Le Conflit de Minembwe
Une crise réelle ou artificielle ?
Il est grand temps que l’hypocrisie cesse une fois pour toutes en République démocratique du Congo à propos de la commune très controversée de Minembwe.
Il y a lieu de souligner que cette municipalité rurale a été érigée par décret ministériel en ‘‘Commune’’ par le gouvernement d’Augustin Matata Ponyo Mapon en 2013.
Le ministre de l’intérieur en charge des collectivités territoriales et entités locales à qui, certes, revenait de mettre en application cette mesure gouvernementale n’était nul autre que Richard Mujej Mangeze Mans.
En vérité, ce plus haut cadre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), d’ailleurs très proche du tristement célèbre Joseph Kabila Kabange, est actuellement gouverneur de la province du Lualaba pour le compte du Front commun pour le Congo (FCC).
Force est de rappeler qu’il n’y a pratiquement pas eu, comme par enchantement ou par miracle, de véritable tollé sur la création ministérielle de Minembwe en tant que collectivité communale sous le règne quinquennal d’Augustin Matata Ponyo Mapon.
Hormis quelques balbutiements ou protestations constatées çà et là, il n’y a vraiment jamais eu de revendication violente sur la question de Minembwe. Pour quelles raisons ?
Pourquoi toutefois les voix s’élèvent-elles subitement aujourd'hui ?
Il convient de souligner que ce premier ministre de Joseph Kabila Kabange, d’ailleurs reconduit à trois reprises à cette plus haute fonction gouvernementale, est effectivement originaire du Maniema.
Cette province de l’Est du pays est, en fait, issue de la réforme politique et administrative des collectivités régionales initiée par le Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre dans les années quatre-vingts.
En effet, le Maniema résulte de l’éclatement du grand Kivu en trois entités provinciales dont le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.
Par conséquent, qu’est-ce qui explique vraiment cette ébullition autour de la commune controversée de Minembwe ? Pourquoi cette effervescence hors proportion aujourd’hui et non hier ?
Pourquoi avoir patiemment attendu 6 ans dans le dessein d’exiger le démantèlement rapide et complet de la commune de Minembwe ?
Pourquoi réclamer subitement le démantèlement de Minembwe sous le nouveau régime de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ?
Pourquoi les ressortissants du Grand Kivu ne se sont-ils point insurgés contre la création artificielle de cette commune controversée de Minembwe sous l’ancien régime de Joseph Kabila Kabange et sous la primature d’Augustin Matata Ponyo Mapon ?
Il convient de mentionner que ces deux très grandes personnalités politiques tous deux sont apparemment originaires du Maniema…
Cette grave crise de Minembwe qui dénote une coexistence difficile entre des peuples de la région des Grands Lacs africains, oppose violemment quelques tribus locales (Barega, Babemba, …) contre des populations de souche tutsie rwandaise communément connues sous l’appellation de ‘‘Banyamulenge’’.
Ce Conflit pourrait aisément emporter la fragile cohésion nationale. Aussi ce contentieux pourrait emporter brutalement l'unité politique de la République démocratique du Congo (RDC).
Il sied de souligner que ce pays dont les richesses précieuses et stratégiques suscitent la convoitise autant des États limitrophes que de puissants intérêts économiques extérieurs est actuellement engagée militairement dans les opérations de démantèlement de toutes forces négatives dans la région des Grands Lacs africains.
Par conséquent, qui a véritablement intérêt à ce que la guerre du Kivu éclate bruyamment ? Qui a certes intérêt à ce que la République démocratique du Congo implose violemment ?
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
Le Bêtisier de la République démocratique du Congo
L’interpellation ‘‘parlementaire’’ du Ministre Azarias Ruberwa Manywa sur la création politico-administrative de la commune rurale de Minembwe
Du divertissement populaire à l’embrouillamini politique
Quand la politique est en vérité l’art de gérer les émotions populaires
‘‘La lampe du mensonge n'a pas de lumière.’’ Proverbe persan
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
Minembwe est une localité de l’Est de la République démocratique du Congo. Elle est située dans la Province du Sud-Kivu. Ce territoire qui renferme d’énormes ressources matérielles que reluquent, en fait, les compagnies transnationales[i], est pratiquement, depuis la guerre meurtrière de 1998, d’ailleurs déclenchée par le Rassemblement congolais pour la démocratie[ii] (RCD), devenu un enjeu majeur de politique nationale.
En effet, Minembwe est considéré comme le port d’attache de la communauté tutsie banyamulenge du pays[iii]. C’est ce que rejettent en bloc les ethnies autochtones. Pour ces Congolais de souche qui s’appuient essentiellement sur la cartographie ethnique et tribale produite par le colon belge en 1885, les populations tutsies rwandophones délibérément installées dans cette partie orientale du pays sont indiscutablement des allogènes. Leur terre d’origine est bel et bien le Rwanda limitrophe.
Cependant, dans le contexte des guerres meurtrières à répétition qui endeuillent l’Est de la République démocratique du Congo depuis 1996, la prétention manifeste de ces allophones est, pestent les autochtones, de ravir leurs terres ancestrales. C’est ce qui entraîne que Minembwe est devenu ipso facto une question de vie ou de mort pour lesdites communautés de base. Cette localité rurale est devenue de ce seul et unique fait une question de survie de la Nation tout entière directement issue des cendres de la décolonisation.
À ce titre, ladite localité de Minembwe hérisse évidemment des poils en République démocratique du Congo. En tant que conflit foncier, ce territoire visiblement convoité aiguise de part et d’autre des couteaux. À la simple idée d’être disputée pour les uns ou occupée pour les autres, cette localité qui est, sans aucun doute, appelée à redéfinir ce qu’est la Nation, fait naturellement appel à de bas instincts. En tant que contentieux, elle met indéniablement les nerfs à fleur de peau.
C’est ce à quoi assiste, certes, la République démocratique du Congo dès lors qu’il a été question d’installer le premier magistrat de la commune rurale de Minembwe. En effet, pour s’être rendu, selon lui, dans ce coin du pays dans le cadre de la ‘‘Caravane de la paix’’ et non point pour acter la mise en place de l’équipe municipale, le Ministre de la Décentralisation Azarias Ruberwa Manywa, à plus forte raison un ressortissant tutsi munyamulenge, donc originaire du Rwanda, a essuyé un tir groupé de critiques acerbes. Y compris des tombereaux d’insultes fusant de toutes parts…
Pourtant, sur cette question fondamentale de Minembwe, et dans le but de calmer les esprits surchauffés, le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a annoncé la suspension avec effet immédiat du décret d’application de la mise en place de cette commune rurale disputée ou occupée. En plus, ce dirigeant politique a décrété la mise en place d’un comité d’experts chargés de recommander des solutions idoines en vue de la pacification des esprits et la promotion du vivre-ensemble collectif dans cette partie moribonde du pays.
Devenue pratiquement un point majeur de discorde nationale, le dossier volcanique de Minembwe a occasionné l’interpellation du Ministre de la Décentralisation Azarias Ruberwa Manywa devant la Représentation nationale. Cet exercice démocratique par définition a permis aux différentes familles de pensée politique de s’exprimer. Celui-ci a plus donné lieu à des opérations de relations publiques que s’attaquer vraiment à la racine du problème qu’est ostensiblement la cohabitation nationale.
Face à cette comédie politique orchestrée par le Front commun du Congo (FCC) et les forces alliées de LAMUKA, il sied de rappeler que le démembrement du pays n’est pas du tout à l’ordre du jour. C’est faux et archi-faux de faire accroire à l’opinion publique nationale que Minembwe est le premier pas vers la désintégration territoriale. S’il en est ainsi, pourquoi le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) qui fut, lors du fameux conflit meurtrier de 1998 – 2002, la première force militaire du pays, plus puissante même que les troupes régulières, n’a-t-il pas pu matérialiser cet état de fait ?
Pourtant, Azarias Ruberwa Manywa qui fut à cette époque secrétaire général du RCD, avait tenté de transformer la localité de Minembwe en territoire pour les besoins de l’administration publique de l’hypothétique République du Congo de l’Est. Au vu et au su de tout le monde, ce fameux projet n’a vraiment jamais abouti sur le terrain. Alors, comment de nos jours, un tel projet funeste pourrait-il subitement et miraculeusement se concrétiser ? Tout en sachant que le RCD de triste mémoire n’existe pratiquement plus dans le paysage national en tant que force politique et même rébellion militaire…
Ce qui est clair, la création de la commune de Minembwe n’entraîne pas forcément et logiquement la balkanisation territoriale. C’est une propagande savamment menée par les ennemis de la République démocratique du Congo dans le but de provoquer une guerre civile dans l’Est du pays entre populations locales et communautés tutsies rwandophones. L’objectif, d’ailleurs, visé dans cette campagne par LAMUKA et le FCC est la provocation d’un conflit militaire de très grande envergure entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Face à cette situation sans doute dramatique, cet État limitrophe se sentira, par solidarité, dans l’urgence d’intervenir militairement et surtout par obligation de venir coûte que coûte en aide aux minorités tutsies lésées ou brimées dans leurs droits fondamentaux.
À ce propos, il importe de se remémorer les propos sans doute révélateurs d’Adolphe Muzito Fumutshi de LAMUKA. Cet acteur politique a toujours clamé qu’il travaillerait dans le sens d’empêcher par tous les moyens tout investisseur international de venir faire des affaires en RDC. Cette posture est également l’attitude adoptée par Martin Fayulu Madidi dont l’obsession majeure a toujours été de diviser le pays et de semer le chaos et l’anarchie par le truchement des affrontements interethniques[iv].
Par ailleurs, le déplacement du Ministre Azarias Ruberwa Manywa à Minembwe peut-il valoir une interpellation en bonne et due forme à l’Assemblée nationale ? Chose sûre et certaine, il y a des dossiers plus importants que le pétard mouillé de Minembwe en tant qu’entité politique et structurelle[v]. Ceux-ci nécessitent logiquement et forcément la comparution immédiate d’un membre du gouvernement devant les députés ou les délégués du peuple à l’Assemblée nationale. À titre d’exemple : les dossiers passeport national[vi], entretien des policiers et militaires de la Tanzanie[vii], Kasumbalesa[viii], ports fluviaux[ix], milices armées zambiennes sur le territoire de la RDC[x], etc. n’ont jamais été visiblement l’objet d’une quelconque interpellation parlementaire de la part de la fameuse Représentation nationale. La présidente Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi de l’Assemblée nationale et le président Alexis Thambwe Mwamba du Sénat ont-ils une explication sérieuse à fournir à ce sujet ?
En acceptant le principe démocratique de l’interpellation parlementaire du Ministre Azarias Ruberwa Manywa par la députation nationale sur la question controversée de la localité de Minembwe, Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi expose très ouvertement la RDC à l’opprobre international. Cette présidente de l’Assemblée nationale expose ouvertement ce pays à la ferme condamnation des États pairs pour acharnement sur les populations tutsies. En effet, celles-ci peuvent se servir de cet événement politique de mauvais goût pour démontrer devant les instances internationales l’antipathie des institutions politiques nationales, y compris l’intolérance réellement affirmée de tous Citoyens à l’égard des populations nilotiques. Elles peuvent, en fait, se servir de cet incident sans doute malheureux pour réclamer officiellement une portion territoriale en RDC.
Pourtant, la République démocratique du Congo voudrait, manifestement, bénéficier de la double dynamique régionale et internationale provoquée par le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI). Elle voudrait clairement en jouir dans le but de renforcer des liens souvent tendus avec des États voisins sur la question sensible de réfugiés. En fait, cette action vise à se reconstruire une virginité politique et rebâtir une santé économique qui ont indéniablement boycotté ce géant d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains depuis l’ère glaciaire du Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre.
Par ailleurs, le dossier Minembwe exploité ad nauseam par la population manipulée et une certaine classe politique qui a évidemment intérêt à la déstabilisation de la RDC donne de plus en plus lieu à des affirmations gratuites dont la fausseté n’a d’égale que la propension de l’élite nationale à la roublardise. En effet, depuis un certain moment, des voix, y compris autorisées, s’élèvent de partout pour dire, d’ailleurs, ouvertement que ‘‘les populations tutsies rwandophones de l’Est de la République démocratique du Congo ne sont point congolaises’’. Ces propos inexcusables qui relèvent purement de la démagogie politicienne, sont lancés à l’emporte-pièce pour contrarier le chef de l’État. En effet, au cours d’une visite à Londres et devant la communauté congolaise de Grande-Bretagne, le président de la République démocratique du Congo avait non sans morgue déclaré que ‘‘les Tutsis banyamulenges sont nos frères’’.
Si les Tutsis Banyamulenges ne sont pas forcément des Congolais à part entière, quid réellement du protocole d’accords de Lusaka de 1999 signés par toutes les parties protagonistes, a fortiori forces belligérantes[xi], et les pays voisins de la RDC ? Ces textes leur reconnaissent formellement la Citoyenneté congolaise. Quid de l’Accord de paix intercongolais de Pretoria de 2002 et de Sun City de 2003 ? Il convient de mentionner que cet arrangement[xii] entre Congolais en Afrique du Sud formalise leur appartenance à la Nation congolaise.
Comme quoi en République démocratique du Congo chère à Patrice Emery Lumumba, ‘‘le mensonge est, en plus d’avoir une seule et une seule jambe, mère de tromperie’’[xiii].
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
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[i] Or, uranium enrichi, pétrole, gaz, etc.
[ii] Une rébellion politico-militaire soutenue logistiquement et techniquement par le Rwanda et l’Ouganda limitrophes et parrainée par la fine fleur de la communauté internationale.
[iii] La communauté des individus d’origine rwandaise ou parlant le kinyarwanda et de morphologie nilotique.
[iv] Le débat nauséabond sur la balkanisation territoriale de la RDC à partir de Minembwe est véhiculé par les ténors politiques de LAMUKA. Celui-ci est relayé par les Princes de l’Église catholique romaine (Conférence épiscopale nationale du Congo, CENCO en sigle).
[v] Si l’érection de la commune rurale de Minembwe dans le Sud-Kivu est évidemment entachée d’irrégularités flagrantes, pourquoi ne pas porter ce décret réglementaire puisque émanant du gouvernement devant le juge administratif qu’est réellement le Conseil d’État ? La République démocratique du Congo a-t-elle vraiment besoin de toute comédie politique ?
[vi] Le marché conclu pour la fabrication du passeport congolais a permis à Joseph Kabila Kabange et sa famille biologique de toucher des redevances plus importantes que l’État congolais.
[vii] L’inspection générale des impôts (IGF) mise en place par la volonté du chef de l’État afin d’éradiquer la fuite des capitaux a mis au jour le paiement mensuel des soldats et policiers de la Tanzanie et du Rwanda avec l’argent frais du contribuable congolais ou les recettes des entreprises publiques et étatiques alors que les fonctionnaires publics et les diplomates de la RDC croupissent de longs mois voire des années sans recevoir la moitié de leurs traitements.
[viii] La dilapidation des perceptions financières destinées au Trésor public au niveau des postes douaniers de la RDC.
[ix] L’érection de multiples ports privés n’a jamais été sanctionnée par un décret officiel du gouvernement de la RDC. Toutes ces infrastructures ont été transformées en centres de perception des redevances financières. Ces points d’acquittement des taxes enrichissent la mafia qui gravite autour de l’ancien pouvoir et échappent naturellement au contrôle exclusif de l’État.
[x] Au cours d’une réunion bipartite, la Zambie a formellement reconnu n’avoir jamais envoyé des troupes armées en RDC. D’après ses services de renseignement, toutes ces milices armées lui faussement attribuées seraient, en réalité, composées de ressortissants congolais prestant en tant que mercenaires pour le compte exclusif de quelques notabilités politiques locales et polémarques marchands.
[xi] Le Mouvement de libération du Congo (MLC), le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), le gouvernement de la République démocratique du Congo, etc.
[xii] Les belligérants, l’opposition politique et non-armée, ainsi que la société civile.
[xiii] Proverbe italien (le mensonge est mère de tromperie) combiné au proverbe israélien (le mensonge a une seule jambe).