Alternance politique et démocratique en République démocratique du Congo
Adieu le duo (AFDL – MPR) fossoyeur de l'État et de la Nation
Fin de règne pour le régime de belligérance et le système de Mafia
Par Joël Asher Lévy-Cohen
Le système politique actuel de la République démocratique du Congo est directement issu du processus ‘‘vicié’’ de négociations politiques intercongolaises à Sun City (2002) et à Pretoria (2003), en République Sud-Africaine (RSA). Il résulte d’une alliance stratégique entre forces destructrices de l’État et de la Nation. À savoir : les ‘‘Cryptomobutistes’’ et les ‘‘Paléo-révolutionnaires kabilistes’’. Alliance, d'ailleurs, motivée par la cogestion du bradage (pillage) des ressources matérielles de la Collectivité publique.
Encouragé dans ses tout premiers balbutiements par l’ancienne puissance coloniale et ses alliés occidentaux, ce régime politique s’appuie sur la notion du nécessaire partage du pouvoir entre les différentes factions armées sur le terrain local. Par conséquent, il offre pratiquement une place prépondérante aux ‘‘belligérants’’. Ces acteurs de premier plan ont, effectivement, cette triste réputation d’avoir, violemment, ensanglanté le pays depuis septembre 1996.
Cette date marque, en effet, l’amorce du démantèlement de la République démocratique du Congo en termes de ‘‘Nation’’ et d’Institutions politiques et administratives. Aussi marque-t-elle le musellement de sa démocratie, d’ailleurs, revendiquée par l’ensemble de la population lors de la véritable Conférence nationale souveraine (CNS) de 1992 en tant que rachat de l’indépendance nationale en vue du progrès et du développement. Aussi marque-t-elle l’achèvement du processus de bâillonnement de la souveraineté populaire en tant qu’illustration pratique de la liberté de l’État en proie à la liquéfaction.
Force est de constater que ce système, somme toute sanguinaire, a été coopté, lors de sa mise en orbite, par bien des intérêts mercantilistes à l’échelle internationale. Ironie de l’histoire, ces mêmes puissances capitalistes le récusent, d’ailleurs, aujourd’hui. Aussi a-t-il été guidé par des réflexes autocratiques dignes d’une tyrannie macabre et prédatrice. Ainsi, pour vraiment s’asseoir sur le plan local, il ne laissait, à vrai dire, que très peu de place aux familles de pensée politiques non-armées et non-violentes.
C’est, d’ailleurs, la raison majeure pour laquelle ce régime fort des soutiens extérieurs avait toujours ignoré – même pas poliment mais en réalité brutalement – la voie de la démocratie et de la liberté. S’estimant au-dessus de la loi et du peuple souverain, il avait carrément ignoré ‘‘l’Union pour la démocratie et le progrès social’’ (UDPS) en tant que porte-voix de la Nation voire conscience patriotique contre la dictature et la bestialité. Il convient d’admettre que cette formation politique archi-favorable à la démocratie et au respect scrupuleux des droits fondamentaux de la personne humaine a toujours prôné la paix en tant que condition sine qua non du développement économique de la Collectivité publique et du progrès social du Citoyen et, également, point de départ de toute démocratie systémique.
En dépit de son adoubement international, ce système de belligérance, s’appuyant sur des réseaux maffieux, a lamentablement échoué en République démocratique du Congo. Il avait, normalement, pour mission lui réellement confiée par ses soutiens de garantir à tous ses parrains et tuteurs internationaux un libre accès aux ressources tant minérales et naturelles que précieuses et stratégiques du pays. Il n’en a, visiblement, pas été ainsi. Nenni. Il a, plutôt, permis – [chose contradictoire voire même crime de lèse-majesté] – aux puissants intérêts censés s’opposer aux Occidentaux de prospérer et de proliférer très rapidement dans ce pays en tant que grenier des matières premières et réservoir stratégique de l’Occident chrétien.
Comme il n’a vraiment pas du tout rempli sa mission initiale de sentinelle de la caverne d’Ali Baba, les parrains et tuteurs internationaux de Joseph Kabila Kabange ont décidé rien que moins le démantèlement de son régime moribond. Il faut se dire, après maints avertissements. Toutefois, celui-ci est manifestement resté campé sur ses positions au fur et à mesure que des conciliabules sont tentés ou amorcés. Il est donc resté cabré, sourd et muet aux appels incessants des Occidentaux.
Par conséquent, quel sort attend-t-il réellement Joseph Kabila Kabange ? Certes, l’avenir le dira. D’ailleurs, dans pas très longtemps… Prendra-t-il directement la direction de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et, surtout, crime de génocide ? Finira-t-il cruellement comme Pierre Mulele pour avoir ouvert le bassin de la République démocratique du Congo à la République populaire de Chine ? Finira-t-il comme son père adoptif et non moins guérillero révolutionnaire Laurent-Désiré Kabila qu’il a, d'ailleurs, contribué à sortir violemment du jeu politique pour s’être retourné brutalement contre ses propres parrains et tuteurs internationaux ?
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
joelasherlevycohen.over-blog.com