Le racisme est une maladie mentale dont les conséquences sont des plus désastreuses dans la vie pratique. En tant que pathologie, ce phénomène sociologique mène souvent à des guerres de destruction de l'être humain, à des viols de conscience. Il hypothèque la paix et l'harmonie dont l'humain a nettement besoin pour s'épanouir et vivre libre. Il tue les principes de fraternité et de solidarité qui permettent aux humains d'échanger, de commercer et, surtout, de construire un monde uni. En tant que pathologie, le racisme ôte toute humanité à l'oppresseur et toute dignité à l'opprimé.
Racisme et Ostracisme
‘‘Toute espèce de racisme conduit inévitablement à l’écrasement de l’Homme.’’ Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II (1978 – 2005).
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
S’il existe une pathologie lourde qui ronge, tout à fait, l’humanité sur le terrain de la morale, au point de la rendre évidemment grabataire et mourante, – s’il faut le dire ainsi – c’est bel et bien le ‘‘racisme’’. Cette maladie cancéreuse[i] et insidieuse témoigne, à n’en pas douter, de la déchéance lente de l’espèce humaine mais également progressive de l’être qui la définit, au point de reléguer systématiquement et automatiquement toute sa conscience, pourtant bien élevée dans l’ordre de la Création, au stade inférieur de l’animal. C’est la raison pour laquelle ce phénomène sociologique doit être, vraiment, pris au sérieux.
En effet, ce mal qui fait, réellement, perdre à l’être humain, qu’il s’agisse, bien sûr, de la personne qui discrimine son prochain[ii] toute son humanité, ou de la personne discriminée[iii] toute sa dignité, conduit, irrémédiablement à de pires exactions ou des injustices de toutes sortes. Celles-ci vont aisément des agressions de nature verbale ou de nature physique à l’élimination pure et simple des individus ou communautés vivantes en passant par ‘‘l’exclusion interprétée comme conséquence positive de la politique de discrimination raciale’’. Pis, ce cancer véritablement insidieux conduit immédiatement au refus de reconnaître catégoriquement à un être humain, tout comme à un groupe d’individus, toute une série de droits fondamentaux ou de libertés inhérentes à l’humanité.
Ce qui est sûr et certain, le racisme consiste à bâtir mentalement et physiquement des cases pour parquer des individus (assignations), les entasser selon leur statut subjectivement attribué aux fins de normalisation des rapports socioculturels. C’est-à-dire : en tenant compte de critères physiques ou caractéristiques objectives mais subjectivement interprétées pour des motifs discriminatoires, le racisme en tant que phénomène sociologique destructeur de l’humanité ambiante[iv] s’inscrit très volontiers, visiblement dans des rapports de domination de l’homme par l’homme. En tant que mal qui tue toute harmonie au sein de la société, toute relation pacifique, il s’inscrit, manifestement et définitivement, dans des rapports de ‘‘hiérarchisation’’ entre individus ou communautés humaines et vivantes.
Cette catégorisation des êtres humains sous-entend ou sous-tend mentalement le fait de coller à son prochain ou d’attribuer à son interlocuteur un statut dépréciatif. Ce qui implique logiquement et forcément un statut qui lui nie toute considération ou tout respect. En d’autres termes, le racisme qui est pratiquement la manifestation de l’arrogance intellectuelle et de la condescendance mentale est, à vrai dire, le fait d’établir une discrimination malveillante et assassine. C’est le fait de refuser délibérément de traiter la personne qui est en face de soi comme l’on voudrait normalement être traité dans son environnement immédiat et sociétal, dans la vie physique et journalière. C’est-à-dire : bénéficier d’un traitement juste et équitable, administré avec ‘‘égard’’ et ‘‘considération’’, avec ‘‘respect’’ et ‘‘bienveillance’’.
Ce qui est clair, le racisme est, par essence, ‘‘une construction intellectuelle qui consiste à dénier à son prochain toute caractéristique humaine’’. C’est ‘‘une construction mentale qui consiste à dénier à son vis-à-vis tout droit légitime et toute liberté fondamentale en raison de la couleur de sa peau, de sa religion, de sa culture, de son handicap physique ou mental[v], de sa condition de morbidité, de son genre, de son orientation sexuelle’’, etc.
C’est, en vérité, ‘‘une théorie scientifique[vi] qui consiste à effacer d’un trait de plume l’humain de sa propre espèce et dont les caractéristiques physiques diffèrent très largement pour des raisons idéologiques et matérielles. Elle consiste à déshumaniser les êtres humains en vue de leur arracher brutalement, coûte que coûte, tous leurs biens, toutes leurs richesses matérielles et immatérielles’’. C’est, en réalité, ‘‘une doctrine qui consiste à dépouiller ces individus ou groupes sociaux de toute leur dignité humaine parce qu’ils sont simplement, totalement, différents. Ils le sont, bien entendu, par la culture, la tradition, la langue, les mœurs, la spiritualité, les croyances’’. Bref totalement différents au niveau du mode de vie.
Ceci revient à dire que le racisme n’est pas du tout un épiphénomène qui surgit pratiquement de nulle part. Il ne surgit pas du néant qui est, de ce fait unique, l’œuvre du hasard. C’est, à vrai dire, le fruit de la pensée humaine, le produit de la réflexion humaine qui tue l’autre pour s’approprier toutes ses ressources ou lui priver de toutes ressources[vii].
Comme sa finalité est, bien entendu, la domination sous tous les aspects d’un être sur un autre, le racisme en tant que ‘‘comportement’’, ‘‘motivation sociale’’ et même ‘‘regard’’ ou ‘‘idéologie’’ essentiellement fondée sur la notion de race débouche inéluctablement sur la hiérarchisation systématique et automatique des êtres humains. Grâce à cet esprit de domination résultant bien sûr de la catégorisation, s’établissent, ainsi, des rapports interhumains axés foncièrement sur la règle de supériorité raciale ou le principe d’infériorisation des races. Force est de relever que cette idée de hiérarchisation des êtres humains trouve toute sa légitimité, donc toute sa justification, dans les théories scientifiques aussi bien que dans les croyances religieuses.
En effet, la science et la religion qui gouvernent manifestement les esprits humains par la diffusion du savoir et de la connaissance, nourrissent abondamment l’imaginaire social. Ces deux domaines d’édification de la ‘‘pensée’’ et de construction du ‘‘mental’’ entretiennent voire même justifient des phantasmes au sein de la société humaine. Ils définissent, par conséquent, le comportement de l’être humain dans sa relation avec son environnement sociétal, dans sa compréhension profonde de la nature qui l’entoure journellement.
Aussi la science et la religion déterminent-elles l’attitude de l’être humain dans son façonnement de la culture qui le caractérise et, en même temps, l’identifie en tant qu’individu et membre d’une communauté vivante. Pour ainsi dire, celles-ci déterminent intrinsèquement et extrinsèquement les valeurs et les principes qui fondent substantiellement sa vie personnelle. Elles construisent, donc, résolument sa manière d’étoffer sa relation intime avec l’ensemble de ses pairs, a fortiori membres d’une collectivité, dans son environnement immédiat.
Chose sûre et certaine, la religion et la science alimentent, en termes d’imagerie et même d’idées, le mental individuel et le discours social. Aussi nourrissent-elles subtilement le subconscient de l’individu en termes de préjugés ou notions préconçues. À cet égard, force est de souligner que les systèmes religieux modernes, contemporains, y compris la science au sens générique du terme, ont évidemment servi de prétexte et de légitimation à la maltraitance des peuples de la Terre tout au long de l’histoire humaine[viii].
Cette justification a été rendue possible à cause du regard subjectif savamment construit par l’élite dominante en parfaite complicité avec les dignitaires religieux et les sommités intellectuelles[ix]. Il ne fait aucun doute que la science et la religion relayées par le politique ont pleinement servi de légitimation aux différentes théories basées sur l’infériorisation des êtres humains aux fins de leur exploitation éhontée ou de leur spoliation sauvage. Ce qui revient à affirmer pertinemment que ‘‘le racisme est, par définition, la résultante de la vision politique dominante[x], du discours religieux majoritaire[xi] et du regard intellectuel inspiré par de puissants intérêts sociaux voire même mâtiné de théories scientifiques’’.
Même la science qui prétend, d’ailleurs, s’écarter tout bonnement de la superstition résultant sans nul conteste de la peur et de la confusion, – et caractérisant généralement la religion –, en vue de s’approcher le plus près et le plus vite possible de la vérité, est tombée dans les mêmes travers. En effet, guidée par des esprits éclairés ou illuminés, la science a délibérément falsifié, en dehors de toute honnêteté intellectuelle, de toute probité morale, les origines et l’histoire de l’humanité. Pour des raisons d’hégémonie culturelle et même de suprématie idéologique, elle a, en fait, sciemment et consciemment attribué certains mérites à des peuples qui ne devraient, normalement, point en jouir en matière de découverte d’une kyrielle de principes et de théories censés gouverner l’univers et la nature environnante, régir les mondes physique et spirituel[xii].
S’inspirant profondément des théories évolutionnistes de la nature, la science a attribué à des êtres vivants des caractéristiques animales[xiii]. Orientée par un certain nombre de croyances et religions suspicieuses animées par des dirigeants pathologiquement atteints dans leur âme profonde, elle a construit voire renforcé certaines mythologies racistes[xiv]. Elle a, de ce fait, délibérément associé des caractères purement physiques à des caractères moraux[xv].
Il importe de mentionner qu’au-delà de toute sa dimension purement économique, l’exploitation de l’homme par l’homme qui s’appuie substantiellement sur le racisme en tant que phénomène de hiérarchisation des rapports humains, a été mise en branle par le ‘‘politique’’. Celui-ci a, certes, fourni à ce projet de domination sous forme de colonisation, fût-elle de peuplement ou d’exploitation, nombre de moyens aussi bien juridiques que militaires. Il s’agit, donc là, des moyens de contrainte physique et morale pour réussir brutalement une telle entreprise économique en écrasant les droits humains fondamentaux, en broyant les libertés des peuples d’outre-mer considérés sous cet angle unique de ‘‘races inférieures’’.
Parmi les acteurs du monde politique très connus pour être des défenseurs de la colonisation des peuples d’outre-mer en vue de la réalisation de la plus-value économique, il y a lieu de citer ‘‘Jules Ferry’’. Pour cet amoureux de la République[xvi] et, de surcroît, farouche opposant à la royauté et aux ordres ecclésiastiques qui contrôlent très étroitement les circuits académiques et réseaux scolaires, ‘‘la France avait l’impérieux devoir de civiliser les races inférieures’’. Pour cet amoureux de la colonisation qui ne trouve, d’ailleurs, aucun scrupule à piller tous les territoires d’outre-mer ployant sous le faix de l’exploitation française, le racisme est, par voie de conséquence, une morale humaine qui offre aux peuples réputés supérieurs le privilège exclusif de spolier impunément des peuples soi-disant inférieurs[xvii]. Celui-ci n’exclut pas non plus le droit de brutaliser, de discriminer ces entités humaines somme toute déshumanisées pour les besoins de la cause à la fois capitaliste et colonialiste du XIXe siècle.
Parmi les autres ‘‘hérauts’’ invétérés de la colonisation occidentale en tant que phénomène de spoliation brutale des peuples d’outre-mer et d’exploitation éhontée des ressources économiques au détriment des autochtones, il y a également le tristement célèbre roi des Belges ‘‘Léopold II’’. Ce souverain ‘‘bâtisseur’’ est fort connu pour les exactions innommables qui entourent toute son entreprise de pillage en Afrique centrale[xviii]. Selon des experts et critiques de la colonisation, celle-ci a décimé au bas mot plus de dix millions d’individus en République démocratique du Congo[xix]. Ces victimes du capitalisme naissant furent malheureusement traitées, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, comme des esclaves – des moins que rien – dans le strict dessein de rentabiliser la production de l’hévéa, dont la demande était, certes, en très forte hausse à cette époque sauvage, pour la fabrication du caoutchouc et des pneumatiques par l’industrie automobile en plein essor.
Il ne fait aucun doute que le racisme est, par essence, un ‘‘phénomène sociologique’’. Ce terme s’inscrit, d’abord et avant tout, dans des rapports de hiérarchisation des humains et d’écrasement des êtres. Ce qui sous-tend et sous-entend, logiquement et forcément, l’idée d’exclusion forcée et d’exactions brutales. Bref l’idée d’injustices violentes et inhumaines. Force est de noter, toutefois, que ce mot sans doute riche d’histoires de sauvagerie et pratiquement chargé de tragédies humaines est de plus en plus galvaudé aujourd’hui pour en tordre le véritable sens, le vider complètement de sa vraie substance. Cette opération intellectuelle qui relève de l’escroquerie est, bien entendu, et en principe, l’œuvre détournée des adeptes de la suprématie blanche ou sympathisants d’extrême-droite en Occident chrétien.
Dans le but de discréditer coûte que coûte l’immigration des personnes originaires du Tiers-Monde ou des ex-colonies dont les relations administratives avec les institutions publiques et personnelles avec les Citoyens de la société majoritaire se sont fortement dégradées pour des motifs précisément liés à l’exclusion socioéconomique dont souffrent les populations d’origine étrangère, l’expression ‘‘racisme anti-Blancs[xx]’’ est inventée. Elle est artificiellement inventée pour diluer ou sous-estimer le phénomène de racisme qui prévaut naturellement voire survit dans des formes variées et subtiles dans les mentalités et les actions propres à la société d’accueil. Il convient de remarquer que ce nouveau concept exacerbe de manière flagrante les coutumes et traditions étrangères en opposition à la culture majoritaire. Il les fustige dans l’optique de semer réellement le doute et le rejet, la peur et l’inquiétude. Il les pointe du doigt dans l’intention manifeste de provoquer la panique sociale et l’angoisse au sein de la majorité blanche.
L’objectif manifestement visé par ce discours extrémiste préfabriqué est, en réalité, la fabrication d’une société anxiogène sous prétexte que les populations étrangères généralement ghettoïsées[xxi] ou visiblement marginalisées se conduisent en vrais conquérants dans les pays d’accueil en raison du laxisme politique et administratif qui caractérise les pouvoirs publics occidentaux. C’est en soi un discours politiquement construit pour provoquer une guerre civile de type intercommunautaire. Donc, c’est, en réalité, un discours de stigmatisation qui est littéralement destiné à déstabiliser toute la société en provoquant la violence physique et l’insécurité. Il importe de mentionner que pour renforcer ce sentiment d’insécurité qui engendre indéniablement l’angoisse auprès de la majorité, la rhétorique de la peur de l’étranger à qui on attribue évidemment tous les maux est, exploitée à fond la caisse[xxii].
Parallèlement à cette invention artificielle du concept ‘‘racisme anti-Blancs’’ qui est pratiquement hors du champ de sciences humaines et sociales, les extrémistes anti-étrangers nient violemment le concept du racisme systémique[xxiii]. Il sied de remarquer que ce phénomène plus subtil dans son application matérielle, donc en apparence difficilement perceptible[xxiv], est, pourtant, une vraie et méchante réalité que subissent très durement les membres de minorités visibles dans les sociétés occidentales[xxv].
Ce qui est clair, le ‘‘racisme anti-Blancs[xxvi]’’ relève beaucoup plus des phantasmes et des mythes que de la réalité sociale ou sociologique. C’est en fait une construction purement politique. Celle-ci est l’œuvre des idéologues d’extrême-droite.
Toutefois, ce n’est pas parce que le ‘‘racisme anti-Blancs’’ n’existe aucunement, en réalité, qu’il faille inférer qu’il n’existe nullement de problème de cohabitation pacifique entre les collectivités étrangères, par définition minoritaires, et la majorité blanche dans les sociétés d’accueil. En effet, il existe une foultitude de difficultés en matière de coexistence intercommunautaire. Celles-ci sont, en fait, le résultat des incompréhensions liées au choc frontal des civilisations et à la rencontre des traditions culturelles contradictoires et opposées.
C’est, effectivement, à ce niveau que doit s’opérer, sans hésiter, un véritable travail de pédagogie et d’éducation de la part de tous les intervenants, fussent-ils politiques, sociaux ou culturels en vue de déconstruire certaines images caricaturales tout à fait dégradantes, extrêmement dégoûtantes, erronément ou arbitrairement attribuées à l’autre dans le but de le discréditer ou de le marginaliser. À titre d’exemple, ce n’est pas parce qu’une fille occidentale et blanche s’habille en mini-jupe qu’elle est forcément une pute ou un être de peu de vertu[xxvii]. À l’inverse, ce n’est pas parce qu’une personne issue de minorité, de surcroît étrangère, est profondément religieuse ou spirituelle dans sa posture qu’elle constitue dans l’absolu, irréversiblement, un frein pour la liberté humaine au sein de la société ambiante et athéiste, qu’elle est logiquement et certainement une épine pour le vivre-ensemble collectif[xxviii].
À ce niveau, le dialogue interculturel et la tolérance intercommunautaire doivent nécessairement primer sur l’incompréhension et la bestialité. De toutes parts, les passions et les clichés négativistes doivent être mis de côté pour préserver la paix sociale, la sécurité. La bonne entente doit contribuer à asseoir l’harmonie universelle.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
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Cet article se veut un hommage à toutes les victimes du racisme, quelles qu’elles soient. Il souligne, à cet effet, le 100e anniversaire du Massacre de Tulsa dans l’État conservateur de l’Oklahoma, aux États-Unis. Aussi souligne-t-il la reconnaissance officielle par l’Allemagne du génocide du peuple héréro en Namibie au début du XXe siècle. Celui-ci a été victime d’une répression féroce dirigée par le général Lothar von Trotha, auteur d’un ordre d’extermination à son encontre. Sans oublier le peuple Nama de Namibie qui a subi des atrocités innommables de la part du colonisateur allemand à la même période. Il est, également, une occasion de se remémorer l’horrible massacre de Shaperville perpétré le 21 mars 1960 par la police blanche sud-africaine.
[i] En tant que pathologie, le racisme est la conséquence de la perturbation mentale de l’être humain. Sont porteuses de cette maladie pernicieuse, sournoise, des personnes qui souffrent d’un mental sérieusement altéré par la mythomanie consécutive au rejet systématique et automatique de l’autre.
[ii] La personne qui discrimine son prochain, agit exactement comme une ‘‘bête féroce sans conscience’’.
[iii] La personne discriminée est complètement réduite au statut dépréciatif d’une ‘‘chose sans conscience’’.
[iv] L’humanité est ici prise dans le strict sens d’élévation morale et spirituelle aussi bien que matérielle et intellectuelle de l’être humain dans son interaction sociale et quotidienne avec son prochain originaire de la même culture ou d’une culture différente.
[v] La pratique de l’eugénisme.
[vi] C’est, en fait, une œuvre conçue par l’élite sociale ou la société d’en-haut. C’est l’œuvre des penseurs et intellectuels qui exercent tous azimuts une influence décisive dans la société en vue de déterminer ou d’orienter le comportement social de leurs congénères ou contemporains, tout comme de leurs descendants en vue de garantir leurs privilèges et acquis brutalement auto-attribués.
[vii] Sous le racisme en tant que phénomène d’exclusion, se cache souvent l’esprit de convoitise et de conquête humaine.
[viii] Le christianisme et l’islamisme ont justifié, de façon outrancière, les persécutions et servitudes ignobles imposées aux peuples d’outre-mer au nom d’un dieu impitoyable et des croyances fondées sur des mythologies ‘‘racistes’’. À titre d’exemple, la malédiction de Cham, le père de Canaan, fils de Noah a réellement servi de légitimation morale ou de justification religieuse à la traite négrière tant par les Arabo-musulmans du fait de l’islamisation que les Occidentaux christianisés. Elle a naturellement servi à structurer ou organiser la société humaine autour de la thématique raciale, du discours raciste qui implique certes l’infériorisation des êtres discriminés ou la suprématie des êtres discriminants. Par ailleurs, les sciences humaines et sociales ont contribué par l’invention des concepts ou la fabrication des théories à renforcer les préjugés raciaux ou stéréotypes racistes. À titre d’exemple, les concepts ethnique et tribal exploités par l’ethnologie et l’anthropologie pour expliquer historiquement le degré d’évolution ou d’avancement des sociétés négro-africaines ont largement contribué à consolider les clichés racistes. Cela est d’autant plus vrai que celles-ci démontrent par la négation que toutes ces entités humaines sont toujours restées culturellement primitives. Elles tentent même de l’expliquer par la localisation géographique autour de l’équateur et des tropiques, y compris la climatologie largement influencée par le soleil. Pourtant, les sociétés négro-africaines ont réellement connu de grands empires qui ont fasciné le monde par leur parfaite maîtrise des sciences physiques et naturelles, de l’astronomie et de la connaissance de l’univers, de la cosmogonie et de l’eschatologie, etc.
[ix] Dans le but de coloniser les Amériques et l’Afrique, l’Occident chrétien a carrément mis, avec la complicité manifeste du Vatican et de diverses congrégations chrétiennes, l’accent sur ‘‘l’évangélisation des sauvages’’ (pour ce qui est du continent américain) ou ‘‘la conversion des païens’’ (pour ce qui est du continent africain). Toutefois, au 19e siècle directement influencé par le discours des Lumières du 18e siècle, l’accent est mis sur ‘‘l’exportation bénévole de la Civilisation aux barbares, aux personnes de race inférieure’’ et non plus sur ‘‘la conversion altruiste des païens’’.
[x] Une vision par nature conservatrice.
[xi] Ce discours religieux doit être ‘‘fondamentaliste’’ ou ‘‘intégriste’’. C’est-à-dire : réfractaire à toute évolution ou reposant rigoureusement sur une interprétation littérale.
[xii] Bon nombre de théorèmes attribués par des Occidentaux aux Grecs anciens (Pythagore, Thalès, Archimède, etc.) ont été énoncés bien avant l’avènement de la Grèce antique. Ceux-ci ont été, surtout, énoncés bien des millénaires avant par des savants de l’Égypte antique et pharaonique, d’essence négro-africaine. Dans le domaine architectural, la référence occidentale est le grec Phidias alors que dans l’ancienne antiquité, la figure de proue fut sensiblement le kemet Imhotep très relié à la construction de grandes pyramides de Gizah. Par ailleurs, le christianisme diffusé par l’Occident chrétien est, à vrai dire, un plagiat des mystères kemet essentiellement axés sur les dieux Osiris et Horus, la déesse Isis. Par contre, l’apôtre des Gentils et docteur des Nations Saint-Paul (le légionnaire romain Saul de Tarse) a réussi à incorporer au sein du christianisme les mystères d’Éleusis et d’Hermès (équivalent du dieu égyptien Thot) ou Hermès Trismégiste tardivement reçus par les Grecs et Romains.
[xiii] Des philosophes du siècle des Lumières (XVIIIe siècle), quoique n’ayant personnellement jamais mis leurs pieds en Afrique voire même rencontré dans leurs vies physiques des sujets négro-africains en chair et en os, ont conclu que ceux-ci étaient des animaux ou proches d’animaux voire même vivaient comme des animaux. Leurs écrits ou réflexions philosophiques (Emmanuel Kant, François-Marie Arouet, dit Voltaire, Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu) ont effectivement servi de moule à la justification de toutes les théories primitivistes et autres pratiques esclavagistes ou négrières ayant eu cours dans leurs univers respectifs. Il en est également des scientifiques de renom du XIXe siècle (Joseph Arthur de Gobineau)
[xiv] Jamelle Bouie, « Les idées des Lumières ont façonné les questions de race et de suprématie blanche », Slate, 25 juin 2018.
[xv] Une telle association entre caractéristiques physiques et caractéristiques morales ou mentales imprègne toute la vision philosophique d’Emmanuel Kant. Pour cet éminent philosophe allemand, les Africains sont non seulement noirs de la tête aux pieds mais aussi dans leur raisonnement. C’est-à-dire : ‘‘stupides’’.
[xvi] La République qui dérive du latin res publica (la chose publique), signifie, normalement, le progrès et la solidarité, la justice et l’équité, la démocratie et la liberté. Toutefois, la République de Ferry s’éloigne, en raison de son apologie de la colonisation, de la Liberté, de la Fraternité et de l’Égalité des Peuples. En cela, il est un pur produit du jacobinisme sommaire.
[xvii] Comme à l’époque des Conquistadores espagnols en Amérique latine et aux Caraïbes, le racisme sert à justifier au nom de la civilisation européenne ou de la morale occidentale tous les abus à l’encontre des peuples indigènes qui sont différents par leur phénotype, donc par les caractéristiques physiques.
[xviii] Les "mains coupées" du Congo, une horreur de la colonisation, Sarah Diffalah, Le Monde, 20 et 26 décembre 2018.
[xix] Adam Hochschild, King Leopold’s Ghost, 1998 (les fantômes du roi Léopold, un holocauste oublié, Paris Belfond, 1998).
[xx] Au regard des sciences purement humaines et sociales, le ‘‘racisme anti-blancs’’ est, par définition, un concept moins scientifique que politique. Celui-ci découle manifestement de la vision idéologique des partis d’extrême-droite. Cette expression met, certes, en avant les difficultés d’intégration des populations étrangères dans les pays d’accueil. Ce concept met en lumière les incompréhensions culturelles résultant des relations extrêmement tendues ou violentes entre sujets nationaux et communautés étrangères. Vis-à-vis des membres de la société majoritaire, ces collectivités en principe minoritaires sur le plan démographique adoptent consciemment ou inconsciemment des attitudes ou des comportements tout à fait contraires à la morale endogène et à la loi ambiante. Tous ces dérapages sont caractérisés ou présentés par les acteurs politiques issus de formations d’extrême-droite comme une volonté manifeste d’imposer une culture totalement étrangère dans le pays d’accueil. À ce propos, tous ces politiciens soulignent l’arrogance ou la condescendance des étrangers plus portés à faire respecter leurs coutumes par la violence physique au détriment de la sécurité publique ou du dialogue. Par ailleurs, ces mêmes forces politiques font remarquer, dans le but d’accréditer le concept ou de légitimer l’existence du ‘‘racisme anti-Blancs’’, la transformation sociale des banlieues ou zones urbaines périphériques où sont manifestement entassées les collectivités étrangères en zones de non-droit ou non-État. Dans ces zones toutefois devenues des îlots d’insécurité en raison de l’abandon manifeste des pouvoirs publics, ne peuvent pas intervenir physiquement les institutions policières et administratives du pays d’accueil. Ne peuvent pas non plus circuler très librement les citoyens de la société majoritaire. Cependant, force est d’admettre que ce concept n’obéit pratiquement point à la définition classique du racisme en tant que comportement social très largement inspiré par la religion, la science ou l’élite intellectuelle puis stratégiquement récupérée par le politique pour écraser les peuples d’outre-mer soit dans leurs pays d’origine soit dans le pays d’accueil. Cela est d’autant plus vrai que dans le phénomène du racisme, il y a effectivement volonté manifeste de réduire son prochain au stade de chose inanimée ou d’effacer dans sa vie et dans son regard tout degré d’humanité. Il y a pratiquement conscience de justifier les brimades imposées et administrées aux autres peuples catégorisés et racisés parce différents au nom de la couleur de la peau, au nom de la culture dominante.
[xxi] Les populations étrangères vivent très souvent dans la précarité socioéconomique. Dans ces communautés, le taux de chômage est très élevé. Le taux de scolarisation est très faible. En matière d’attribution des logements qui relève exclusivement des politiques établies par les sociétés d’accueil et non pas par la volonté manifeste de ces étrangers, les individus originaires de ces collectivités humaines sont entassés comme du bétail dans des banlieues malfamées et périphériques d’agglomérations, très souvent privées délibérément de toute commodité. Dans ces communautés de desperados, se développent très facilement, en raison de l’exclusion socioéconomique, le commerce de la drogue, la prostitution féminine ou infantile, une économie de bidonvilisation qui échappe certes à l’administration publique. On y assiste quotidiennement à de très fortes tensions entre la police et les habitants de ces quartiers qui sont évidemment victimes du profilage racial (le contrôle au faciès).
[xxii] Les médias servent, pratiquement, de porte-voix idéologique, de caisse de résonance pour la diffusion des idées racistes sous le couvert de l’immigration en tant que thématique politique. L’exemple le plus frappant est, bien entendu, le rôle joué par la chaîne de télévision française ‘‘CNEWS’’ dans la promotion subtile des thèses extrémistes et du Rassemblement national (RN) – un parti d’extrême-droite – de Marine Le Pen. On peut également souligner la mission journalistique de ‘‘FOX NEWS’’ aux USA. Ce canal de télévision prisé par le bas peuple a bel et bien servi d’instrument de propagande idéologique au discours des suprématistes blancs, d’ailleurs, courtisés par le controversé républicain Donald John Trump Sr.
[xxiii] Il s’agit, à vrai dire, de multiples discriminations sociales qui découlent systématiquement et automatiquement de l’interaction entre les membres des minorités visibles et les différentes institutions publiques. À titre d’exemple, le refus d’octroyer à une personne issue d’une minorité visible un avantage social ou le bénéfice d’un privilège public, le droit de voter, d’accéder à la fonction publique, à tout autre emploi ou aux logements sociaux est souvent lié à la disposition d’un casier judiciaire. Celui-ci résulte logiquement et forcément d’une condamnation prononcée par un juge assermenté ou un tribunal compétent. Cette décision de justice est consécutive à la commission d’une infraction criminelle le plus souvent bénigne et illégalement constatée lors d’une interpellation sujette à caution effectuée par une autorité de police toutefois animée de stéréotypes ou clichés raciaux. Dans le racisme systémique, on s’aperçoit que, pour éliminer des minorités de la fonction publique qui devient, par conséquent, une chasse-gardée des nationaux de souche, la justice de la société d’accueil tend facilement à condamner même pour des peccadilles tous ces individus afin de garnir leur casier judiciaire. Ce qui a pour effet de les empêcher de conquérir certains emplois ou de bénéficier de certains droits civils et politiques. Ce système est bien huilé aux États-Unis où les peines d’emprisonnement qui touchent directement les membres des minorités visibles sont prononcées à la pelle, sont trop élevées par rapport à la situation des individus appartenant à la société majoritaire dans l’intention de justifier la construction ininterrompue des centres d’enfermement pénitentiaire dont les contrats de construction, d’entretien et d’administration sont confiés à des entreprises clientes du gouvernement afin d’assurer la stabilité des emplois au sein de la communauté majoritaire et d’éviter tous azimuts la faillite économique des sociétés détenues par des individus issus de la majorité.
[xxiv] C’est-à-dire : ‘‘moins palpable’’ ou ‘‘moins visible’’.
[xxv] Le concept politique et idéologique de ‘‘racisme anti-Blancs’’ est aussi une réaction au concept social de ‘‘privilège blanc’’ développé par des activistes défenseurs de causes minoritaires pour expliquer la marginalisation délibérée des minorités ou personnes racisées dans les sociétés d’accueil. Pour balayer tout comme juxtaposer le racisme classique savamment pratiqué par les Blancs aux dépens des autres communautés étrangères, l’extrême-droite a tendance à mettre au même niveau les deux phénomènes sociologiques. Bien entendu, ceux-ci se différencient énormément pour l’un par la volonté de nier systématiquement à l’autre toute ‘‘dignité’’ et toute ‘‘humanité’’ pour des motifs idéologiques et pour l’autre par un simple sentiment de rejet. Ce mouvement de répulsion dont souffre manifestement la population majoritaire s’explique au niveau du subconscient par le refoulement des injustices coloniales. Aussi s’explique-t-elle par les difficultés reliées à la coexistence sociale, à la cohabitation pacifique entre communautés humaines et vivantes qu’à une vraie volonté intellectuellement alimentée par des théories suprématistes, mentalement nourrie par des thèses extrémistes ou racistes au profit de la domination hégémonique des collectivités humaines ou de la hiérarchisation des êtres humains.
[xxvi] Ce qui est décrit comme ‘‘racisme anti-Blancs’’, peut être définie comme une phobie qui est également une maladie. C’est un sentiment xénophobe à l’égard de la majorité blanche dans une société d’accueil occidentale. Il se traduit très généralement par des insultes manifestement dégoûtantes, extrêmement dégradantes. Ce comportement de la part des minorités n’est pas forcément dicté par un sentiment de supériorité raciale ou de suprématie culturelle. Dans bien des cas, il n’est pas forcément conditionné par un discours de type élitiste. Il n’est pas orienté par une vision politique, une démarche scientifique et une idéologie religieuse. Il est plutôt sustenté par des valeurs culturelles et morales. Il est plus souvent conditionné par le niveau mental, intellectuel, le caractère moral de l’individu.
[xxvii] La société occidentale moderne est façonnée par la haute couture qui met strictement l’emphase sur la libération ou l’exaltation du corps physique aussi bien masculin que féminin, sur la mise en valeur de la beauté plastique. Selon cette conception, le corps doit être montré, exhibé au même titre qu’un objet d’art qui suscite la curiosité, la fascination, l’émerveillement. Bref un plaisir immatériel. De ce point de vue, la haute couture contribue à alimenter le regard social d’un certain nombre de phantasmes, d’ailleurs, fortement liés au désir, au plaisir et au loisir qui sont souvent refoulés par des valeurs spirituelles ou religieuses.
[xxviii] Cette personne aura sûrement tendance à s’habiller de manière à se conformer à une tradition culturelle propre à sa collectivité ou une morale sociale qui l’identifie à une communauté vivante plutôt qu’à la déterminer par rapport à un individu d’une autre culture dans le but de le disqualifier systématiquement. À titre d’exemple, un Juif porte une kippa pour établir et affermir son lien privilégié avec l’Éternel (Adonaï). Il ne porte pas ce bout de tissu qui couvre son crâne dans le but de se définir par rapport à un goy (étranger) même si celui-ci le distingue physiquement de son vis-à-vis. Vissée sur la tête du Juif, la kippa établit en fait une relation de type vertical entre le Créateur et sa Création (Esprit de Dieu et Âme de l’individu). Elle est, pour lui, la manifestation de son amour indéfectible envers l’Éternel D.ieu et Créateur (Hashem) du fait d’avoir choisi le Juif en tant que dépositaire de la parole divine pour vulgariser les principes et valeurs contenus dans la Torah auprès des Nations. Cette relation est aussi de type horizontal dans la mesure où tous qui ceux portent la kippa lors d’un rassemblement, soit dans une synagogue, soit dans une réunion où l’on enseigne la Torah, forment ensemble un égrégore, une force. Certes, ceux-ci forment ensemble une collectivité humaine. Mais au-delà de cet aspect purement communautaire et visible, palpable, ils forment ensemble une énergie, une puissance spirituelle qui les rattache directement à l’Être divin.