Pourquoi la Haine ?
L’apologie de l’intolérance meurtrière et la certification de la violence sanguinaire
L’Humanité en péril…
‘‘La haine trouble la vie ; l'amour la rend harmonieuse. La haine obscurcit la vie ; l'amour la rend lumineuse.’’ Dr Martin Luther King, Apôtre de la paix (1964)
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
Plus de soixante-dix ans après la seconde guerre mondiale qui fut, indéniablement, une des pires tragédies pour notre espèce vivante, une catastrophe incommensurable, sans commune mesure, pour l’Humanité ambiante, la Planète Terre que nous habitons, revit, de nos jours, sous le régime odieux de l’intolérance. Après ce grand cataclysme, notre univers revit pratiquement sous le joug de la haine[i] destructrice, d’ailleurs, dopée par la montée fulgurante des ‘‘extrémismes’’ et des ‘‘radicalisés’’ de tous bords. En réalité, celle-ci se nourrit – très souvent – de la peur injustifiée de l’autre.
Cette haine dévastatrice pour l’être humain s’alimente en fait de l’insécurité imaginaire. Force est d’admettre que celle-ci est artificiellement fabriquée dans des laboratoires par les tenants de l’ordre politique et social en vue de contrôler mentalement des individus dépossédés de toute leur personnalité animique. Ces êtres déshumanisés évoluent dans une société visiblement en perdition. Ceux-ci vivent dans un univers manifestement en manque total de repère autant spirituel et moral que matériel et intellectuel.
S’ils vivent, évidemment, dans une société dont la référence morale et spirituelle est la religion, ces êtres déshumanisés ou dépersonnalisés ne pourraient être que manipulés. Si, d’aventure, ils évoluent dans un environnement étroitement contrôlé et organisé par des croyances et des traditions culturelles, ceux-ci ne pourraient être que possédés par un esprit ultra-puissant. Ce dernier aura, donc, réussi à nettement prendre le contrôle de leur mental. C’est-à-dire : il aura réussi à télécommander leurs façon de penser et manière d’agir.
En tant que tare qui relève, assurément, de la psychiatrie et, surtout, maladie qui touche profondément l’âme, l’esprit et la conscience de l’être humain, cette haine destructrice se nourrit pratiquement du rejet arbitraire de son prochain. Fondée essentiellement sur la négation complète de l’humanité – le déni d’humanité –, elle débouche de manière tout à fait naturelle sur la violence aveugle. Donc, une violence à tous égards gratuite. Celle-ci est déployée avec frénésie, avec délectation, sur l’autre. En tant que pratique sociale ou finalité idéologique, tout comme geste ou acte, comportement ou attitude, elle débouche directement, immédiatement, sur l’exclusion ‘‘forcée’’ de l’individu ou la discrimination virulente des Communautés vivantes ou groupes d’individus.
Force est pourtant de souligner que, dépendamment des espaces linguistiques, culturels et géographiques, le genre humain est façonné par différents courants philosophiques et moraux, autant que spirituels et religieux, dont la substantifique moelle est, à vrai dire, ‘‘l’Amour’’. Dans les relations humaines, cet idéal comportemental peut, en réalité, se décliner de plusieurs manières. À savoir : la Fraternité, la Solidarité, la Paix, la Concorde ou l’Harmonie, etc. D’où l’inéluctable question : ‘‘Pourquoi la Haine ?’’
En effet, pourquoi réellement tant de haine parmi le genre humain ? Pourquoi en vérité tant d’intolérance dans la vie quotidienne ? Pourquoi ce sentiment pourtant condamné, de surcroît déconseillé moralement et spirituellement, prend-il de plus en plus le dessus sur l’Amour ?
À cet effet, il sied de relever que l’Amour en tant que sentiment et posture est bel et bien censé servir de phare lumineux dans nos relations. Il est censé servir de guide en vue de garantir la paix et l’harmonie, la bonne entente voire même l’entraide dans la société. Toutefois, qu’est-ce qui explique en vérité la montée fulgurante de cette gangrène qu’est certes la Haine ? Qu’est-ce qui explique la montée en flèche de ce phénomène alarmant, lequel embrase le cœur des humains, consume l’esprit et carbonise la conscience de l’humanité ?
Ce qui est sûr et certain, l’Humanité ambiante, d’ailleurs visiblement envoûtée par la Haine ‘‘maladive’’, vit actuellement une véritable crise ‘‘morale’’ et ‘‘spirituelle’’. L’espèce humaine vit, à n’en point douter, une sérieuse crise de valeurs et de principes. Par leur pertinence, ceux-ci sont, pourtant, censés guider quotidiennement ses pas. Ils sont en réalité censés l’orienter dans sa quête [permanente] et [insatiable] d’équité et de dignité, de liberté et de justice, d’harmonie et de concorde, de paix et de sécurité, de bonheur et de confort.
Cette crise qui s’apparente indubitablement au ‘‘chaos’’, est surtout aggravée par le fait que l’Humanité ambiante n’est plus du tout encadrée par des Institutions somme toute respectables et dignes de ce nom. En fait, elle n’est plus du tout encadrée par des leaders dont la noble mission consiste à élever la Conscience morale et spirituelle de l’individu. Elle n’est plus du tout guidée par une race de meneurs dont le véritable rôle social et culturel consiste à garantir la santé mentale du groupe social.
À vrai dire, l’Humanité n’est plus du tout encadrée par des Institutions fiables dont le rôle majeur contribue au développement, à l'affermissement et l’affirmation de la personnalité de l’individu en tant qu’être humain. Elle n’est plus du tout encadrée par des Institutions crédibles qui se préoccupent réellement du façonnement de son identité en tant que membre d’un groupe social. Par conséquent, l’être humain dont la cellule familiale est certes éclatée, dont la culture est dévitalisée, et même écrabouillée, dont la trajectoire scolaire est sérieusement dévalorisée, dont le circuit professionnel est déshumanisé, est pratiquement abandonné à lui-même.
En effet, il n’existe pratiquement plus, aujourd’hui, de ‘‘Conscience universelle’’. C’est-à-dire : des ‘‘Voix fortes et puissantes’’. Des ‘‘Voix’’ capables de recadrer les êtres humains dans leurs errements et fourvoiements. Ces fameux directeurs de conscience sont plutôt complètement étouffés. À cet égard, ils sont naturellement remplacés par des voix sans aucune substance et sans aucune portée réelle dans la vie de l’humanité ambiante. Ceux-ci sont plutôt substitués par des lampes sans lumière et des phares sans éclairage. Ils sont carrément substitués par des flambeaux ou torches dont le feu sacré ne réverbère point, dont la flamme est éteinte à jamais, et ce depuis des lustres.
Ce qui est clair, la montée de la Haine et ses corollaires, l’Intolérance et la Violence, est attribuable à l’incapacité de l’être humain à percevoir la réalité dans sa globalité qui se profile ou se cache certes derrière le concept d’Humanité. En effet, l’esprit humain est très généralement accoutumé à voir et à interpréter la réalité qu’il perçoit ou l’environne de façon compartimentée ou fractionnée, de manière parcellaire ou morcelée. Celui-ci ne peut véritablement cerner les choses de manière globale.
Sa vision est, à ce point unique, fragmentée, éclatée. D’où sa propension à interpréter le phénomène humain en termes de division et de subdivision, de classes et de catégories, de particularité et de singularité. En même temps, cette façon de voir et de percevoir la réalité lui permet également de se définir en tant que particularité, en tant que morceau d’un tout par définition éclaté et non point unifié. Il lui permet, par voie de conséquence, de se particulariser, de se singulariser[ii]. C’est-à-dire : ‘‘se différencier d’un tout qui n’est pas uniforme de son point de vue, tout comme à ses goûts, s’exclure sans autre forme de procès d’un tout qui n’est véritablement pas homogène à l’œil nu’’. Ainsi l’humain tend-il par sa définition en tant qu’être à discriminer ou à exclure les autres.
Cet esprit de classification, de catégorisation et de spécification des individus eu égard à leurs univers géographiques, leurs caractères ou apparences physiques, leurs pratiques culturelles et coutumes traditionnelles, leur appartenance sociale, a de tout temps mené l’humain à ériger un immense ‘‘mur de protection’’ autour de son environnement social. Cette réaction est dictée par la volonté de sauvegarder les particularismes qui fondent sa personnalité et son identité. Et, dépendamment du type de relations tissées avec les autres groupes sociaux directement issus de cet esprit de division et de catégorisation, il s’ensuit fort logiquement la double notion opposée de fraternisation ou de diabolisation, la double notion contradictoire d’acceptation ou de rejet.
Cette ‘‘opération’’ de division ou de séparation qui fonctionne mentalement comme un code, conduit naturellement l’humain à attribuer des statuts qui déterminent la condition heureuse ou malheureuse de son vis-à-vis. Pis, elle le conduit à hiérarchiser ses pairs[iii]. En réalité, le principe de la hiérarchisation des statuts individuels et des rapports sociaux vise à conduire les humains à se combattre fréquemment, à s’opposer perpétuellement. De ces luttes virulentes découle tout à fait logiquement la mort ou l’anéantissement des individus. Partant de là, la disparition pure et simple des Communautés vivantes.
En d’autres termes, d’un point de vue psychologique, la haine est par essence le produit d’un esprit profondément malade. Elle est en réalité le produit d’un esprit moribond qui ne se sent point en sécurité, qui a constamment peur. Elle est, par conséquent, le produit d’un esprit humain qui n’a point du tout dominé sa part d’animalité[iv].
Étouffant sa part d’humanité dont l’objectif primordial consiste en principe à propulser l’humain au stade suprême de divinité, la haine retient, toujours, sa conscience dans les profondeurs ténébreuses. Elle maintient à tout prix l’âme humaine prisonnière dans les bas-fonds de l’animalité. Ayant une conscience animale, l’humain ne peut s’élever.
Ainsi, pour vaincre naturellement sa peur qui l’empêche de s’ascensionner, l’humain est obligé de nier à l’autre sa part précieuse d’humanité. Pourtant, pour sortir réellement de cette captivité maladive qui l’empêche malheureusement de libérer complètement son Ame, sa Conscience, son Esprit et son Intelligence, il lui suffit tout simplement d’ouvrir très largement son Cœur. À cet égard, il lui suffit tout simplement de laisser s’exprimer très librement et très sereinement l’Amour en tant que principe énergétique ou rayon de lumière.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
www.joelasherlevycohen.over-blog.com
[i] La haine est, par essence, un feu actif, dévorant, qui brûle avec intensité dans le cœur de l’homme. C’est un brasier qui consume la conscience et l’esprit de l’homme avec plusieurs flammèches. C’est, donc, un sentiment destructeur de l’humain. En effet, la haine détruit, d’une part, celui qui la développe dans son cœur, dans son for intérieur, en faisant systématiquement et automatiquement de lui un diable malfaiteur. Force est de souligner que cette puissance maléfique finit toujours par se mordre la queue et descendre précipitamment aux enfers avec ses cornes. Et, d’autre part, la haine détruit celui vers qui les flèches empoisonnées conçues par un cœur tout à fait corrompu, malveillant et malfaisant sont visiblement destinées. C’est, à vrai dire, et surtout, un processus mental dans lequel un être humain qui a réellement perdu tous sentiments de bonté et de justice, de miséricorde et de pitié, se complaît à minimiser son pair et à le réduire au stade de néantisé. En tant que construction à la fois intellectuelle et émotive, la haine consiste à ôter définitivement toute parcelle d’humanité à son vis-à-vis ou son prochain pour mieux l’effacer de l’histoire ou le faire disparaître dans l’ordre humain. En effet, cette absence de bonté et de justice, de miséricorde et de pitié, pousse un être humain à détruire son pair en utilisant tous les artifices possibles et toutes les ressources possibles, à sa disposition, dans le dessein de se donner, et ce à titre justificatif, une bonne conscience ou se procurer une bonne raison de vivre ou d’exister, et ce au-delà de toute espérance.
[ii] La logique de fragmentation, l’esprit ou le principe de division. ‘‘Diviser pour mieux régner’’, dit-on. En latin, Divide ut regnes.
[iii] La finalité de la fragmentation est l’opposition des individus entre eux ou la confrontation entre les communautés.
[iv] ‘‘Homo homini lupus’’, dixint Romani. Ce qui signifie : ‘‘L’homme est un loup pour l’homme, disent les Romains’’. Pour le Grec Aristote, l’homme est, par définition, ‘‘un animal qui vit en société’’.