Report des élections du 23 décembre 2018 en RDC
Un ‘‘coup de canif’’ de Joseph Kabila Kabange et un ‘‘coup de poignard’’ de Corneille Nangaa
Le jour où la CENI a enterré tout espoir de résurrection démocratique en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs africains
‘‘Celui qui dit un mensonge ne sent pas le travail qu'il entreprend, car il faut qu'il en invente mille autres pour soutenir le premier.’’ Alexandre Pope, Les maximes et réflexions morales (1739)
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
L’ouverture de la période électorale dans un pays bien déterminé est toujours précédée d’une déclaration solennelle des autorités gouvernementales.
Cette adresse a, normalement, pour effet de fixer le cadre politique dans lequel les joutes électorales décisives à l’avenir politique de la Collectivité publique doivent impérativement se dérouler, se tenir.
Aussi cette période importante pour la vie nationale est-elle précédée par un communiqué officiel des autorités administratives en charge des opérations électorales afin de rappeler à tous les candidats et à tous les électeurs leurs principales obligations, leurs principaux droits et devoirs.
Donc, ce message permet au pouvoir administratif et organisateur des scrutins de définir les orientations spécifiques à la campagne électorale en termes de comportement politique et civique en vue de préserver coûte que coûte la paix sociale et la sécurité des biens et des personnes.
Cette posture, pourtant observée partout où il y a effectivement organisation de scrutins, n’a véritablement pas été respectée de manière tout à fait scrupuleuse par le gouvernement de la République démocratique du Congo. Aussi n’a-t-elle pas été strictement respectée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pourquoi ?
Cette attitude pour le moins alambiquée des autorités gouvernementales de la RDC et aussi du pouvoir organisateur des scrutins pousse à penser que le report desdites élections était déjà à l’ordre du jour, et ce bien avant même la mise en branle des opérations électorales.
En effet, force est réellement d’admettre que cette campagne électorale à laquelle a assisté avec effervescence et passion l’ensemble du Peuple congolais, d’ailleurs plus que porté par le net engouement et le vif espoir d’alternance politique et démocratique, n’a véritablement jamais été officiellement lancée par qui que ce soit ou de quelle que manière que ce soit.
Toutefois, en date du jeudi 22 novembre 2018, bon nombre d’opérateurs politiques se sont immédiatement lancés à corps perdu dans cette fumisterie évidemment signée par la CENI dont le cordon de la bourse est, certes, relié aux humeurs exécrables et aux phantasmes loufoques de la présidence de la République.
Cet engouement populaire s’explique indéniablement par le fait que la très grande majorité des entreprises partisanes entraînées par l’UDPS en tant que Mère légitime de l’Opposition politique et démocratique voulaient véritablement tester la très bonne foi de la CENI et la très bonne volonté du gouvernement, entre-temps devenus grands spécialistes de report des scrutins électoraux.
Comme par enchantement, l’UDPS, en tant que parti avant-gardiste et visionnaire, ne s’est point du tout trompée sur les bonnes et réelles intentions et de la CENI et du gouvernement de la RDC.
Par conséquent, en l’état actuel de la réalité politique sur le terrain, il appartient au seul Peuple congolais de prendre toutes ses responsabilités. Il lui appartient, surtout, d’exercer ses droits constitutionnels les plus fondamentaux.
Force est de constater que la CENI et le gouvernement ont manifesté sur toute la ligne leur mauvaise foi de ne pas tenir les scrutins dans les délais prescrits par la loi. Ils ont, surtout, manifesté leurs mauvaises intentions de reporter à n’en plus finir les élections.
Ce énième report prouve à suffisance que le mensonge, la roublardise, la manipulation et la corruption constituent, en réalité, leur ‘‘modus operandi’’.
Partant de cette considération majeure, un dialogue est-il encore, et de nos jours, possible en RDC ? Tenant compte de la fourberie manifeste du pouvoir, une négociation politique est-elle vraiment à considérer voire même à encourager ?
Si la réponse est non, il appartient, désormais, au Peuple congolais d’actionner à compter du dimanche 23 décembre 2018, plus particulièrement et plus singulièrement, l’article 64 de la Constitution de Liège du 18 février 2006, dans le dessein de faire de la République démocratique du Congo un pays tout à fait normal. Donc, un État indépendant et souverain fonctionnant normalement avec des institutions politiques et gouvernementales à la fois sûres, crédibles et légitimes. Donc une Nation forte et respectueuse avec des organes légalement établis, censés représenter le Peuple et, donc, incarner sa volonté suprême.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant