L'Homo sapiens a, certes, le goût de l'aventure et du risque. Ce qui lui permet de conquérir des terres à sa portée. Y compris apprivoiser des univers lointains et inconnus. Son esprit de convoitise l'incite à confisquer les biens d'autrui et assujettir ses semblables. En cela, il constitue un danger permanent pour la Nature.
L’humanité est-elle vraiment loufoque ?
Les cancers ‘‘incurables’’ de l’Homo sapiens
‘‘Les progrès de l’Humanité se mesurent aux concessions que la folie des sages fait à la sagesse des fous.’’ Jean Jaurès
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
L’humanité ambiante est totalement dominée par une seule espèce humaine. Celle-ci est [qualifiée] d’Homo sapiens pour sa capacité à comprendre et à maîtriser son environnement qui lui est trop souvent hostile, par sa faculté à imaginer, à penser et à inventer des solutions lui permettant de vivre dans le confort, le mieux-être et la sécurité.
‘‘Homo sapiens’’ est, en fait, une expression émanant du latin, langue aujourd’hui morte, anciennement pratiquée par les Romains[i]. Pour décrire l’espèce humaine, celle-ci signifie ‘‘Homme sage’’. Ici Sagesse doit être comprise dans le sens étroit de ‘‘Conscience’’, d’‘‘intelligence illuminée par la Conscience’’. Toutefois, cette espèce humaine qui se gargarise d’être éminemment intelligente par rapport aux autres règnes de la Nature, – à savoir le ‘‘minéral’’, le ‘‘végétal’’ et l’‘‘animal’’ –, est-elle vraiment consciente au sens le plus élevé du terme ?
Il est un fait indéniable que la plus grande caractéristique de l’Homo sapiens est la ‘‘curiosité’’. Il s’agit, véritablement, d’un être qui aime découvrir des choses. Pour ce faire, il n’hésite pas à sortir de son espace vital pour découvrir et conquérir des mondes qui lui sont, par définition, lointains et inaccessibles. Pour ainsi dire, il est animé d’un esprit de découverte et, au-delà, de conquête.
L’Homo sapiens est également un être qui aime inventer des choses pour améliorer sa condition, par essence, vulnérable. Pour ce faire, celui-ci utilise les ressources de son esprit pour transformer la matière. C’est-à-dire : ‘‘la Nature qui l’environne et lui fournit les moyens de sa subsistance, qui est, sans contredit, constamment l’objet de son observation et de son exploitation outrancière’’.
Comme il aime vraiment se déplacer, et surtout aller plus loin dans son aventure, il convient de relever que l’Homo sapiens est naturellement obsédé par une réalité spatiale. En effet, l’espace l’intrigue en permanence. L’horizon fixé par aussi bien le lever que le coucher du soleil le fascine et l’attire comme un aimant. De ce fait, il doit en percer à tout prix tous les secrets et tous les mystères. Il doit en maîtriser définitivement tous les contours.
Cependant, dans sa marche pour la conquête du monde connu ou inconnu, l’Homo sapiens est habité par un sentiment de destruction inouï. En raison de sa voracité, de sa rapacit, il détruit tout sur son passage dès lors que l’insécurité l’anime ou l’habite. Comme la destruction fait partie de son ADN, il n’hésite pas à détruire son environnement pour les besoins d’exploitation, donc de transformation tous azimuts de la matière. Il n’hésite pas non plus à détruire violemment son prochain pour monopoliser les ressources vitales de son environnement. Ce qui révulse naturellement l’esprit, il peut le faire par simple plaisir et non pas par simple acte de vengeance[ii].
Pour arriver littéralement à cette fin, l’Homo sapiens invente, bien sûr, des armes[iii]. En réalité, celles-ci lui servent à mettre au pas tout son environnement mais aussi protéger efficacement les débouchés des matières premières exploitables. Vis-à-vis de ses voisins, l’usage des armes létales pour se défendre et protéger tous ses biens l’incite à délimiter l’étendue de son territoire que nul ne peut résolument franchir sans son accord et sous aucun prétexte, au risque bien entendu de déclencher des hostilités violentes.
Dès lors qu’il est manifestement en position de force par rapport à tous ses voisins, l’Homo sapiens n’hésite cependant point à franchir le Rubicon pour imposer sa loi injuste ou sa volonté criminelle[iv]. Celui-ci n’hésite point à les réduire totalement en cendres[v]. Aussi n’hésite-t-il point à ravir l’ensemble de leurs ressources vitales dans l’intention malveillante de renforcer son hégémonie destructrice[vi].
Toute cette violence mortelle ou destructrice exercée par l’Homo sapiens est dictée par trois principes fondamentaux. À savoir : le ‘‘Racisme’’, le ‘‘Matérialisme’’ et le ‘‘Militantisme’’. Ces trois ‘‘maux’’ qui animent, mentalement, psychiquement, l’espèce humaine, constituent, en réalité, des cancers inévitables, mais pas au point d’être forcément incurables. Ces pathologies suicidaires peuvent inéluctablement conduire à long, moyen et court terme à sa propre perte. Et pourquoi pas à sa totale disparition…
En effet, le ‘‘Matérialisme’’ est la manie humaine de s’identifier à des choses. C’est-à-dire : des biens matériels. Elle est, réellement, cette fâcheuse tendance à se définir strictement par rapport à la [détention] des richesses matérielles. Dans le monde moderne, le ‘‘Capitalisme’’ – théorie fondée sur la détention du capital – qui conditionne, en vérité, le destin de la planète tout entière, a rapidement poussé l’être humain à se définir par rapport au travail qu’il exerce, aux différents revenus qui découlent fort logiquement de ses multiples activités[vii].
Par conséquent, cette notion de possession de la matière a évidemment provoqué, en raison de la rareté ou de l’absence des ressources matérielles, ‘‘l’esprit de vol et de conquête des biens d’autrui par la manipulation[viii] ou la violence physique[ix]’’. Elle a fini par développer chez l’être humain épris de folie l’esprit de privation ou de captation des richesses matérielles. Ce sentiment d’accaparement des biens, de spoliation violente des ressources physiques, est bel et bien perceptible au niveau des collectivités humaines.
Afin de justifier cet esprit de conquête ou de domination, de légitimer cet esprit de vol, cet élan de spoliation des ressources matérielles, de captation certes indue des biens d’autrui, l’être humain invente de toutes pièces le ‘‘Racisme[x]’’. À vrai dire, celui-ci repose [fondamentalement] sur la condescendance morale, l’arrogance intellectuelle et la manipulation mentale. Il s’agit, en réalité, de toutes les théories malsaines qui font inévitablement appel aux bas instincts de l’humanité. Celles-ci trouvent leur justification ou leur légitimation dans la ‘‘Religion’’ ou la ‘‘Science’’.
Dans les faits, le Racisme consiste à diaboliser l’autre, à l’inférioriser, à l’humilier. Dans cette logique de dépréciation outrancière, il consiste à détruire son prochain dans le but de prendre possession de toutes ses richesses. Il consiste à l’empêcher de s’épanouir, de vivre décemment comme un être humain[xi]. Il consiste à lui nier catégoriquement sa ‘‘dignité’’, sa ‘‘liberté’’. Bref toute aptitude à la vie. En vérité, ce phénomène destructeur consiste à le dépouiller de toutes ses ressources dans le but d’accroître la domination criminelle de l’agresseur visiblement intouchable, de maintenir ad vitam aeternam son statut hégémonique[xii].
Par ailleurs, pour maintenir coûte que coûte le statu quo dans une collectivité où la violence physique sert visiblement d’effet de répulsion à tout changement, l’être humain se résout à promouvoir le ‘‘Militantisme’’. Ce phénomène peut se définir comme la doctrine ou les enseignements qui maintiennent l’humain complètement prisonnier de ses convictions loufoques ou esclave de ses lubies. Par nature, celles-ci conditionnent mentalement sur le terrain son comportement. Elles dictent ses actes, ses gestes. Bref ses attitudes pathologiques.
Comme il oriente véritablement sa vision, canalise son mental, ce ‘‘Militantisme’’ se manifeste pratiquement sous forme d’activisme. En fait, il s’exprime sous forme de posture sociale. Il se traduit sous forme de ‘‘faits’’ et ‘‘gestes’’ qui corroborent sur le terrain la cohérence des convictions nourries par l’humain, la totale adhésion aux principes lui enseignés[xiii] par des esprits loufoques.
Dans l’optique de réhabiliter l’Homo sapiens dans sa vocation naturelle à vivre sur cette planète terrestre, en totale communion avec ses pairs, en complète harmonie avec son environnement, il y a lieu de l’éduquer. Éduquer signifie ici l’informer des dangers de son comportement destructeur. Dans ce contexte salutaire, cela signifie changer radicalement sa perception criminelle de l’autre, sa conception suicidaire de l’environnement[xiv].
Éduquer signifie, en réalité, l’abandon du matérialisme le plus abject au profit de l’essentialisme ‘‘constructeur’’, ‘‘promoteur’’ de l’harmonie et de la concorde, de la fraternité et de la solidarité, de la justice et de la dignité humaine. Il signifie l’acceptation du prochain – gage majeur de sa survie sur cette planète – comme son propre ‘‘reflet’’, comme le ‘‘miroir parfait de sa liberté, donc de sa vie, de sa plénitude’’. Il signifie en tout et pour tout l’appropriation inconditionnelle de la notion d’Amour universel.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
www.joelasherlevycohen.centerblog.net
www.joelasherlevycohen.over-blog.com
www.joelasherlevycohen1.wordpress.com
[i] Antiquité.
[ii] Ce qui suppose forcément et logiquement à la base la réaction – [fût-elle disproportionnée] – à une action provocatrice.
[iii] Les armes servent non seulement à le défendre mais également à protéger ses ressources jugées vitales.
[iv] Le Nazisme hitlérien lors de la seconde guerre mondiale.
[v] Le génocide, l’esclavage, la traite négrière.
[vi] L’Apartheid sud-africain, le ségrégationnisme sur le continent des Amériques, en Australie et en Mélanésie, les guerres funestes de l’OTAN dans le monde arabo-musulman (Libye, Syrie, Afghanistan, etc.).
[vii] Dans le matérialisme, l’humain se détermine par rapport à l’avoir et non point par rapport à l’être. De ce fait, il se renie lui-même en tant qu’âme qui le rattache aux autres humains. Il ne dispose plus d’âme qui le rattache aux sources intarissables de l’Amour Miséricordieux et Universel. Ainsi devient-il un objet sans âme, sans esprit, sans conscience et sans miséricorde.
[viii] La ruse, la fourberie, la roublardise.
[ix] Les ‘‘stratégies de guerre’’ menées pour contrecarrer le terrorisme islamiste au Sahel procèdent, en réalité, d’une volonté manifestement délibérée de détourner subtilement, subrepticement, les ressources matérielles appartenant, d’ailleurs, aux peuples africains.
[x] Le sentiment de haine pour justifier l’injustice, tous les dérapages dus ou reliés à l’arbitraire, l’idéologie de la haine pour légitimer les abus criminels et épouvantables faits à l’autre.
[xi] Les pogroms des juifs en Europe obéissent à cette logique de spoliation.
[xii] Le Ku Klux Klan aux USA pour opprimer les Africains-américains, l’institution des polices administratives pour traquer les populations ‘‘arabes’’ et ‘‘noires’’ en Europe.
[xiii] Les attentats ou manifestations racistes. Les activités terroristes obéissent elles aussi à la même logique de destruction massive.
[xiv] Éduquer signifie respecter la Nature physique et la Nature humaine. C’est se départir définitivement de l’égoïsme, se débarrasser tous azimuts de l’esprit de convoitise. Celui-ci provoque inutilement, violemment, frictions et exactions, injustices et ressentiments dans les relations humaines.