La militarisation excessive des forces de police permet aux États démocratiques d'étouffer tous azimuts les libertés publiques au nom de la sécurité indispensable à la paix publique.
Dans les grandes démocraties, le titulaire du pouvoir politique et gouvernemental de l'État n'est plus au service de la population. Cette dernière dont l'avenir est suspendu au couperet du destin, se sent de plus en plus abandonnée par ses propres élus. C'est-à-dire : ses propres délégués ou représentants légitimes. En effet, le détenteur du pouvoir politique et gouvernemental de l'État est, c'est un secret de polichinelle, pratiquement au service exclusif de puissants intérêts économiques et financiers. Pour services rendus, ceux-ci lui garantissent une retraite oh ! Combien dorée et, surtout, une reconversion professionnelle à faire pâlir les jet-setteurs.
La France connaîtra-t-elle finalement une véritable révolution sociale et politique amorcée par les ''Gilets Jaunes'' ?
La fin de l’État de droit et de la démocratie
‘
‘La démocratie est un État où le Peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu'il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu'il ne peut pas faire lui-même.’’ Maximilien François Marie Isidore de Robespierre (6 mai 1758 Arras – 28 juillet 1794 Paris)
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
Sur le plan ‘‘juridique’’, un ‘‘État’’ se caractérise par l’existence et la conjonction de trois éléments sociologiques. À savoir : Primo, le ‘‘pouvoir’’ dont la finalité est d’édicter des règles de droit relatives à la stabilité de la société et au bon fonctionnement des institutions publiques et entreprises privées, ainsi qu’à l’interaction entre Citoyens, d’une part et d’autre part, entre Citoyens et institutions qui les administrent. Secundo, le ‘‘territoire’’ en tant qu’environnement géographique et, surtout, cadre d’existence politique et d’évolution d’un groupe social qui se définit, à la fois, comme ‘‘Peuple’’ et ‘‘Nation’’. Tertio, la présence factuelle des ‘‘éléments humains’’ qui reconnaissent en ce pouvoir politique les encadrant, la faculté de les protéger, de participer positivement à leur épanouissement en tant qu’êtres et sujets des droits fondamentaux et libertés publiques. À ce propos, un quatrième élément peut être ajouté. En l’occurrence, la reconnaissance internationale qui participe éminemment de la légitimation des États sur le terrain du droit interétatique.
D’un point de vue strictement ‘‘politologique’’, donc ‘‘sociologique’’, un État est, par essence, une entité publique dont la prétention légitime est d’apporter à l’ensemble de ses ressortissants la ‘‘paix’’ et la ‘‘sécurité’’, l’‘‘harmonie’’ et l’‘‘égalité’’, la ‘‘justice’’ et l’‘‘équité’’, de favoriser la ‘‘concorde civile’’ et la ‘‘solidarité’’ de tous les membres du groupe politique et social. Au regard de son fonctionnement ou de son émergence en tant que Collectivité publique, son objectif primordial consiste, réellement, à garantir l’intérêt général. C’est-à-dire : la défense des principes, des valeurs ou objectifs éminemment partagés par l’ensemble de la société, la protection du bien-être commun à tous les individus de la société.
Toutefois, cette conception de l’État garant de l’intérêt général n’est qu’un leurre. En fait, il s’agit d’un idéal bien alimenté par le discours et la propagande politique du pouvoir qui a, à vrai dire, en charge la gestion des affaires publiques et gouvernementales. En effet, de nos jours, les États du monde incarnent généralement les intérêts privés[i]. Ces puissances le plus souvent économiques et financières parrainent naturellement l’élection des dirigeants politiques et gouvernementaux dans le dessein de s’offrir des monopoles lucratifs, donc de s’adjuger des marchés juteux au sein de la communauté nationale. Ce qui en fait, littéralement, des porte-parole ou des bras armés du pouvoir économique et financier.
À cet effet, ces puissants intérêts économiques et financiers offrent, bien entendu, au détenteur du pouvoir politique de l’État des vitrines médiatiques. Au sein de l’espace national, ils fournissent, en réalité, au titulaire du pouvoir des tribunes de propagande journalistique pour la diffusion de ses messages politiques et communications administratives. Tout comme ils participent de façon substantielle au financement des activités politiques relativement aux dispositions législatives et réglementaires existantes.
Il sied de constater que l’érosion de l’État va littéralement de pair avec la corrosion de la démocratie. Cette usure de l’État s’accompagne effectivement de l’avarie de la démocratie en tant que régime politique garantissant aussi bien la primauté du droit que les libertés publiques. Ce double constat de désagrégation de l’État et de la démocratie s’observe sur le champ politique depuis l’irruption du pouvoir économique et financier en tant qu’acteur majeur de l’espace national et, surtout, en tant que ‘‘maître’’ incontestable, ‘‘tuteur’’ ou ‘‘parrain’’ incontesté du politique.
En effet, la démocratie est, par définition, le jeu politique qui permet de fournir aux institutions de l’État des opérateurs par le biais du scrutin électoral. Or, ces animateurs institutionnels sont préalablement choisis, – ce qui signifie certes en amont –, par le pouvoir économique et financier pour garantir ses intérêts légitimes dans l’espace national. Pour ce faire, les puissances économiques et financières financent leurs campagnes électorales pour devenir titulaire d’une position de pouvoir au sein de la société.
Par conséquent, le Peuple par définition souverain est déjà politiquement piégé dans la mesure où il se doit de choisir, – cette fois-ci en aval –, à titre d’animateurs institutionnels, des représentants ou délégués toutefois désignés en amont par le pouvoir économique et financier. En d’autres termes, le choix du Peuple, pourtant, souverain est donc littéralement biaisé. En effet, celui-ci perd toute sa substance, donc toute sa signification, dès lors que tous ces opérateurs institutionnels[ii] sont, plutôt, portés dans l’exercice de leurs fonctions, à servir loyalement les intérêts fondamentaux du pouvoir économique et financier. Le Peuple souverain est d’autant plus piégé que ses soi-disant représentants ou délégués abandonnent sur la route toutes leurs promesses de campagne électorale. Ils font fi de leurs programmes politiques pourtant présentés, défendus avec conviction devant leurs pairs.
Une fois politiquement investis, tous ces mandataires politiques ne travaillent pratiquement plus à l’amélioration des conditions de vie journalière et citoyenne. Ceux-ci prennent, en revanche, des tas de mesures qui tendent à gommer d’un trait de plume les privilèges sociaux[iii] très concrètement dévolus à la population. Aussi rétrécissent-ils les libertés publiques fondamentales lui pourtant reconnues par le texte constitutionnel au profit exclusif des intérêts du pouvoir économique et financier[iv].
Ce qui est clair, la fin abrupte de l’État et de la démocratie se manifeste pratiquement par la mise à mort lente mais progressive des contrepoids institutionnels ou contre-pouvoirs organiques. En effet, dans le cadre purement démocratique, les médias privés évidemment contrôlés par le pouvoir économique et financier sont, visiblement, devenus des robinets qui déversent sans discernement des communiqués de l’État et du pouvoir politique. Au niveau législatif, le parlement national, au lieu d’être réellement une tribune d’expression de la volonté populaire, cette institution au cœur de la démocratie politique est, plutôt, devenue une vraie chambre d’enregistrement de la volonté du pouvoir exécutif, pourtant, visiblement placé sous tutelle du pouvoir économique et financier.
La fin abrupte de l’État et de la démocratie s’observe, également, par la militarisation outrancière des forces policières et du maintien de l’ordre[v]. En fait, ce phénomène excessif vise, bien entendu, à écrabouiller tous droits fondamentaux et toutes libertés publiques reconnus au Peuple souverain par les textes primordiaux de la Collectivité publique. À savoir : les libertés de ‘‘manifestation’’, de ‘‘réunion’’, d’‘‘opinion’’ ou d’‘‘expression’’. Cette militarisation excessive s’opère, certes, dans le but de faire littéralement peur aux Citoyennes et Citoyens plus portés à résister pacifiquement[vi], à réclamer leurs droits légitimes. Celle-ci s’opère, en réalité, dans le but de broyer impitoyablement leur Conscience citoyenne, de fouler aux pieds leur dignité humaine[vii].
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
www.joelasherlevycohen.centerblog.net
www.joelasherlevycohen.over-blog.com
www.joelasherlevycohen.wordpress1.com
[i] Aux yeux de l’opinion publique, le président Emmanuel Macron issu du monde de la finance, symbolise un pouvoir politique pratiquement devenu le porte-parole des forces occultes qui contrôlent définitivement la finance, l’économie et les filières industrielles.
[ii] En l’occurrence ‘‘gouvernants’’, ‘‘députés’’ et ‘‘sénateurs’’.
[iii] La privatisation des services publics et administratifs, entre autres hospitaliers, réduit drastiquement l’accès universel aux soins de santé. La révision des cotisations en matière de régimes de pension, d’invalidité, d’assurance-maladie et d’assurance-chômage ne tient pas compte de revendications syndicales, donc de la protection des personnes salariées d’entreprises publiques ou privées.
[iv] Décidée par des gouvernements et États, l’obligation vaccinale, y compris l’imposition du passe(port) sanitaire, relative à la propagation rapide du Coronavirus – 19 et de ses différents variants sert, à en croire des spécialistes médicaux, moins à la protection de la santé publique qu’à la satisfaction pécuniaire de l’industrie pharmaceutique.
[v] La police cesse d’être une force de maintien de l’ordre public. Elle devient, par conséquent, une force d’oppression des droits légitimes et libertés fondamentales revendiqués par des couches de population visiblement en porte-à-faux avec l’autorité politique, gouvernementale et administrative.
[vi] Le cas exemplaire de ‘‘Gilets Jaunes’’ en France sous la mandature d’Emmanuel Macron est, à ce propos, vraiment éloquent.
[vii] La répression sauvage des marches de protestation pilotées par le mouvement Black Lives Matters aux États-Unis sous l’administration du Républicain Donald John Trump Sr constituait, en vérité, une atteinte grave à la démocratie en tant que liberté d’expression et d’opinion, de manifestation et de réunion.