République démocratique du Congo
Jeudi 30 juin 1960 - Samedi 30 juin 2018
58 ans de marche à reculons
‘‘Lorsqu’il n’y a pas d’ennemis de l’intérieur, les ennemis extérieurs ne peuvent t’atteindre’’ Proverbe africain
Par Joël Asher Lévy-Cohen
Ce samedi 30 juin 2018, la République démocratique du Congo qui a, effectivement, acquis son indépendance nationale et sa souveraineté internationale le jeudi 30 juin 1960, fête son 58e anniversaire. En fait, 58 ans représentent, dans la vie physique, un âge empreint de raison et de maturité…
Pourtant, cette célébration nationale est, évidemment, marquée du sceau d'instabilité politique grave dont le visage est, à n'en point douter, le chaos doublé d’anarchie gouvernementale. L’objectif primordial de cette crise est, en réalité, la perpétuation tous azimuts d’un système esclavagiste et négrier, criminel et arbitraire, maffieux et terroriste. Créée artificiellement par un régime brutal et, surtout, hors mandat politique et constitutionnel, celle-ci a, visiblement, pour effet de camoufler le bradage meurtrier des ressources matérielles du pays, certes, grabataire au profit exclusif de puissants intérêts internationaux et le détournement systématique et automatique des deniers publics.
Ce qui est absolument clair, la République démocratique du Congo affiche un bilan somme toute catastrophique en tant qu’État indépendant et Nation souveraine. En effet, depuis le jeudi 30 juin 1960, ce pays doté d’immenses ressources minérales et naturelles, autant que précieuses et stratégiques, n’a pratiquement pas réussi à construire un État protecteur des droits humains fondamentaux et des libertés publiques. Il n’a pas du tout réussi à bâtir un État manifestement pourvoyeur de sécurité à l’ensemble de ses ressortissants. Aussi n’a-t-il pas réussi à édifier une communauté nationale soudée, dont la conscience est fermentée à partir d’une géographie commune et d’une histoire commune liée à la traite négrière et l'exploitation coloniale.
Pendant 58 ans d’indépendance nationale et de souveraineté internationale, donc pendant 58 ans d’existence politique, la République démocratique du Congo sise au cœur de l’Afrique et de la région des Grands Lacs africains a, en réalité, assisté à la destruction systématique de l’État et de la Nation. Elle s'est littéralement enfermée dans un discours à saveur régionaliste, tribaliste et ethnique qui l'empêche vraiment de se projeter dans la modernité ambiante.
Ce pays immense et richissime, pourtant promis à un si bel avenir, a concrètement assisté à 58 ans de marche à reculons. Il a réellement connu 58 ans de marche forcée vers le sous-développement économique chronique et le sous-progrès social et humain endémique.
Son destin politique se résume à 58 ans de pillage meurtrier des ressources nationales. Il se traduit matériellement par 58 ans d’imposture politique. Aussi se révèle-t-il au grand jour par 58 ans d’étouffement des droits humains fondamentaux et des libertés publiques et, in fine, par 58 ans d’étranglement de la souveraineté populaire.
Toutefois, cette entreprise destructrice est, sur le terrain national, le fruit des imposteurs de tout acabit et des mercenaires à la fois étrangers et locaux parrainés par des puissances étrangères. Il est le fait des régimes tyranniques incarnés politiquement par Mobutu Sese Seko du Zaïre, Mzee Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila Kabange. Donc, il s’agit là d’un bilan excessivement sombre. Celui-ci présage, par voie de conséquence, un avenir des plus ténébreux. Donc un avenir des plus compromis.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
joelasherlevy@aol.com