quotidienne. Il est délibérément privé d’emploi, de revenus décents, de soins de santé, d’eau potable et d’électricité, d’alimentation et de nutrition, de protéines et de vitamines, de transport et de logement, d’instruction et de justice, de démocratie et de liberté, de sécurité et de paix. Bref de dignité. Donc de vie décente et saine. Qui dit mieux ?
Face à un tel pays postindépendant, entièrement vidé de sa substance politique par une double volonté ‘‘interne’’ et ‘‘externe’’, qui n’est véritablement État que de nom, dont la Nation relève incontestablement d’une ‘‘vue de l’esprit’’ et dont les autorités politiques, gouvernementales et administratives ne s’assument point en tant que dirigeants, y a-t-il lieu de le partitionner en plusieurs entités politiques ? Y a-t-il lieu de le démembrer en maints micro-territoires jouissant d’une indépendance politique et économique somme toute relative ? Y a-t-il lieu de le morceler en plusieurs entités politico-administratives dont la cohérence culturelle permettrait sans nul doute à l’ensemble de ses bénéficiaires de vivre très dignement puisque incontestablement victimes de la gestion centralisée de l’État unitaire ?
Face à ce mastodonte moribond, à ce colosse aux pieds d’argile incapable de se réguler et, par voie de conséquence, d’assurer son avenir politique, y a-t-il effectivement lieu de le diviser en maints États essentiellement fondés sur les affinités ethniques et culturelles autant que régionales et historiques ? À cet égard, chaque province, issue directement de la réforme politique et administrative de février 1962, pourrait-elle en fait constituer un État à part entière ? Que dire de celle prévue par la Constitution en cours qui fragmente le pays en des entités souvent non viables économiquement tout comme politiquement ?
À ce propos, il importe de souligner que le morcellement territorial est, pratiquement, à l’ordre du jour. Cette entreprise de démantèlement est même très avancée dans sa mise en œuvre sur le terrain. Elle s’avère, en réalité, une solution recommandée, souhaitée et, surtout, envisagée par les puissances internationales d’extraction occidentale. Comme en témoignent, d’ailleurs, les turbulences et violences téléguidées dans l’Est et au centre du pays.
Cela veut dire très concrètement que cette piste s’impose malheureusement au Peuple congolais sans l’expression clairement affirmée de sa volonté souveraine et, donc, de son accord. Comme elle ne requiert nullement son consentement, cette opération suscite, à n’en point douter, beaucoup de passion et surtout moult résistance. Cette idée provoque, en effet, des réactions épidermiques à cause du paramètre tutsi rwandais. Celui-ci s’est greffé par effraction, tout à fait accidentellement, sur la problématique congolaise depuis l’avènement révolutionnaire, en réalité [suicidaire], de la fameuse ‘‘Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL)’’.
Reste que la République démocratique du Congo n’est pas, par définition, une entreprise tout à fait rentable, certes viable et fiable. D’où l’impérieuse nécessité d’une refondation ou d’un remaniement. Toutefois, cela doit-il pour autant conduire immanquablement à une balkanisation territoriale ? Rien ne le justifie vraiment a priori. En effet, la réduction drastique de la taille géographique d’une entité territoriale ne garantit pas logiquement, forcément une gestion efficace, une administration efficiente des entités fabriquées pour des besoins d’exploitation sauvage. Alors, en vue de conserver nécessairement l’intégrité physique du territoire national, telle que découlant ‘‘directement’’ de la décolonisation, cette recomposition pourrait-elle prendre la forme typologique du fédéralisme ?
Ce serait absolument l’idéal ! À condition que les Congolais maîtrisent parfaitement cette dimension salutaire. Ce serait sans nul doute raisonnable d’autant que ce type de modèle étatique a, en réalité, généré une ribambelle de Nations économiquement développées et industrialisées. Il s’agit, bien entendu, des pays performants à l’image de l’Australie, du Canada, des États-Unis d’Amérique, etc.
D’ailleurs, parmi les puissances économiquement émergentes, faisant tout à fait partie intégrante du fameux BRICS[i], quatre sont des pays ou des États qui disposent, à vrai dire, d’une structure fédérale. Cette architecture se justifie, certes, à cause de l’immensité de leurs territoires respectifs. À savoir : le Brésil, l’Inde, la Russie et la République Sud-Africaine. Sans compter également que les États membres de l’Union européenne [UE] fonctionnent pratiquement selon ce même modèle typologique.
Toutefois, quel type étatique ou modèle de fédéralisme conviendrait-il très exactement à la République démocratique du Congo (RDC) ? Est-ce la Fédération à l’instar des États-Unis d’Amérique ? Est-ce la Confédération à l’image du Canada ?
La ‘‘Confédération à la canadienne’’ pourrait être une solution typologique à encourager forcément et logiquement en République démocratique du Congo parce qu’elle protège assez efficacement les identités régionales et les minorités ethnoculturelles. Celle-ci tient aisément compte des spécificités ou particularismes. Elle pourrait être recommandée parce qu’elle est à la base plus souple et même plus démocratique.
En fait, la Confédération à la canadienne est moins centralisatrice et uniformisatrice. Elle n’est pas du tout fondée sur la notion hégémonique du centre. Celui-ci est plutôt perçu et conçu comme un arbitre régulateur du système fédéral – [son rôle primordial consiste à définir les règles du jeu politique et administratif] – et un partenaire dispensateur des biens [la péréquation] pour l’équilibre de la Collectivité publique. Force est de relever que ce modèle typologique accorde plus de latitude à toutes ses entités confédérées.
Ce faisant, il faudrait tout de même admettre que, dans l’imaginaire congolais qui dérive tant de la propagande nationaliste que de l’idéologie lumumbiste, le Fédéralisme renvoie automatiquement et systématiquement à l’entreprise sécessionniste ou séparatiste. Ce modèle renvoie à l’idée de partition territoriale attribuable aux forces pro-occidentales. D’où la difficulté d’asseoir un tel modèle typologique.
En réalité, à y regarder de très près, cette assertion relève des phantasmes idéologiques. L’histoire nationale a démontré qu’elle est, tout à fait, fausse. Elle est, certes, archifausse dans la mesure où les mêmes porte-voix du lumumbisme historique et du nationalisme congolais ont réellement participé, contribué activement à la balkanisation territoriale du pays. À cet égard, ils ont artificiellement créé, sur toute l’étendue géographique de la Province orientale, la tristement célèbre République populaire du Congo dont la capitale politique et administrative fut Stanleyville (Kisangani). Elle fut politiquement animée à sa tête par Christophe Gbenye à titre de chef de l’État et Antoine Gizenga en qualité de Premier ministre.
Force est de mentionner que cet État factice n’a duré en tout et pour tout que trois ans. À savoir : de 1961 à 1964. Pour répondre, ainsi, aux exigences géopolitiques de la guerre froide issue de l’Accord de Yalta et de la bipolarité dictée par l’érection du mur de Berlin, il fut démantelé pour de bon le 24 novembre 1964 par la double intervention militaire belgo-américaine dans le cadre spécifique de l’OTAN. Ce qui eut certes pour corollaire de baliser, une année plus tard, la voie à l’avènement dictatorial du général-major Joseph-Désiré Mobutu, [alias Sese Seko kuku Ngbendu wa za Banga], de triste mémoire afin de lutter contre la pénétration du communisme en Afrique centrale et australe.
À cet effet, il convient de constater que la gestion – autant politique et économique que sociale et culturelle – de la République démocratique du Congo a nettement failli aux seules mains des griots du centralisme unitaire et administratif. Ce sont tous les hérauts de ce modèle typologique qui sont, indubitablement, comptables de la déliquescence des institutions publiques et de la faillite économique du pays. Dans ce groupe d’utopistes et d’idéalistes rêveurs, il faut classer Patrice Emery Lumumba, Mobutu Sese Seko du Zaïre, Mzee Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila Kabange. Ceux-ci n’ont jamais compris que
Donc, de par son gigantisme géographique, cet État ne peut absolument pas être géré ou administré uniquement à partir de la capitale politique et administrative Kinshasa par des administrateurs zélés qui méconnaissent souvent les réalités profondément locales et spécifiques du pays. Il y a lieu de remarquer que ces gestionnaires, réellement affublés de titres pompeux et bardés de gros parchemins universitaires, prétendent réaliser leurs exploits avec ardeur militante et ferveur politique, lucidité intellectuelle et efficacité administrative. Cependant, le Peuple congolais a naturellement pu apprécier le résultat de leur travail à la lumière de la place occupée par l’État dans le palmarès mondial et des indices de développement affichés par le pays et expérimentés par la population.
Cette note sévère, salée, infère que les dirigeants congolais n’ont jamais véritablement compris que la majesté du territoire national impliquait, par conséquent, la délégation du pouvoir politique et administratif au profit de seules entités locales et collectivités autonomes dans le but de booster le développement économique et le progrès social.
À preuve, la constitution fédérale de Luluabourg du 1er août 1964 avait permis au non moins Fédéraliste Moïse Kapenda Tshombe appelé urgemment à la rescousse d’un État fossilisé par la rébellion armée, de redresser économiquement et socialement le pays aux heures les plus sombres de son histoire. Sous son imperium,
Par conséquent, dans cette hypothèse de refondation, sans nul doute, utile et nécessaire à la République démocratique du Congo, ne faudrait-il pas réellement essayer une autre vision gestionnaire de l’État, entamer une autre recette administrative beaucoup plus consistante ? Ce qui permettrait très certainement à chaque peuple vivant sur le sol du territoire national de s’assumer pleinement et de prendre toutes ses responsabilités face à son propre destin. Sur ce point focal, tout le monde est d’avis que l’urgence s’impose. Indubitablement. Inéluctablement.
‘‘Balkanisation’’ ou ‘‘Confédération’’ ?
Telle est, en vérité, la question fondamentale qui taraude l’esprit. Devrait, dorénavant, y méditer l’ensemble de la Nation congolaise si jamais elle compte véritablement s’ouvrir les portes du développement économique et du progrès social. Une telle initiative, tout comme une telle perspective politique, permettrait assurément aux Peuples ne kongo, luba, katangais dotés de pleins talents et animés de bonne volonté nationale, de mieux s’organiser, de mieux progresser, tout comme de mieux s’épanouir dans la mesure où ils se sentent terriblement étouffés, violemment méprisés. Il ne fait aucun doute que ceux-ci se sentent littéralement écrasés. Ils se sentent amèrement déconsidérés par et dans une République démocratique du Congo unitaire et fortement centralisée.
Cela est d’autant plus vrai que ces divers peuples ne connaissent aucunement dans leurs terres ancestrales la prospérité économique aussi bien que la sécurité sociale alors qu’ils y ont pleinement droit. Comme devraient, d’ailleurs, normalement en bénéficier tous les autres ressortissants congolais des autres provinces évidemment exclues du processus de répartition [redistribution] des richesses. À cet égard, toutes les autorités politiques, gouvernementales et administratives de cet État virtuel sont manifestement réputées ne pas les traiter dignement, justement ou équitablement. Qui dit mieux ?
Cette attitude irresponsable du pouvoir central pourrait fort logiquement occasionner le démembrement du pays. À preuve, des voix s’élèvent de plus en plus dans différentes régions pour sortir carrément de la République démocratique du Congo. Certaines sont beaucoup plus structurées et plus audibles. Celles-ci ont réellement prise sur le terrain. C’est le cas incontestable de la fameuse secte politico-religieuse ‘‘Bundu dia Kongo’’ dans le Bas-Congo.
D’autres le sont visiblement moins. Leurs revendications politiques sont encore au stade de simple balbutiement. Cela est d’autant plus que les provinces d’où proviennent toutes ces aspirations, constituent par essence un terreau fertile à cause de leurs expériences historiques, aux lendemains de l’indépendance. C’est l’exemple du Katanga qui pourrait, dans un avenir rapproché, emboîter le pas. Au Kasaï, ce mouvement séparatiste n’est pas encore très explicite et même très organisé. Toutefois, il est présentement l’objet d’une profonde et mûre réflexion de la part d’une certaine élite politique et intellectuelle, aussi bien qu’économique et financière. Il finira sans doute par éclore et s’ébranler un jour. À vrai dire, ce n’est qu’une question de temps et pourquoi pas de circonstance favorable.
Donc, tôt ou tard, la balkanisation déjà, – faut-il le mentionner –, très accélérée sur le terrain, entre autres dans l’Est du territoire national, devrait s’imposer inéluctablement à la République démocratique du Congo. À cause de l’inégalité des forces en présence. D’une part, une pléthore d’intérêts internationaux dont la puissance autant politique et militaire qu’économique et financière n’est pas vraiment à ignorer voire sous-estimer, et dont la manipulation insidieuse gagne chaque jour du terrain, bénéficie impunément des complicités locales et internes. C’est-à-dire : au niveau le plus élevé de l’élite politique, de l’appareil sécuritaire de l’État et de l’administration publique.
De l’autre, l’insuffisance certes criante des ressources matérielles du Peuple. Y compris le déficit des moyens politiques et idéologiques qu’accuse cruellement la population en vue de faire face à ce phénomène dévastateur, oh ! Combien désintégrateur.
En effet, cette double conjonction interne et externe pourrait finalement avoir raison de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo (RDC). Alors, à quand la désintégration ? L’avenir le dira certainement.
Qui vivra, verra !
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
Certes, cet article exprime le point de vue de son auteur. Toutefois, sa finalité consiste à susciter un véritable débat de fond sur les enjeux fondamentaux de
Quelle en est véritablement la raison primordiale ? Est-ce, à proprement parler, un problème de fatalité liée à la condition humaine (dont la couleur de la peau ou la fameuse malédiction de Cham, fils du patriarche biblique Noé) ? Est-ce un problème d’incapacité génétique ou congénitale ? Est-ce une question d’homme insuffisamment préparé à conduire sa propre destinée ? Est-ce par contre une question de mauvaise foi ou mauvaise volonté ? Est-ce plutôt un problème d’inconscience et d’insouciance ?
À ce sujet, l’auteur vous invite à lui partager, sans passion et de manière civilisée, votre point de vue et surtout votre véritable vision de la réalité congolaise. Ceci à la lumière du dernier processus électoral qui a résolument plongé l’ensemble du pays dans l’incertitude politique et démocratique. C’est avec plaisir qu’il publiera très largement vos propositions à titre de contribution au débat sur
Une chose est absolument sûre et certaine, l’auteur épingle la gestion politique et administrative. Il attribue tous les malheurs de
D’où la question pertinente de savoir si la fameuse Constitution du 18 février 2006 inspirée par les tenants du néolibéralisme en Belgique (Université de Liège) peut en réalité permettre à la République démocratique du Congo d’ailleurs soumise à une trop forte pression internationale – ce pays est présentement sous tutelle – de relever les défis de la modernité, du développement économique et du progrès social.
[i] Brésil, Russie, Inde, République populaire de Chine, République Sud-Africaine.