La ‘‘kalachnikov’’ peut-elle faire taire la ‘‘plume’’ ?
À quand le procès des Journalistes ‘‘assassinés’’ sous la présidence de Joseph Kabila Kabange ?
L’impunité peut-elle servir de bâillon à la liberté de la presse ?
‘‘Notre liberté dépend de la liberté de la presse, et elle ne saurait être limitée sans être perdue’’ Thomas Jefferson, président des États-Unis (1743 – 1826)
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
La propre d’une tyrannie est de nier à tous ses sujets même une toute petite parcelle de liberté. En effet, la liberté donne assurément des ailes aux Humains élevés au statut démocratique de Citoyen. Elle permet de voler si haut et si loin pour vivre dans la dignité et la justice, l’équité et la sécurité, la paix et la prospérité.
Dans une tyrannie qui nie réellement tout droit et toute liberté aux Citoyennes et Citoyens, les journalistes sont, à vrai dire, des gardiens de la société. En effet, leur rôle primordial consiste à dénoncer ouvertement les dérives politiques dont les auteurs sont normalement les dirigeants en charge du destin collectif.
Aussi leur rôle fondamental consiste-t-il à s’affirmer comme des éclaireurs de la multitude, des moniteurs de la masse. En effet, le propre d’un journaliste est la pédagogie. Par sa fonction sociale, il apprend manifestement à l’ensemble de ses pairs que sont les Citoyennes et Citoyens les droits et les libertés qui les protègent logiquement et forcément du joug de la tyrannie.
En d’autres termes, cette mission de pédagogue fait systématiquement et automatiquement du journaliste – même sans casquette militante ou partisane – un véritable opposant au régime en place. Elle le transforme en farouche résistant au système établi mais aussi en éducateur patenté des tenants du pouvoir en place.
Ainsi en est-il de bon nombre de journalistes froidement assassinés, physiquement éliminés, sous la présidence absolue ou le régime arbitraire de Joseph Kabila Kabange.
Bien entendu le tout se déroulant dans des conditions somme toute obscures. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, celles-ci n’ont malheureusement jamais été élucidées par les autorités à la fois judiciaires et administratives.
D’où l’intérêt d’une réouverture d’enquête et, surtout, d’organisation ou de reprise de procès en vue de déterminer les véritables culpabilités.
Dans ce registre on ne peut plus macabre, l’on dénombre au moins une quinzaine de journalistes dont les cas les plus emblématiques sont, certes, Franck Kangundu, alias Franck Ngyke du journal La Référence Plus (2005), l’indépendant Louis Bapuwa Muamba (2006), Serge Maheshe (2007) et Didace Namujimbo (2008) de la Radio onusienne Okapi.
Toutefois, parmi les cas certes les moins médiatisés mais ayant réellement toutes les allures de meurtre d’État, il y a incontestablement celui du journaliste indépendant Augustin Mwamba Kandolo.
Ce chevalier de la plume à qui des langues bien intentionnées prêtaient gratuitement, sans hésiter, des sympathies avec le mouvement du tonitruant Paul Joseph Mukungubila Mutombo, est sauvagement éliminé en 2016 à la suite d’une opération téléguidée de barbouzes dont l’identité fait toujours mystère.
En effet, ce professionnel de la plume enquêtait depuis des lustres, [faut-il préciser], sur la vente illégale d’uranium et la corruption devenue l’enseigne lumineuse du régime absolu de Joseph Kabila Kabange.
Balancé pour des besoins alimentaires par des taupes qui avaient naturellement réussi à infiltrer les rangs parsemés des partis d’opposition politique, l'infortuné Augustin Mwamba Kandolo fut littéralement passé du stade de harcèlement psychologique aux agressions physiques des agents certifiés de l’ANR.
À cette époque, cette police politique dont les opérations musclées ressemblent réellement aux agissements de la tristement célèbre ''Securitate'' sous le conducator des Carpates Nicolae Ceausescu est, d’ailleurs, coiffée par le très redoutable Kalev Mutond.
Force est d’admettre que la sépulture de ces vaillants combattants de la plume ou soldats de la liberté constitue, de nos jours, la vignette de leur lutte acharnée contre un pouvoir arbitraire, contre un système répressif. Bref un régime éteignoir.
Par voie de conséquence, entretenir la mémoire de tous ces chevaliers de la plume ou éclaireurs de la population est, à n’en point douter, un devoir citoyen. Un devoir de mémoire !
À plus forte raison, instruire en bonne et due forme un procès judiciaire dans le dessein de déterminer les véritables responsabilités impliquées de loin ou de près dans leur assassinat aussi lâche qu’épouvantable est moralement et même matériellement un devoir d’État.
Cela est d’autant plus vrai que leurs familles et proches, sans doute, assoiffés de vérité et de justice attendent impatiemment cet épisode – quoi que dur et difficile, à la limite insupportable – en vue de faire définitivement leur deuil.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
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